Si vous faites partie de la catégorie d'êtres humains étranges ne vouant pas un culte mérité au talent de Wes Anderson, "The French Dispatch" n'est évidemment pas pour vous. Me ruant à l'assaut de chacun de ses longs-métrages à leur sortie en salles, je pense pouvoir me définir comme un parfait aficionado de son cinéma, toujours séduit et comblé par sa maniaquerie formaliste tout bonnement impressionnante d'inventivité, son sens de l'absurde inénarrable, la musicalité irrésistible de ses dialogues, l'éclectisme de ses castings prestigieux ou encore l'intelligence des univers dans lesquels le bonhomme choisit de nous entraîner.
"The French Dispatch" n'échappe pas à la règle : j'ai adoré ces presque deux heures passées à m'amuser et à m'émerveiller dans ce cinéma qui ne ressemble décidément à aucun autre... mais cette fois à quelques réserves près que je me dois de souligner.
En adoptant une forme (géniale) de "journal vivant" par l'intermédiaire d'une juxtaposition d'articles rédigés par une équipe de journalistes américains dans un petit village français (Ennui-sur-Blasé, j'ai une maison de campagne là-bas), "The French Dispatch" tient en réalité du film à sketches qui se compose de trois gros récits entourés de quelques pastilles annexes. De fait, si chacun des principaux segments du film n'atteint pas le même niveau de perfection absolue, cela ne peut qu'engendrer un jugement de comparaison entre eux, rendant le résultat forcément bien plus inégal qu'un long-métrage basé sur une histoire unique. Et c'est le cas ici.
Après une excellente introduction partant de la présentation du journal et de son équipe pour nous laisser sur une visite loufoque du village menée par Owen Wilson, Wes Anderson livre à mes yeux un véritable petit chef-d’œuvre avec le premier "article" se concentrant sur les personnages de Benicio Del Toro, Adrien Brody et Léa Seydoux (un prisonnier devient un peintre incontournable), toutes les qualités que j'évoquais et que j'aime tant dans ses œuvres sont ici présentes et poussées à leur paroxysme. Cela ne veut pas dire que les deux suivants n'ont pas continué à me bluffer formellement (franchement, ça a été le cas en permanence) ou à me procurer bon nombre de sourires mais je dois bien reconnaître qu'ils n'ont jamais égalé le plaisir total que j'ai ressenti devant le premier de ces "articles", ces deux derniers au sujet d'une révolte étudiante (avec Timothée Chalamet et Frances McDormand) et d'un "kidnapping gastronomique" (avec Jeffrey Wright et Matthieu Almaric, entre autres pour toutes les histoires vu le nombre sidérant de têtes connues qui défilent) ne m'ont régalé -et pourtant quel régal de cinéphile !- que de façon bien plus sporadique par comparaison.
Du coup, j'avoue avoir du mal à trancher pour un film ne pouvant être qu'en dessous d'une majeure partie des précédents de la filmographie d'Anderson par le parti pris de sa décomposition en plusieurs segments impossibles à ranger sur le même piédestal ou en soulignant le caractère unique de ce cinéaste qui m'a encore offert une expérience comme j'en croise rarement dans une salle de cinéma.
La deuxième hypothèse sera sûrement la gagnante parce que, punaise, il faut bien reconnaître que ce type est un génie unique en son genre !
Une courte partie de l'équipe du film à Cannes : T. Chamalet, B. Murray, H. Girardot, O. Wilson et Wes Anderson, le réalisateur |
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