CATS

Article de Wilfrid RENAUD


Sans doute l’œuvre la plus mal aimée et incomprise de ce début d'année. A croire que la presse et le public ne sont plus habitués à tout ce qui sort un peu des clous.

Il faut dire que le nom de Tom Hooper à qui l'on doit le pire (adaptation précédente en comédie musicale "Les Misérables"), comme le meilleur (Le discours d'un Roi)  et une bande-annonce pas vraiment représentative n'a pas aidé non plus.

Tom Hooper le réalisateur.

 

Quand aux nouveaux look de ces Jolicats....Libre aux autres de trouver plus réussis les maquillages désormais kitchs de la version en comédie musicale.
Composée à la fin des années 70 par Andrew Llyod Webber, à qui l'on doit aussi "The phantom of Opera", CATS est tirée de " Old Possum's Book of Practical Cats" de T.S Eliot, et a connu ses heures de gloire aux USA et en Angleterre, même si les critiques ne l'ont jamais acclamé.
8949 représentations à Londres et 7485 à New York. Des chiffres qui donnent le vertige.
Plusieurs représentations en 1989 à Paris  sans réelle tournée, à cause d'une logistique extrêmement lourde entre les décors, costumes, chanteurs, danseurs et acrobates.

Andrew Llyod Webber- Compositeur

Taylor Swift et Idris Elba lors des répétitions du film

Le film est la meilleure occasion de découvrir ce monument culte de la comédie musicale qui offre une autre proposition de cinéma, imparfaite et fragile, cible idéale des moqueurs de tous poils.
Si vous êtes allergiques au genre, passez votre chemin. Ça chante - plutôt bien- du début à la fin et les lignes de dialogues purs tiennent sur un post-it.
Pour la forme, si les chorégraphies sont exemplaires et que j'ai trouvé l'ambiance rapidement envoûtante, en revanche les éclairages rose-bleu symbolisant les néons de la rue de Londres, où ces Joliscats vont se produire, donnent parfois des nausées.
Mais la musique et les chansons, alliées à une esthétique soyeusement poilue de chaque chat, ainsi qu'à des déplacements félins des protagonistes atténuent ce visuel embarrassant pour la rétine et une impression de sucrerie désobligeante après des lendemains de fête.
Et l'histoire ? Chat raconte quoi ?
Victoria, une jeune chatonne abandonnée dans le quartier va se familiariser avec tous les chats des alentours, avant de découvrir que chaque année un bal est organisé par Deuteronome, lors d'une nuit extraordinaire et pleine de magie. Des chats tentent leur chance pour être l'Elu, celui qui pourra entrer au paradis de la Jellicosphère, afin de renaître dans une nouvelle vie.
Des chansons qui font souvent mouche et des partitions qui ne souffrent étonnamment pas du poids des années (contrairement aux "Misérables") font de CATS un petit bijou de poésie féline.

Judi Dench

Ian McKellen

Jennifer Hudson

Le film est composé d'un casting quatre étoiles entre Judi Dench et Ian McKellen pour les plus anciens, Idris Elba dans le rôle de Macavity, terreur nocturne des autres chats qui cristalise le Diable et ses tentations, Jennifer Hudson, Taylor Swift, délicieusement féline, Rebel Wilson et James Corden dans un duo comique de gros matoux ainsi que la présence et la voix lumineuse de Francesca Hayward dans le rôle de Victoria.
"Mémories", tube immortalisé par Barbara Streisand, est la chanson phare de ce spectacle mais pour ma part, je l'ai trouvé trop appuyé par l'interprétation mélodramatique de Jennifer Hudson qui surjoue la carte du misérabilisme. D'autant plus dommage que son personnage est sans conteste le plus touchant.
A part cela, il y a une certaine émotion dans ce show hypnotique, agrémenté d'un humour bien particulier autour des différents caractères des chats. Qui n'a pas connu de chat Têtu qui ne sait pas s'il veut rentrer ou sortir de la maison ? Boire du lait ou pas ? De chat "Magicien" qu'on appelle dans le jardin alors qu'il est dans le placard ? Qu'on cherche dans le salon alors qu'il est sur un toit ?

Rebel Wilson et James Corden dans les vrais costumes de tournage

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Rebel Wilson avec des poils

James Corden avec des poils

 
 
J'ai cherché un bon moment le sens caché de Cats avant de m'apercevoir de sa simplicité. A travers le portrait de tous ces chats, Andrew Lyodd Webber a dressé le portrait d'une certaine humanité teinté d'une croyance quasi-religieuse où les plus miséreux accéderont au royaume des Cieux tandis que les plus roublards, à l'instar de Macavity, pourront pleurer sur leur sort du haut de leur statue dédiée à la vanité et à la mégalomanie. (Il finit abandonné sur la Statue de Napoléon)

Les athées lèveront un sourcil sceptique tout en saluant la générosité du spectacle, les autres feront "miaou " à l'unisson et peut-être appliqueront la seconde lecture du film (solidarité et compassion) dans leur vie de tous les jours.