Article de Johannes ROGER.
Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.
SPIKE LEE |
J’avais quitté Spike Lee sur le mésestimé « Miracle à Santa Anna » il revient ici en grande forme avec un sujet taillé sur mesure pour lui. S’il résonne avec certains évènements tragique de notre époque, « BlaKKKlansman » ne prend pas le ton d’un pamphlet militant. Lee semble avoir compris que l’humour et l’ironie sont des armes tout aussi efficace pour lutter contre la bêtise et le racisme. Mais si les membres du clan sont effectivement montrés dans toute leur bêtise crasse, ils n’en sont pas moins dangereux.
Sur la forme le film est d’une grande élégance, l’esthétique de la mise en scène rappelle aussi bien les grandes heures de la blaxploitation, auquel il est fait allusion lors d’un beau dialogue (les vertus de « Shaft » contre celles de « Superfly »), que les films engagés des années 70. Spike Lee clôture son film par un montage coup de poing sur les évènements de Charlottesville, rappelant que la réalité et bien souvent plus effrayante que la fiction. En 40 ans peu de choses ont changés, beaucoup reste à faire...
Article complémentaire de Wilfrid RENAUD
Le pitch ressemble à un gag : un flic noir infiltre le Ku Klux Klan dans les années 70. Pourtant Spike Lee livre un film qui n'est ni une comédie, ni un vrai polar. Il surfe entre les deux, des séquences parfois tendues quand Flip Zimmerman flic blanc aux stupéfiants prend contact dans le milieu local de la suprématie blanche après que son collègue Ron Stallworth -bien noir lui- les ai contacté en se faisant passer pour un blanc.
John David Washington et Adam Driver forment un duo d'armes fatales irrésistible, à la fois gonflés et très drôles mais sans lourdeur dans les gags. Reflet d'une époque où les groupes activistes émergeaient suite à la guerre du Vite-Nam, BlackKklansman n'épargne ni la police corrompue, ni les bouseux quasi-analphabètes des mouvements radicaux. Et quand les Black Panther se réunissent de leur coté, on se dit inconsciemment que leur attitude n'est pas si différente du KKK (poing levé pour les uns, main vers l'avant pour les autres) même si les premiers sont directement la conséquence d'un pays trop raciste cristallisé dans la bêtise crasse des seconds.
Doté d'une ambiance musicale et d'une bande son rappelant les vieux polars, le film est une vraie réussite et sans doute l'un des meilleurs de Spike Lee.
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