POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 15 décembre 2018

UNDER THE SILVER LAKE



Article de Gaëtan Wildwood
Après la claque cinématographique que fut "It Follows" en 2014, qui en se frayant un chemin à travers un bon nombre de productions horrifiques sans âme et vides, arriva à redonner au genre un niveau d’élégance et de virtuosité que l’on avait rarement vu depuis les années 70-80, le jeune réalisateur/scénariste David Robert Mitchell est revenu enfin avec un film tout aussi étrange présenté dans la sélection officielle du festival de Cannes tout en divisant par la même occasion le public.

Under The Silver Lake est un film noir et tortueux, sorte de Palma-Esque, qui nous offre une plongée dans un Los Angeles labyrinthique, au cœur d'une sale enquête nébuleuse orchestrée par un privé amateur/glandeur.
Jeu de pistes savoureusement étrange et d'une tristesse et d'une mélancolie dévastatrices (comme... It Follows), le film, qui mélange les genres avec une rigueur rare, croque les errances paranoïaques et absurdes d'un homme pathétique et impuissant joué par un Andrew Garfield qui livre encore une fois une performance admirable, très proche de ses débuts dans Boy A.

L'acteur campe ici un anti-héros nonchalant, somnolant, attardé et gauche, biberonné à la pop-culture, qui va peu à peu se plonger dans une enquête haute en couleurs, truffée d'indices obscurs et de patterns perdus dans des boites de céréales ou des vinyles (l'utilisation de How to Marry a Millionnaire relève du génie). Son allure de grand dadais un peu perdu n'aura jamais été aussi bien mise à contribution. David Robert Mitchell continue après ses courts-Métrages et son It Follows sa dépiction de l'adolescence comme une malédiction, où sexe, violence, désillusion et paranoïa se mêlent dans une vision nihiliste. Cette quête identitaire d'un personnage qui ne sait plus à quel moment ça a foiré est parfaitement mêlée à une description de la civilisation qui l'entoure, où tout le monde est perdu dans une utopie lointaine. Entre ses sectes new age, ses prostituées carnavalesques, ses hipsters superficiels, ses voisines habillées comme dans un porno ou ses individus de la haute société érigés en pantins dans des fêtes décalées, Los Angeles ressemble à un gigantesque théâtre humain libidineux au-delà d'un ville de cinéma pure. Un fabuleux décor incitant à un voyage initiatique halluciné, où le réalisateur cite Lynch, Hitchcock, De Palma ou Altman, ainsi que bon nombre de références au jeu vidéo, aux comics, la publicité ou à la musique, autant de pièces dans cet échiquier géant labyrinthique en proie aux souvenirs subliminaux et messages cachés. La manière de filmer les rues ou ses habitants renvoient à Mulholland Drive, le côté thriller à Vertigo, Fenêtre sur Cour ou Blow Out, la déambulation et le ton peuvent faire penser à The Long Goodbye ou Southland Tales, mais on est véritablement dans un film de David Robert Mitchell, qui digère un nombre incalculable d’œuvres pour fournir un film unique, sorte de polar LA noir cathartique et terminal, somme de tout un pan du cinéma.

 La mise en scène demeure un pur délice, entre mouvements fluides, travelings déstabilisants ou plans longs aériens et plein de grâce, chaque image transpire le cinéma, magnifié par la photographie sublime de Michael Gioulakis (It Follows, Split, Glass, Us). Disasterpiece, déjà auteur de l'OST de son précédent film, revient dans une composition digne de l'âge d'or 50's-60's, le tout parvenant à apporter une atmosphère étrange, excitante, effrayante et énigmatique. Rupture de tons, richesse thématique, narration ambigüe, accumulation de pistes, scènes enivrantes et délires métaphysiques...on pourra pinailler sur la destination, moins marquante et intéressante que le voyage en lui-même, mais ce serait oublier la cohérence absolue du propos et de l'expérience unique que représente cette plongée sous le Lac d'Argent, et la preuve que David Robert Mitchell est un cinéaste à suivre de très près.

Bref pour conclure, Under the Silver Lake restera un film singulier, totalement barré à la beauté spectrale fracassante et organique, 2h20 de proposition de cinéma audacieuse...Une pépite à voir comme une œuvre complexe mais lisible et sensiblement hermétique, qui demande que l'on s'y perde aveuglément pour en capter toute sa rareté et sa singularité. Du trés bon cinéma souvent biberonné aujourd'hui aux mauvaises comédies françaises et autres blockbusters américains sans saveur comme les films de super-héros. 


 

jeudi 6 décembre 2018

BOHEMIAN RHAPSODY

Article de Wilfrid RENAUD

Freddie Mercury & Rami Malek
Dire que Bryan Singer tient peut-être là le meilleur film de sa carrière serait réducteur et ce serait vite oublier "Usual suspect" et les quatre volet de la saga "X-men", qui l'ont confortablement installé au box-office. C'est d'ailleurs d'autant plus rageant de voir que son nom n'est même pas crédité au générique suite à sa brouille plus que douteuse avec la 20th Century Fox....Bref, passons sur l'ingratitude des producteurs, "Bohemian Rhapsody" est devnu en un mois un véritable succès au box-office et curieusement flotte encore dans mon esprit plusieurs jours après sa vision.
Le vrai challenge de Bohemian Rhapsody étant d'interpréter la diva du groupe Queen, il est hallucinant de voir Freddie Mercury, carrément réincarné dans l'acteur Rami Malek. Celui-ci apporte à la fois toute la flamboyance nécessaire et toutes les fêlures de la rock-star avec une subtilité rare et parfaitement retransmise à travers la caméra de Singer. Un Oscar ? Un Queen d'or oui. Et version XXXL, s'il vous plaît.

Acteur surtout connu pour la série, Mr Robot, il marque le film de son empreinte et place la barre des très haut dans la performance d'une interprétation d'un personnage connu. Le play-back est nickel et fort heureusement, le film a conservé la véritable voix du chanteur lors des scènes de concert, au contraire de "Nina" où l'actrice Zoé Saldana reprenait elle-même les tubes de Nina Simone. Quand des interprètes marquent des tubes de façon aussi foret, il est quasi-impossible de les imiter et encore moins de les surpasser.


Le film retrace donc la carrière du groupe des années 70 jusqu'au concert au stade de Wembley pour le Live Aid en 1985.
Si l'homosexualité de Freddie Mercury n'était plus un secret pour personne, ses excentriques et provocatrices tenues de scène parlaient d'elles-mêmes, ce qu'on sait moins en revanche, c'est qu'il s'était fiancé avec une femme, Mary Austin, qui restera le grand amour de sa vie, longtemps après que leur relation soit devenue platonique, dés lors qu'il assuma sa sexualité. Dans ce rôle inattendu, Lucy Boynton tire remarquablement son épingle du jeu dans un casting essentiellement masculin.
 
Bryan Singer a su éviter l'écueil des bars et boites de nuit gay SM sordides, le peu que l'on voit est largement suffisant lors des errances nocturnes du chanteur, pour se consacrer plus aux sentiments, ici les hommes s'embrassent, s'aiment et se séparent comme n'importe quels couples hétérosexuels.

Freddie Mercury, évidemment, est plus mis en lumière que les autres membres du groupe, qui deviennent des seconds rôles sans devenir des faire-valoir, même si on aurait aimé en savoir plus sur leur vie privée où chacun a fondé une famille et eut des enfants. On voit en revanche dans une belle séquence, la fabrication dans un de leur album phare de leur carrière, "A night of opéra" où chacun essaye d'apporter sa chanson. "Bohémian Rhapsody" naitra de cette session, empreinte d'humour à travers les essais expérimentaux et les innombrables répétitions.  
 
Les trois autres musiciens sont complémentaires du leader du groupe, on les voit lui tenir tête quand il pousse le bouchon de la provocation un peu loin et quand il se trompe sur ses décisions mais il est incontestable que le groupe Queen n'aurait pas été aussi loin sans sa créativité, souvent mal perçue par les producteurs, et qu'il n'aurait même jamais vu le jour.

Le film dépeint un artiste, à la fois entouré de parasites et empli d'une solitude désarmante, quand il n'est plus en tournée ou en train de composer avec ses comparses, où le spleen, la drogue et le sida auront au final sa peau à l'âge de 45 ans. 
 
Quasiment tous les tubes du groupe sont présents de la chanson titre à  "We we will rock you", rêvé par Brian May, le guitariste, et concrétisé par le groupe, où le tempo lors du concert donne au spectateur la furieuse envie de se joindre à l'unisson.
Après un détour par une tentative de carrière solo en Suisse et une réconciliation sous forme d'excuses solennelles  avec ses comparses, la séropositivité de Freddie Mercury est abordée par quelques scènes pleines de pudeur mais qui mettent la larme à l’œil, comme celle où il annonce sa maladie au groupe.

Alors que le chanteur avait des baisses de cordes vocables qui mettait leur future performance en danger, le film se termine par le concert à Wembley lors du Live-Aid, organisé par Bob Geldof, séquence d'environ 20 minutes d'une énergie inouïe, d'une communion avec le public imparable, et qui est le contre-pied de cette solitude assassine. 




Au final , le groupe Queen aura été sa vraie famille.
Et ses enfants...Tous ses milliers de fans.










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