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Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 16 octobre 2021

DUNE : Première partie




 

 

 

 

 

 

 

 

Article de Frédéric Serbource

 Trente-sept ans après l'adaptation de Lynch, Denis Villeneuve est le nouvel Élu chargé de porter la complexité du titanesque univers SF de "Dune" à l'écran. Mais là où un film controversé n'avait pas suffit à convaincre tout le monde, Villeneuve lui a de plus grands plans : deux films pour conter le parcours de Paul, jeune héritier des Atréides, qui, dans cette première partie, va devoir se révéler, endurer les pires épreuves d'un terrible jeu de pouvoirs et, enfin, disparaître derrière le plus grand rôle dans lequel l'inscrit sa destinée.

"Dune" version 2021 s'arrête ainsi quasiment à la moitié du film de Lynch et a donc la chance de bénéficier de plus amples développements pour installer sa dimension mystique, la mythologie tentaculaire de son contexte, ses acteurs-clés et les enjeux en cours et à venir... mais aussi de frustrer en n'étant justement que la première partie d'un diptyque dont toute l'ampleur prendra évidemment encore plus de sens devant la découverte de l'oeuvre dans sa totalité.
Cela dit, comment ne pas déjà se régaler devant les partis pris de Villeneuve qui, réussissant à trouver un étonnant (et assez unique) compromis de tous les instants entre la SF hardcore et celle plus grand public, parviennent à étaler toute la richesse de ce monde géopolitique en plein bouleversement néfaste tout en ne s'éloignant jamais de la perspective personnelle de son héros, conditionné par sa nature unique à en être le grain de sable imprévisible ?
Sans tomber dans une bête vulgarisation ou un gloubi-boulga indigeste pour le néophyte, l'introduction de Villeneuve bluffe par la simplicité de sa présentation, tout y est abordé avec un naturel parfaitement compréhensible dans les grandes lignes : les visions, l'exposition de ce qui se joue sur la planète Arrakis, les forces en opposition... Il suffit juste de quelques minutes pour que l'on soit immergé dans l'univers de "Dune" et ses terminologies atypiques avec la soif d'en découvrir toujours plus. Et le film ne fera que nous récompenser en ce sens, de la splendeur grandiloquente de l'arrivée d'une délégation protocolaire chez les Atréides aux confins lovecraftiens des forces de l'Empire jusqu'à la beauté aride d'Arrakis secoué par les vrombissements des vers de sable, le panel de cette galaxie de peuplades et de mondes se révèlent constamment à nous dans la parfaite symbiose des partitions singulières de Hans Zimmer et des idées visuelles de Villeneuve pour en souligner les caractéristiques intrinsèques à chacun et positionner le jeu d'échecs politique qui se met en place en défaveur des Atréides.

La rigueur séculaire d'un système, n'ayant que pour but de chercher à perdurer en éliminant tout, qui l'entrave s'abat de façon implacable en se mariant avec le style de Villeneuve, figeant les personnages dans la froideur austère de leurs positions respectives où ils ne sont en réalité que des pions vivant ou mourant au bon vouloir de l'Empereur. Mais, dans cet environnement où les ténèbres cherchent à annihiler toute once d'humanité, celle-ci subsiste, s’égrenant sur le chemin de Paul pour le guider sur les pas de la prophétie qu'il a à accomplir, que ce soit au travers d'une mère partagée entre les désirs cachés de sa caste et l'amour pour son fils (magnifique scène du test où Rebecca Ferguson excelle à nous faire ressentir le déchirement de son personnage), du regard bienveillant d'un père, d'une amitié virile, de la souffrance d'une perte impardonnable, des visions d'une figure féminine et... de Paul lui-même, jeune homme rempli d'hésitations face à la stature que le destin cherche à lui faire embrasser (le choix de Timothée Chalamet pour l'interpréter est parfait).
En cela, au-delà des épreuves qu'il doit subir et du côté spectaculaire qu'elles induisent au cours d'assauts belliqueux mémorables tout au long du film, "Dune : Part One" (car c'est bien son titre) se conclut judicieusement sur la plus fondamentale d'entre elles, celle par laquelle Paul doit abandonner celui qu'il était pour devenir celui qu'il est censé être, toute la symbolique que Villeneuve met un point d'honneur à traduire par l'image atteint ici sa quintessence dans ce "simple" affrontement final où la mort et les larmes versées (l'eau) ont une importance capitale, celle de conduire son héros -et nous avec- sur le commencement de ce qui sera sa véritable odyssée dans une deuxième partie dont on se prend déjà à rêver...
Peut-être que le seul gros reproche que l'on pourrait adresser au film est d'être finalement tiré d'une histoire désormais connue de tous, non seulement par les lecteurs du roman et/ou les spectateurs de la première version cinématographique mais par tous ceux ayant lu ou visionné des œuvres de SF qui ont allègrement pillé "Dune" au fil des années, diminuant ainsi l'effet de surprise de l'ossature de ses rebondissements principaux ou donnant un méchant coup de vieux anachronique à certains d'entre d'eux (au hasard, tout ce qui entoure une certaine traîtrise, trop rudimentaire aujourd'hui dans ses modalités)... Toutefois, les efforts d'un cinéaste que l'on sent si immodérément amoureux et respectueux de l’œuvre qu'il a la chance de mettre en scène nous font assez vite pardonner les quelques passages obligés croisés sur la route de Paul tant on a envie de la poursuivre en sa compagnie. Et on est prêt à parier tous les containers d'Épice de la planète Arrakis que la suite nous les fera complètement oublier par l'envergure encore plus imposante qu'elle sera amenée à prendre. Déjà très haut, "Dune: Part One" pourrait même en ressortir plus grand à sa lumière. Vivement !

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Article  complémentaire de Wilfrid RENAUD

Inutile de revenir sur les qualités du film, je ne ferais que répéter en moins bien ce qu’a déjà dit Frederic Serbource dans l’article ci-dessus.

Si, une chose quand même, le film met en avant une comédienne qui confirme, à chaque fois, le potentiel qu’elle possède et tout le bien que je pense d’elle : Rebecca Fergusson. Découverte dans Mission Impossible : Rogue Nation (le 5ème opus), elle a joué depuis dans Life puis le 6ème volet de la franchise impossible, The greatest Showman ou Docteur Sleep pour ne citer que ceux que j’ai vu, et ne cesse, avec cette première partie, de s’affirmer comme une des comédiennes les plus douées de sa génération.

Rebecca Ferguson
Quasiment sans rien changer à son physique, elle arrive par son jeu d’actrice à faire oublier le personnage précédent et faire corps avec celui qu'elle interprète. Rebecca Ferguson est un atout considérable dans Dune, qui s’est armé d’un casting imparable, nécessaire à ce type d’œuvres où l'erreur peut-être fatale. (Le choix d'Hayden Christenssen dans la première trilogie Star-Wars).

 

  Je tiens aussi à revenir aux origines du roman de Frank Herbert. Publié à l'origine sous forme de deux publications dans le magazine Analog en 1963 puis 1964, il a été le roman de science-fiction le plus vendu au monde. Dans les éditions françaises, ce roman est quelquefois divisé en deux volumes (Dune I et Dune II), comme lors de sa première publication dans Analog. En 1966, le roman remporte le prix Hugo qui récompense les meilleures œuvres de science-fiction ou de fantasy, à égalité avec le roman Toi l'immortel de Roger Zelazny. Frank Herbert écrira  de nombreuses suites dont les enfants de Dune, créant un univers cohérent et étendu.

Dune  brasse plusieurs thèmes, de l’écologie planétaire aux rivalités politiques et religieuses et ressort le rôle de l’Elu, cher aux grandes fresques littéraires et cinématographiques. Dune, c’était un peu Games of Throne avant l’heure, mais situé dans l’espace et sur ses différentes planètes, au lieu d’un monde fantasy médiéval. Il n’est donc pas étonnant que l’on y retrouve des similitudes.

Autre point important au niveau idée et casting, le choix de Stellan Skarsgard pour interpréter le grand méchant du film : le Baron Harkonnen. Pourtant peu présent dans cette première partie, on sent bien la félonie et tout le coté répugnant du despote, donnant une nouvelle dimension à ce personnage emblématique de la saga. Le héros n'est souvent meilleur que lorsque le méchant est réussi. Objectif atteint ici.

Dune version 1984 de David Lynch
La réalisation de Villeneuve ne souffrira pas, pour ma part, de la comparaison avec celle de David Lynch qui, s’il est un grand auteur, n’était pas à sa place sur ce type de projet. Le fait que la version de 1984 se soit plantée partout sauf en France en dit long sur les goûts et les couleurs de chacun…Aperçu dernièrement sur les chaines satellite, victime de son époque et de ses raccourcis, une nouvelle vision au lieu d’un vulgaire remake s’imposait.

Contrairement à des films comme Le seigneur des anneaux où tout avait été tourné à la suite, la crise du Covid et la frilosité légitime des producteurs avaient mis à frein aux ambitions autour de l’univers de Dune. Au vu, des recettes mondiales, plus de 75 millions de dollars à l’étranger, la suite est déjà quasiment sûre d’être tournée.   

 Reste à savoir les chiffres que le film fera aux USA mais aussi en Chine, nouveau poumon de la vie et la mort des franchises à succès, pour en être totalement certain.


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