POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 15 décembre 2018

UNDER THE SILVER LAKE



Article de Gaëtan Wildwood
Après la claque cinématographique que fut "It Follows" en 2014, qui en se frayant un chemin à travers un bon nombre de productions horrifiques sans âme et vides, arriva à redonner au genre un niveau d’élégance et de virtuosité que l’on avait rarement vu depuis les années 70-80, le jeune réalisateur/scénariste David Robert Mitchell est revenu enfin avec un film tout aussi étrange présenté dans la sélection officielle du festival de Cannes tout en divisant par la même occasion le public.

Under The Silver Lake est un film noir et tortueux, sorte de Palma-Esque, qui nous offre une plongée dans un Los Angeles labyrinthique, au cœur d'une sale enquête nébuleuse orchestrée par un privé amateur/glandeur.
Jeu de pistes savoureusement étrange et d'une tristesse et d'une mélancolie dévastatrices (comme... It Follows), le film, qui mélange les genres avec une rigueur rare, croque les errances paranoïaques et absurdes d'un homme pathétique et impuissant joué par un Andrew Garfield qui livre encore une fois une performance admirable, très proche de ses débuts dans Boy A.

L'acteur campe ici un anti-héros nonchalant, somnolant, attardé et gauche, biberonné à la pop-culture, qui va peu à peu se plonger dans une enquête haute en couleurs, truffée d'indices obscurs et de patterns perdus dans des boites de céréales ou des vinyles (l'utilisation de How to Marry a Millionnaire relève du génie). Son allure de grand dadais un peu perdu n'aura jamais été aussi bien mise à contribution. David Robert Mitchell continue après ses courts-Métrages et son It Follows sa dépiction de l'adolescence comme une malédiction, où sexe, violence, désillusion et paranoïa se mêlent dans une vision nihiliste. Cette quête identitaire d'un personnage qui ne sait plus à quel moment ça a foiré est parfaitement mêlée à une description de la civilisation qui l'entoure, où tout le monde est perdu dans une utopie lointaine. Entre ses sectes new age, ses prostituées carnavalesques, ses hipsters superficiels, ses voisines habillées comme dans un porno ou ses individus de la haute société érigés en pantins dans des fêtes décalées, Los Angeles ressemble à un gigantesque théâtre humain libidineux au-delà d'un ville de cinéma pure. Un fabuleux décor incitant à un voyage initiatique halluciné, où le réalisateur cite Lynch, Hitchcock, De Palma ou Altman, ainsi que bon nombre de références au jeu vidéo, aux comics, la publicité ou à la musique, autant de pièces dans cet échiquier géant labyrinthique en proie aux souvenirs subliminaux et messages cachés. La manière de filmer les rues ou ses habitants renvoient à Mulholland Drive, le côté thriller à Vertigo, Fenêtre sur Cour ou Blow Out, la déambulation et le ton peuvent faire penser à The Long Goodbye ou Southland Tales, mais on est véritablement dans un film de David Robert Mitchell, qui digère un nombre incalculable d’œuvres pour fournir un film unique, sorte de polar LA noir cathartique et terminal, somme de tout un pan du cinéma.

 La mise en scène demeure un pur délice, entre mouvements fluides, travelings déstabilisants ou plans longs aériens et plein de grâce, chaque image transpire le cinéma, magnifié par la photographie sublime de Michael Gioulakis (It Follows, Split, Glass, Us). Disasterpiece, déjà auteur de l'OST de son précédent film, revient dans une composition digne de l'âge d'or 50's-60's, le tout parvenant à apporter une atmosphère étrange, excitante, effrayante et énigmatique. Rupture de tons, richesse thématique, narration ambigüe, accumulation de pistes, scènes enivrantes et délires métaphysiques...on pourra pinailler sur la destination, moins marquante et intéressante que le voyage en lui-même, mais ce serait oublier la cohérence absolue du propos et de l'expérience unique que représente cette plongée sous le Lac d'Argent, et la preuve que David Robert Mitchell est un cinéaste à suivre de très près.

Bref pour conclure, Under the Silver Lake restera un film singulier, totalement barré à la beauté spectrale fracassante et organique, 2h20 de proposition de cinéma audacieuse...Une pépite à voir comme une œuvre complexe mais lisible et sensiblement hermétique, qui demande que l'on s'y perde aveuglément pour en capter toute sa rareté et sa singularité. Du trés bon cinéma souvent biberonné aujourd'hui aux mauvaises comédies françaises et autres blockbusters américains sans saveur comme les films de super-héros. 


 

jeudi 6 décembre 2018

BOHEMIAN RHAPSODY

Article de Wilfrid RENAUD

Freddie Mercury & Rami Malek
Dire que Bryan Singer tient peut-être là le meilleur film de sa carrière serait réducteur et ce serait vite oublier "Usual suspect" et les quatre volet de la saga "X-men", qui l'ont confortablement installé au box-office. C'est d'ailleurs d'autant plus rageant de voir que son nom n'est même pas crédité au générique suite à sa brouille plus que douteuse avec la 20th Century Fox....Bref, passons sur l'ingratitude des producteurs, "Bohemian Rhapsody" est devnu en un mois un véritable succès au box-office et curieusement flotte encore dans mon esprit plusieurs jours après sa vision.
Le vrai challenge de Bohemian Rhapsody étant d'interpréter la diva du groupe Queen, il est hallucinant de voir Freddie Mercury, carrément réincarné dans l'acteur Rami Malek. Celui-ci apporte à la fois toute la flamboyance nécessaire et toutes les fêlures de la rock-star avec une subtilité rare et parfaitement retransmise à travers la caméra de Singer. Un Oscar ? Un Queen d'or oui. Et version XXXL, s'il vous plaît.

Acteur surtout connu pour la série, Mr Robot, il marque le film de son empreinte et place la barre des très haut dans la performance d'une interprétation d'un personnage connu. Le play-back est nickel et fort heureusement, le film a conservé la véritable voix du chanteur lors des scènes de concert, au contraire de "Nina" où l'actrice Zoé Saldana reprenait elle-même les tubes de Nina Simone. Quand des interprètes marquent des tubes de façon aussi foret, il est quasi-impossible de les imiter et encore moins de les surpasser.


Le film retrace donc la carrière du groupe des années 70 jusqu'au concert au stade de Wembley pour le Live Aid en 1985.
Si l'homosexualité de Freddie Mercury n'était plus un secret pour personne, ses excentriques et provocatrices tenues de scène parlaient d'elles-mêmes, ce qu'on sait moins en revanche, c'est qu'il s'était fiancé avec une femme, Mary Austin, qui restera le grand amour de sa vie, longtemps après que leur relation soit devenue platonique, dés lors qu'il assuma sa sexualité. Dans ce rôle inattendu, Lucy Boynton tire remarquablement son épingle du jeu dans un casting essentiellement masculin.
 
Bryan Singer a su éviter l'écueil des bars et boites de nuit gay SM sordides, le peu que l'on voit est largement suffisant lors des errances nocturnes du chanteur, pour se consacrer plus aux sentiments, ici les hommes s'embrassent, s'aiment et se séparent comme n'importe quels couples hétérosexuels.

Freddie Mercury, évidemment, est plus mis en lumière que les autres membres du groupe, qui deviennent des seconds rôles sans devenir des faire-valoir, même si on aurait aimé en savoir plus sur leur vie privée où chacun a fondé une famille et eut des enfants. On voit en revanche dans une belle séquence, la fabrication dans un de leur album phare de leur carrière, "A night of opéra" où chacun essaye d'apporter sa chanson. "Bohémian Rhapsody" naitra de cette session, empreinte d'humour à travers les essais expérimentaux et les innombrables répétitions.  
 
Les trois autres musiciens sont complémentaires du leader du groupe, on les voit lui tenir tête quand il pousse le bouchon de la provocation un peu loin et quand il se trompe sur ses décisions mais il est incontestable que le groupe Queen n'aurait pas été aussi loin sans sa créativité, souvent mal perçue par les producteurs, et qu'il n'aurait même jamais vu le jour.

Le film dépeint un artiste, à la fois entouré de parasites et empli d'une solitude désarmante, quand il n'est plus en tournée ou en train de composer avec ses comparses, où le spleen, la drogue et le sida auront au final sa peau à l'âge de 45 ans. 
 
Quasiment tous les tubes du groupe sont présents de la chanson titre à  "We we will rock you", rêvé par Brian May, le guitariste, et concrétisé par le groupe, où le tempo lors du concert donne au spectateur la furieuse envie de se joindre à l'unisson.
Après un détour par une tentative de carrière solo en Suisse et une réconciliation sous forme d'excuses solennelles  avec ses comparses, la séropositivité de Freddie Mercury est abordée par quelques scènes pleines de pudeur mais qui mettent la larme à l’œil, comme celle où il annonce sa maladie au groupe.

Alors que le chanteur avait des baisses de cordes vocables qui mettait leur future performance en danger, le film se termine par le concert à Wembley lors du Live-Aid, organisé par Bob Geldof, séquence d'environ 20 minutes d'une énergie inouïe, d'une communion avec le public imparable, et qui est le contre-pied de cette solitude assassine. 




Au final , le groupe Queen aura été sa vraie famille.
Et ses enfants...Tous ses milliers de fans.










samedi 27 octobre 2018

LA FEMME AU TABLEAU


Article de Wilfrid RENAUD.
Le film datant de 2015 est disponible en DVD. Découvert sur mon réseau de médiathèque, le sujet et l'interprétation font qu'il a sa place sur ce blog malgré son visionnage tardif.
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Maria Altmann est née juive et autrichienne avant de fuir son pays lors des persécutions nazi durant la seconde guerre. Septuagénaire, propriétaire d'une petite boutique de chapeaux à Los Angeles, elle contacte le fils d'une amie de sa famille, Randy Schoenberg, jeune avocat inexpérimenté pour l'aider dans une affaire qui ressemble à un soulèvement de montagnes : récupérer le célèbre tableau de Gustave Klimt, représentant sa défunte tante Adèle, détenu au musée du Palais du Belvédère à Vienne.

Tiré d'une histoire vraie et réalisé par Simon Curtis, à qui l'on doit "Une semaine avec Marilyn", on a reproché au film une mise en scène académique.
Ce ne sera pas mon cas.
C'est ce que l'on peut constater certes, mais ce serait reprocher lors d'un repas que la serviette est mal pliée ou que la cuillère n'est pas placée du bon coté de la fourchette...
Tellement de films aux sujets importants sont si peu maitrisés (Dernier en date vu : Les Oubliées de Juarez) qu'il serait malvenu de faire la fine bouche face à la pertinence du propos et l'interprétation, plutôt brillante. Libre aux autres de préférer une construction bancale...

Commençons par là. Si les qualités d'actrice d'Helen Mirren ne sont plus à prouver depuis des années, il est surprenant de voir ici Ryan Reynolds dans un contre-emploi. Son personnage est retranscrit ici à la fois de manière candide et fragile, montrant un avocat peu sûr de lui, portant l'héritage d'un célèbre père juge d'instruction et d'un grand-père musicien non moins reconnu : Arnold Schoenberg.
L'alchimie entre les deux fonctionne parfaitement, et en font un duo improbable, avec certains dialogues savoureux et empreints d'ironie, qui va se heurter à l'administration autrichienne, peu désireuse de rendre ce qu'elle considère comme "La Joconde Autrichienne".
Le film évoque une double Autriche, celle qui essaye de s'amender des erreurs du passés, via le personnage de Daniel Brülh, journaliste qui les aidera dans leur périple judiciaire, et celle qui refuse de présenter ouvertement des excuses aux victimes du nazisme via le biais des responsables du Belvédère.
 Car si les deux acteurs sont américains, les personnages qu'ils interprètent portent en eux des racines autrichiennes. Randy Schoenberg à travers ses grands-parents : il se découvrira face au mémorial autrichien, une tenacité et un désir de revanche dont il ne soupçonnait pas l'existence. Et surtout Maria Altmann, qui à travers son exil avec son mari 50 ans auparavant , gardera le sentiment d'avoir abandonné ses parents à la folie humaine.
Les scènes de flash-back sont assez réussies, alliant des séquences d'élégances viennoises à un petit suspens qui accélère le rythme du film lors de la fuite des jeunes expatriés.

On apprendra d'ailleurs qu'une magnifique parure, issue de l'héritage familial se retrouvera plus tard au coup d'une certaine Emmy Goering, femme du célèbre Hermann, bras droit d'Hitler et qu'un autre tableau ornera carrément le salon du Furher.






Le dénouement final, à travers la plaidoirie de Schoenberg et le rendu du procès, emporte l'adhésion de ce joli film qui retrace à la fois une page d'histoire et une revanche sur le passé.

mardi 23 octobre 2018

FIRST MAN


Article de Frédéric Serbource
Au commencement, il y a cette berceuse parlant de la Lune d'un père chanté à sa fille gravement malade, un moment d'innocence pris sur le vif et point crucial du parcours d'une figure amenée à rentrer dans la mémoire collective de l'Humanité en accomplissant l'incroyable : être le premier à fouler le sol lunaire.
Après l'enterrement de la fillette, Neil Armstrong s'enfermera dans une pièce pour éclater en sanglots, seul le spectateur sera le témoin privilégié de ce moment caché à la vue de tous comme pour mieux comprendre l'importance de cette fêlure sur les événements à venir et, évidemment, que derrière un héros rentré dans les livres d'Histoire mais dont on connaît finalement peu de choses, il y a avant tout l'histoire d'un homme brisé par une douleur insurmontable.
Le futur astronaute ne reviendra d'ailleurs jamais directement sur ce décès à part lors d'un entretien avec les pontes de la NASA ou d'un rare moment de laisser-aller sur lui-même avec un collègue (il se ressaisira aussitôt en s'échappant) mais il sera bel et bien là, perpétuellement accroché à son ombre pour devenir tout autant un moteur le propulsant aveuglément vers sa destinée qu'un mal rongeant sa capacité à pouvoir ressentir à nouveau.

 
L'approche clinique, tenant presque du documentaire, de "First Man" sera bien entendu la parfaite traduction de l'état d'esprit d'un Neil Armstrong se parant de la froideur de son environnement professionnel dans l'espoir de quitter un jour une Terre où, pour lui, ne réside plus que sa douleur. La lumière des avancées vers l'exploit en devenir éclairera parfois le film et le regard d'Armstrong en direction des étoiles mais l'enchaînement des tests autour des missions Gemini ne fera finalement que nourrir encore un peu plus la silhouette de la Mort toujours bien trop présente dans son sillage et son obsession grandissante à encore aller plus loin (et plus haut en l'occurrence) au détriment du temps passé avec sa famille considérée à ses yeux comme une probable réminiscence permanente du souvenir de sa fille.

Que cela soit aux conférences de presse où il apparaîtra renfermé face aux questions légères de journalistes (les images d'archives sont là pour témoigner de cette vérité), à une réception à la Maison Blanche où le dialogue avec un sénateur ne réagissant que par des données économiques sera impossible et, encore plus que tout, dans sa propre maison où il ne sera désormais plus qu'un fantôme de passage en attente de son départ au grand dam de son épouse et de ses deux fils, l'homme semblera ne jamais se sentir à sa place en dehors des exercices à la NASA et de rares moments partagés avec ses collègues/semblables.


 
 
Quelques jours avant le voyage lunaire et devant sa démission familiale de plus en plus évidente, sa femme le mettra dans l'obligation de parler à ses fils, de leur dire simplement "au revoir" et peut-être "adieu" face aux risques encourus. Cette séquence déterminante du film pour comprendre la perte de repères d'Armstrong verra ce qui aurait dû être un moment poignant entre un père et ses fils lors d'un dîner en famille se transformer en simili-conférence de presse où Armstrong prendra la posture robotique qu'il y aborde habituellement pour répondre froidement aux questions de ses fils, incapable d'extérioriser la moindre empathie à leur égard. À ce moment, le fossé est désormais trop grand entre lui et les siens et seul l'épopée qu'il s'apprête à vivre paraît être un moyen de le combler.
Outrepassant toute la symbolique héroïque (pas de passage sur le drapeau américain planté par exemple), le dernier acte retraçant ce vol vers l'inconnu qui deviendra un grand pas pour l'humanité sera avant tout un grand pas pour l'homme, Neil Armstrong, vers l'acceptation de son deuil et la dernière scène de "First Man", muette, sublime et chargée d'une émotion quasiment palpable, celui vers des horizons meilleurs pour lui et ses
proches.


Choix ô combien pertinent par excellence, Ryan Gosling aura interprété avec maestria ce Neil Armstrong de l'ombre arborant un visage impassible derrière lequel l'intensité de sa douleur peine parfois à se dissimuler et où chaque manifestation de ses sentiments paraît tenir du miracle. Face à lui, Claire Foy en épouse cherchant à briser sa carapace infranchissable et la pléiade de secondes rôles (mention spéciale à Corey Stoll en Buzz Aldrin exécrable) n'auront pas démérité et, surtout, se seront tous fondus à la perfection dans l'approche de Damien Chazelle cherchant à privilégier majoritairement l'anti-spectaculaire dans le but de se placer à l'échelle humaine de ceux qui ont accompli, vécu et partagé un tournant de notre Histoire.
D'ailleurs, "First Man" pourrait presque être le titre d'un film de super-héros, c'est l'exploit héroïque et la petite phrase de Neil Armstrong qui nous restent en mémoire après tout, mais, ironiquement, le long-métrage de Damien Chazelle a préféré, lui, nous raconter l'identité secrète derrière ce "super-héros", celle de cet homme qui a fui vers les étoiles pour guérir de la blessure qu'il avait connu sur la Terre. 

Et cette histoire était toute aussi belle que la grande...

 

mardi 2 octobre 2018

PETIT PAYSAN

Article de Wilfrid RENAUD
 A mes yeux le cinéma français se porte mal. Entre des franchises nauséabondes (Taxi), des comédies populaires exagérément surestimées ( au hasard celles de Danny Boon, rien de personnel je l'aime bien mais je le préférais pendant ses one-man shows)  des "Bessonneries" selon saint Luc qui, s'il a un bon sens du rythme et de l'image, aurait dû depuis longtemps faire signer ses scénarios par quelqu'un de plus mature, des polars qui finissent à la longue par se ressembler et des drames à caractère social pesants, la French Touch ne me fait pas ou peu rêver.
En discutant avec des amis cinéphiles, il est rassurant de voir que c'est le cas de la plupart d'entre eux, évitant de penser du coup que je suis un -presque- quinquagénaire prétentieux.
De temps à autre, l'intérêt national se réveille à travers les films de Jacques Audiard, Jean-François Richet et Jean-Pierre Jeunet. (J'attends pour les deux premiers de voir respectivement "Les frères Sisters" et "L'empereur de Paris", nouvelle version de Vidocq).


Et puis plus rarement, il y a des films qui débarquent sans crier gare. Ou presque. La bande -annonce m'avait interpellé l'an dernier et j'ai découvert ce "Petit Paysan" sur les chaînes satellites.
Le cadre se passe durant les premières années de cas déclarés de la maladie de Creutzfeld-Jacob plus populairement appelée "la crise de la vache folle" au début des années 90. Pierre Chavanges (Swann Arlaud), jeune agriculteur ne vit que pour son exploitation comme le montre de manière surréaliste la première scène où il rêve de sa maison envahie par ses douces herbivores.
Quand une de ses vaches meurent après un accouchement difficile, il panique. Maladie ? Peut-être. Mais ne voulant pas voir tout son troupeau exterminé, il va brûler en pleine nuit la carcasse de la bête...
A partir de là, Pierre va s'enfoncer dans les problèmes. Il doit justifier auprès des autorités sanitaires l'absence d'une tête dans le troupeau. Un mensonge en amenant un autre, l'imbroglio "sanitairo-juridique" le mène sur le terrain dangereux de l'inégalité où seule sa sœur, vétérinaire de profession, deviendra sa protectrice malgré elle. (Sara Giraudeau, fille de Bernard que je découvre avec plaisir ici), risquant sa carrière par amour fraternel.


Hubert Charuel, le réalisateur, fils d'éleveurs, dépeint bien ce monde difficile aux bases fragiles.
Les exploitants peuvent tout perdre en une journée.
Avec des promesses d’indemnités qui ne viennent jamais, marquant au fer rouge leur santé mentale où démunis et seuls face à cette crise, ils sombrent dans la paranoïa, par peur de ne rien pouvoir faire d'autre, si leur troupeau devait être contaminé.

Le ton est juste, la cause de ce film social aussi.
Social mais pas pensant.
Sur son fond, il ressemble presque un film à suspens, où l'on se demande comment Pierre, sous le jeu intense de Swann Arlaud, va se sortir de ce piège dans lequel il s'est enfermé lui-même.
Sur la forme, il ne ressemble pas à un documentaire mais à un vrai film de cinéma, sans esbroufe mais avec une photographie joliment appropriée, voire rafraichissante face à d'autres "oeuvres d'auteurs" diablement prétentieuses.
Ce "petit paysan" a tout d'un grand film sous ses airs de "premiers pas d'un réalisateur à suivre".
Pour ma part, je le suis, avec ou sans ces vaches....


lundi 24 septembre 2018

NOUVELLE CUISINE


Le film date de 2006 mais de part son originalité, il méritait d'apparaitre sur ce blog.
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Article de Wilfrid RENAUD

Pas très fan du cinéma asiatique en général que je trouve soit exagérément encensé sous prétexte que ça sent le jasmin, soit d'une complaisante violence quand ce n'est pas parfois les deux en même temps. Ça, c'est fait...




 Cette "Nouvelle Cuisine" réalisé par Fruit CHAN est pourtant d'un art culinaire particulier à ne pas mettre entre toutes les bouches.
Ching Lee, une ancienne star approchant la quarantaine, est décidée à retrouver sa beauté d'antan pour reconquérir son infidèle mari. Elle s'adresse alors à Tante Mei, une cuisinière charismatique qui a pour spécialité les jiaozi, raviolis à la vapeur typiques de la cuisine chinoise. Vendus à prix d'or, les jiaozi de Mei, à l'étrange éclat rosâtre, sont réputés pour leurs vertus rajeunissantes.
La course au jeunisme est traitée d'une façon totalement démesurée à travers ce mélange de genres. A la fois drame social et huis-clos horrifique lorsque la nature des raviolis sera révélée. Le tout est saupoudré d'ironie mordante et dénonce les travers d'une société malade qui refuse de vieillir à n'importe quel prix.
Allez, je lâche le morceau ....

En une scène qui se veut d'une apparence anodine, on en vient à se poser des questions sur les affaires de fœtus retrouvés dans des frigos et faire le lien avec ce qu 'on peut trouver dans les restaurants asiatiques avec des buffets à volonté....Bref, j'arrête de me moquer des végans et du coup, j'aurais presque envie d'un Burger King ou d'un Quick....
Bon appétit et surtout...bonne digestion.

vendredi 21 septembre 2018

BLACKkKLANSMAN



Article de Johannes ROGER. 

Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.
 
SPIKE LEE

J’avais quitté Spike Lee sur le mésestimé « Miracle à Santa Anna » il revient ici en grande forme avec un sujet taillé sur mesure pour lui. S’il résonne avec certains évènements tragique de notre époque, « BlaKKKlansman » ne prend pas le ton d’un pamphlet militant. Lee semble avoir compris que l’humour et l’ironie sont des armes tout aussi efficace pour lutter contre la bêtise et le racisme. Mais si les membres du clan sont effectivement montrés dans toute leur bêtise crasse, ils n’en sont pas moins dangereux.


Sur la forme le film est d’une grande élégance, l’esthétique de la mise en scène rappelle aussi bien les grandes heures de la blaxploitation, auquel il est fait allusion lors d’un beau dialogue (les vertus de « Shaft » contre celles de « Superfly »), que les films engagés des années 70. Spike Lee clôture son film par un montage coup de poing sur les évènements de Charlottesville, rappelant que la réalité et bien souvent plus effrayante que la fiction. En 40 ans peu de choses ont changés, beaucoup reste à faire...

Article complémentaire de Wilfrid RENAUD



 Le pitch ressemble à un gag : un flic noir infiltre le Ku Klux Klan dans les années 70. Pourtant Spike Lee livre un film qui n'est ni une comédie, ni un vrai polar. Il surfe entre les deux, des séquences parfois tendues quand Flip Zimmerman flic blanc aux stupéfiants prend contact dans le milieu local de la suprématie blanche après que son collègue Ron Stallworth -bien noir lui- les ai contacté en se faisant passer pour un blanc.

John David Washington et Adam Driver forment un duo d'armes fatales irrésistible, à la fois gonflés et très drôles mais sans lourdeur dans les gags. Reflet d'une époque où les groupes activistes émergeaient suite à la guerre du Vite-Nam, BlackKklansman n'épargne ni la police corrompue, ni les bouseux quasi-analphabètes des mouvements radicaux. Et quand les Black Panther se réunissent de leur coté, on se dit inconsciemment que leur attitude n'est pas si différente du KKK (poing levé pour les uns, main vers l'avant pour les autres) même si les premiers sont directement la conséquence d'un pays trop raciste cristallisé dans la bêtise crasse des seconds.
Doté d'une ambiance musicale et d'une bande son rappelant les vieux polars, le film est une vraie réussite et sans doute l'un des meilleurs de Spike Lee.

mercredi 1 août 2018

MISSION IMPOSSIBLE : FALLOUT

Article de Frédéric SERBOURCE

 C'est incontestable, depuis un troisième opus qui a fait repartir la saga sur de bons rails, les "Mission Impossible" sont devenus la meilleure franchise de blockbusters d'action US, surpassant l'ensemble de ses rivales qui pouvaient prétendre à ce titre si convoité. Mais, à la sortie de chaque nouvel épisode, une question revient inlassablement : comment vont-ils pouvoir surpasser le précédent ? En effet, chaque film semble atteindre un tel firmament de scènes impressionnantes qu'il devient presque impossible de pouvoir en imaginer de nouvelles pouvant les dépasser. Et, pourtant, à chaque fois, le miracle se produit à l'écran : chaque nouvel épisode réussit le pari fou de surclasser son prédécesseur en termes d'action et de séquences absolument folles où Tom Cruise se démène comme un diable dans des cascades de plus en plus spectaculaires. Une nouvelle fois réalisé par Christopher McQuarrie, "Fallout" ne faillit pas à la règle et fait passer les morceaux de bravoure de "Rogue Nation" (Ethan Hunt collé à un avion en plein décollage, l'attentat à Vienne ou encore la poursuite en moto au Maroc) pour un parcours d'obstacles destiné à des petits chatons à trois pattes.

Avec l'arrestation de Solomon Lane, Ethan Hunt pensait en avoir fini avec le Syndicat, cette nation dissidente composée d'ex-agents prêts à tout pour établir un nouvel ordre mondial à coups d'exterminations de masse. Pas de bol, les anciens membres, devenus désormais les Apôtres, continuent leurs activités anarchistes sous l'égide d'un nouveau venu, John Lark, et préparent trois bombes nucléaires en guise de feu d'artifice final ! Flanqué d'un agent de CIA, August Walker (Henry Cavill), chargé de le surveiller, Ethan se rend à Paris pour tenter d'intercepter Lark avant qu'il ne parvienne à mettre la main sur le plutonium nécessaire à ses plans funestes...

Au niveau de l'intrigue, "Fallout" se présente comme une suite très directe de "Rogue Nation" (les personnages de Rebecca Ferguson et Sean Harris y ont à nouveau une place prépondérante) mais aussi, quelque part, comme une sorte d'épisode ultime à la fois par le fait de mettre ses personnages réellement dans l'urgence d'un danger de mort (on a vraiment le sentiment que tout le monde peut y passer cette fois comme en témoigne l'ouverture à Berlin) et en prenant la forme d'une sorte de pot-pourri de tout ce qui a fait la solidité scénaristique de la saga. Évidemment, sur un plan global, on nage en terrain plus que familier, les balises habituelles de "Mission Impossible" sont bel et bien présentes avec les changements de pays en fonction de retournements de veste parfois prévisibles et le tout va s'acheminer à empêcher une nouvelle fois une explosion nucléaire dantesque dans les dernières minutes mais l'essentiel n'est pas là. L'habileté de ce nouveau film réside avant tout dans les stratagèmes mis en place par une nébuleuse de personnages poursuivant chacun leur propre objectif en orbite autour des piliers formés par Ethan Hunt et son équipe qui vont tout faire pour les contrecarrer avec une ingéniosité jamais avarde de mini-twists. Rarement un "Mission Impossible" n'aura fait s'affronter autant d'intérêts personnels antagonistes pour chercher à faire naître la surprise de leurs interactions et élargir toujours plus le champ d'une intrigue dont on croit pourtant connaître tous les ressorts.

 Ajoutez à cela une dimension émotionnelle non négligeable apportée par les jolis yeux embués du personnage de Rebecca Ferguson (encore meilleure que dans le précédent) sur celui d'Ethan Hunt dont elle découvre peu à peu l'humanité et les failles ou l'opposition virile inédite entre Hunt et August Walker, une sorte de miroir juvénile et brutal du héros, et vous obtiendrez sans aucun doute un des épisodes de la franchise qui fourmille le plus de propositions nouvelles dans un cadre et une formule pourtant bien établis.
Bien entendu, impossible de ne pas aborder les séquences d'action toutes aussi démentes les unes que les autres. Après un début étonnamment calme préférant installer les évènements à venir, l'arrivée tonitruante de Hunt à Paris pour une grande partie du film marque enfin le début des hostilités ! D'une scène incroyable de baston aux toilettes à la folle course-poursuite dans les rues de la capitale pour ne citer qu'elles, l'excursion française de l'agent Hunt prend de sérieux airs de sommet de la franchise toute entière avec une véritable générosité à tirer profit de toutes les spécificités que lui offre le decorum parisien ! Un vrai régal qui nous laisse à peine le temps de respirer avant de nous envoyer gambader sur les toits londoniens dans une course contre la montre haletante où l'on reconnait sans mal la scène qui a valu une cheville brisée à Tom Cruise.
Seul petit hic, aux trois quarts de sa durée, "Fallout" connaît un petit temps mort avant de se lancer dans son dernier acte qui nous fait réaliser son imposante durée (2h30, le plus long de la saga) mais, comme pour s'en faire pardonner, ce sixième film nous offre tout simplement la dernière partie la plus démentielle que l'on ait vu dans un "Mission Impossible" avec notamment une poursuite en hélicoptères qui restera dans les annales du genre, rien que ça.

"Fallout" est un modèle de ce que peut nous offrir de mieux le cinéma d'action américain. Ni plus, ni moins. Et autant par cette faculté à renouveler les ingrédients qui composent sa formule bien connue pour une offre à chaque fois différente que par sa capacité à repousser les limites du spectaculaire devenu sa marque de fabrique. "Comme d'habitude." nous dira Ethan Hunt. Oui, comme d'habitude, Ethan, et avec la manière qui plus est ! Vivement le septième !

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Article complémentaire Wilfrid RENAUD


A mes yeux, depuis quelques années, Tom Cruise et son personnage, Ethan Hunt, se servent de paillasson de la franchise James Bond et possèdent dans une urne funéraire les cendres de Jason Bourne, car la saga Mission Impossible a trouvé depuis le troisième épisode une vitesse de croisière qui ne va qu'en s'amplifiant.
Suite directe de MI :Rogue Nation du même réalisateur, on retrouve, des personnages emblématiques incarnés par Rebecca Ferguson et Sean Harris, plus un méchant très imposant en la personne d'Henry Cavill qui sont loin de servir de faire-valoir à la star Cruise, chaque acteur et personnage jouant largement sa part dans l'histoire. Bref on est à des kilomètres du coté narcissique et détestable de l'épisode 2 réalisé par John Woo (le pire de la franchise).
Ici, menace nucléaire en vue, méchants anarchistes, trahisons à tiroirs et cascades de haut vol. La routine ? Pas vraiment. Ce Fallout possède des enjeux dont le taux de réussite n'a jamais été aussi proche de zéro. Ce qui lui confère un coté "too much" et quelques invraisemblances au niveau du timing Le compte à rebours d'une bombe n'a jamais été autant "ralenti "pour entretenir les séquences d'actions, du moins dans cette franchise. Toutefois, on peut voir ces dernières scènes en montage alterné, d'où un "effet de ralentissement" pour être un peu moins pointilleux mais il aurait été bien que McQuarrie le précise par une astuce afin qu'il n'y ait pas de confusion.
Néanmoins le spectacle étant total et l'efficacité imparable, on passe assez facilement sur ces petits défauts.
A titre comparatif, mon préféré reste tout de même Rogue Nation.


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