POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 4 novembre 2023

KILLERS OF THE FLOWERS MOON

 Article de Wilfrid RENAUD

Il y a des films de plus de trois heures dont le montage est tellement mal géré en terme de narration qu’ils en deviennent vite ennuyeux pour le spectateur. Ce fut le cas pour ma part avec « Oppenheimer »  trop bavard et trop lent malgré un sujet en or, tant et si mal qu’il ne figura pas sur ce blog, contrairement à d’autres films controversés de Christopher Nolan.

Le dernier Scorsese n’est pas de cette trempe, il y a des longueurs certes,  mais qui ne desservent quasiment pas le film. Sur un fait divers aux allures de scandale raciste et sociologique, il choisit de raconter de l’intérieur pour mieux nous faire ressentir le malaise, dénonçant toute une tranche de la population de Fairfax en Oklahoma, obnubilée par l’argent et la possession de territoires au point de commettre des meurtres, les uns couvrant les autres avec une noirceur psychologique qui fait froid dans le dos.

Au début du XXème siècle, les indiens Osage, dont le comté porte leur nom, se sont enrichis grâce au pétrole issu de leurs terres. Placées sous tutelle financière par l’Etat, les familles voient leurs coutumes et leurs descendances se perdre dans les mariages avec des Blancs.  Ceux-ci en épousant des femmes Osage deviennent les héritiers légitimes de leurs concessions. Ernest Bukhart (Léonardo DiCaprio), revenu de la première guerre mondiale, se voit attribué par son oncle le très influent William Hale( Robert De Niro) la mission de séduire Molly (Lily Gladstone), une riche propriétaire. Tandis que les meurtres et morts mystérieuses d’Indiens Osage se multiplient, Ernest devient le chauffeur attitré de Molly.

 

Le film est une autopsie d’un génocide programmé des indiens Osage, poisons, assassinats aux pistolets par personnes interposées. L’organisation calculatrice des Blancs est à vomir, ceux-ci devenant les faux-domestiques des riches Indiens pour mieux  les duper.  Le personnage de DiCaprio, partagé entre l’appât du gain, la peur de son oncle et son amour pour Molly est sans doute le plus complexe que l’on ait vu depuis longtemps. Basé sur des événements et des personnages réels, le spectateur  reste halluciné du peu de valeur qu’accordait les américains aux vies humaines des amérindiens à cette époque.  En même temps entre l’esclavagisme noir et l’extermination des tribus indiennes à peine 60 ans auparavant, comment peut-on être étonné de la froideur et de l’avidité générale ? Justement parce qu’elle était générale. Au sein de Fairfax, pas un Blanc n’était au courant et devenait plus ou moins complice des meurtres perpétués.

Scorsese retranscrit très bien cette décadence morale liée à l’argent, les territoires et ce besoin de posséder plus. Mais il a eu aussi l’idée maline de nous immerger dans la culture Osage, à travers des scènes parfois proches de leurs folklores, qui n’apportent rien à l’évolution de la narration mais permet d’apprécier un peuple démuni et bafoué qui obtiendra justice grâce à l’intervention -tardive- du FBI, organisme naissant sous la direction de J. Edgar Hoover.

 

 

Au centre de ce scandale écœurant, un trio d’acteurs se dégage du lot. DiCaprio et De Niro bien sûr, fidèles du cinéaste, avec respectivement cinq et neuf films tournés avec Sorcsese. Leurs rapports, fondés à la fois sur la peur et le respect des générations,  donnent lieu parfois à des scènes de dominant et de dominé, accentuant le coté maladif de cette société, bourrée d’hypocrisie en présentant un visage compatissant à l’opinion publique, la loi et la religion. Et il y a Lily Gladstone, lumineuse, dont le personnage, Molly, portant la force tranquille de tout un peuple, ne sera pas dupe de l’avidité des Blancs mais finira par se laisser séduire par l’amour d’Ernest qui lui semblait différent. Un amour vérolé, perverti, toujours sur le fil du rasoir entre le mensonge et la passion que le scandale et la vérité finira d’achever.

Scorsese fait aussi preuve d’une inventivité et d’une audace désarmante dans son épilogue, racontant sous une forme d’émission radiophonique, le destin final de ses divers protagonistes, à grand renfort de bruitages ingénieux et typiques, donnant un coté vintage à sa conclusion qui devient le contre-pied d’une industrie cinématographique, dominée par les effets spéciaux, les fonds verts et la motion-capture.

Sans doute pas son meilleur film loin de là, mais dans le panorama actuel, sa dénonciation d’une Amérique au passé pas très glorieux, pervertie et avide, se conjugue merveilleusement avec la solidarité envers les opprimés et son amour du cinéma.




LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER

Article de Frédéric SERBOURCE



 La salle se retrouve plongée soudainement plongée dans l'obscurité. À l'écran, les quelques encarts contextuels et un flashforward rappelant le destin funeste du Demeter nous contaminent également de leur noirceur, posant d'emblée une ambiance pesante véhiculée par la simple aura de la créature séculaire qu'ils convoquent. Dracula.


Les quelques pages du chapitre "Journal de Bord du Demeter de Varna à Whitby" issues du célèbre roman de Bram Stoker connaissent en effet aujourd'hui une nouvelle adaptation, après ce qui est probablement le meilleur (le deuxième) des trois épisodes de la série "Dracula" de Netflix. Cette fois, ce passage épistolaire se retrouve développé sous le format d'un long-métrage de près de deux heures, mis en scène par le norvégien André Øvredal qui, certes, n'a jamais rien fait de mieux que son premier film "Troll Hunter" mais qui, en vrai artisan attaché au genre, réapparaît à la tête de projets fantastique/horreur toujours intrigants et valant le coup d'oeil ("The Autopsy of Jane Doe", Scary Stories" ou "Mortal"). Le voir se frotter à un tel mythe, dont le nom traverse les décennies et les médias pour être encore connu de tous en 2023, ne peut que donner envie découvrir sa propre itération autour de cette figure sanguinaire traversant ici les flots à bord du Demeter, de sa Transylvanie natale aux côtes anglaises...

Outre les ténèbres que l'évocation du vampire distille dans son sillage, le film nous emporte avec brio et simplicité dans l'agitation quotidienne d'un port bulgare à la fin du XIXème siècle, s'ancrant dans une forme de véracité historique -et donc rationnelle- pour nous introduire aux membres de l'équipage qui seront bientôt face à l'innommable. Ne perdant pas de temps et faisant preuve d'un vrai savoir-faire pour dessiner un éventail de protagonistes aux vicissitudes efficacement exprimées (le docteur, le capitaine et son second en sont le trio directeur réussi, très bien campés respectivement par Corey Hawkins Liam Cunningham et David Dastmalchian), le film nous enferme assez vite dans le huis-clos de son vaisseau isolé en haute mer, imprégné par une atmosphère toujours plus dominée par la présence irrésistible de sa menace dissimulée dans les cales.

Évidemment, le sort du Demeter et de ses passagers étant pratiquement joué d'avance, le film d'André Øvredal va quelque part faire tout ce que l'on peut attendre de lui, c'est-à-dire faire monter en puissance les attaques de son Dracula à chaque nouvelle nuit de la traversée. Mais "Le Dernier Voyage du Demeter" va surtout le faire bien, s'inspirant d'une plus belles références en matière de longs-métrages angoissants en vase-clos : "Alien" premier du nom.
Avec son Demeter/Nostromo des temps anciens et son équipage de marins/victimes devant s'adapter à une forme de vie tout autant inconnue que carnassière, la reprise du schéma de cette référence incontournable prend ici tout son sens, les effluves de son climat perpétuellement anxiogène vont en plus bénéficier des connaissances complices du spectateur sur la bête à affronter en vue de malmener au maximum les nerfs de ses potentielles victimes. Et, à ce petit jeu, on peut dire qu'André Øvredal mène sacrément bien sa barque durant la majeure partie de la traversée, ne dévoilant que progressivement la silhouette de son prédateur (en mode incarnation bestiale) sur un terrain de chasse désormais fondu dans les recoins les plus sombres du Demeter d'où il peut à n'importe quel moment de la nuit surgir pour croquer une ou deux jugulaires. La tension exponentielle ressenti par les passagers déteint pleinement au-delà de l'écran, d'autant plus qu'Øvredal utilise de façon judicieuse quelques éléments du lore du vampire avec l'objectif de renouveler la nature de ses attaques et en maximiser certains effets de surprise plutôt bien pensés dans ce contexte.
En plus de personnages principaux révélant des facettes humaines touchantes dans l'épreuve où, bien entendu, vont se mêler parfois leurs points de vues divergents sur la manière de régler la situation (foi contre science, fuir ou faire face, etc) et des comportements extrêmes, il faut enfin signaler que le film n'hésite pas à mettre véritablement tous les passagers du Demeter au même niveau face au danger qui rôde, n'hésitant pas aller bien plus loin en ce sens que la plupart d'autres productions du même type pour réduire les humains au seul rang de proies devant leur prédateur.

Malgré toute l'efficacité brute de cette démarche se résumant à un jeu du chat et de la souris teinté de relents gothiques (jusqu'à la forme débouchant sur de superbes plans d'horreur maritime), il faut bien reconnaître que les pics d'adrénaline provoqués par ce "Dernier Voyage du Demeter" s'étiole dans son dernier tiers, sans doute devant la trop longue durée du film.
Parfois trop redondante au sein de ses phases diurnes (vous ne pouvez pas fouiller ce bateau de fond en comble en une fois, punaise ?!) et ne trouvant plus le même équilibre salvateur entre les passages à l'action et le temps des échanges, la dernière partie délivrera néanmoins encore de bons moments quant au sort intime réservé à certains protagonistes ou durant les ultimes attaques plus spectaculaires de la bête mais la tension qui avait tenu la barre du film d'une main décharnée jusque-là n'aura définitivement plus la même force, ne s'exprimant plus que par quelques soubresauts qualitatifs dans lesquels il manquera le feu d'artifice final auquel le film aurait pu prétendre... Même si l'épilogue, bien pensé, donnera malgré tout envie d'y revenir pour continuer à côtoyer ce Dracula n'ayant peut-être pas encore révélé toutes ses facettes.

Les lumières se rallument en même temps que le très bon score de Bear McCreary résonne une dernière fois à nos oreilles. Le "Dernier voyage du Demeter" s'est achevé mais la légende de Dracula, elle, continue bel et bien de se perpétuer grâce à lui

samedi 25 mars 2023

DON'T LOOK UP -DENI COSMIQUE







 Article de Wilfrid RENAUD

Il était une fois… une astronome anonyme, travaillant dans un petit centre de recherche qui découvre par hasard une météorite de plus de dix kilomètres de large, devant atteindre la Terre dans six mois…et anéantir toute vie.

 

On le sait depuis le Covid-19, la gestion mondiale en cas de crise, ce n’est pas ça. Avec un postulat de départ somme tout basique, Adam Mc Kay le scénariste-réalisateur, livre une fin du monde bourrée d’ironie, en fracassant les vitrines de la société américaine, tant au niveau politique que médiatique et sociétal, combinant ces trois vecteurs de manière jouissive.

 

Ce miroir tendu sur notre époque n’est pas reluisant, il livre même une synthèse acide et sans compromis. Et si on rit (beaucoup), l’inéluctabilité du dénouement apocalyptique qui s’annonce à grands pas s’avère être lui terriblement effrayant. Pas tellement à cause de la fatalité de la catastrophe mais plutôt à cause de notre incapacité à l’enrayer, si le cas se posait, les autorités décisionnaires du plus grand pays du monde (les USA) faisant la girouette entre la bêtise et l’appât du gain.

Dans le rôle des astronomes, dépassés par les événements, lanceurs d’alerte et pourtant parfaitement lucides sur ce qui convient de faire et ne pas faire, Léonardo Di Caprio et Jennifer Laurence sont redoutables. Rien que la scène d’ouverture où le personnage de DiCaprio, Randal Mindy, effectue deux fois ses calculs avant de ce rendre compte à travers ses équations que l’impossible est en train de se produire, vaut son pesant d’or; l’acteur passant de la décontraction joviale à la terreur contenue en un clin d’œil démontre, s’il est encore besoin de le prouver, qu’il reste l’un des plus doués de sa génération.

 

La suite du casting est royale, chacun semblant savoir d’avance le rôle et le jeu le plus adéquat en fonction de la situation. Meryl Streep, en cousine germaine d’Hilary Clinton avec des gênes trumpiennes, place elle aussi la barre haut avec son interprétation de présidente des États-Unis et Mark Rylance est doublement épatant en parodie d’Elon Musk. Sans oublier Cate Blanchett et Jonah Hill, dont le mépris respectif de leur rôle les rendent aussi détestables qu’hilarants.

Mais le film de McKay ne sert pas à un défilé de stars, on y voit cette volonté de concrétiser un scénario malin et solide, bien qu'il semble un peu long dans son dernier tiers mais qui nous laisse réfléchir sur la vacuité de nos existences face à un exterminateur venu du fond de la galaxie.

Le coté show des médias qui minimisent l’annonce, leur opportunisme pour gonfler l’audimat quand ils découvrent que le danger est réel et celui du gouvernement de continuer à faire des bénéfices, au détriment de la sécurité mondiale, en disent long à propos du manque de maitrise et de la visibilité sur le long terme, des cercles médiatiques et politiques, les désignant comme les responsables directs de la fin de notre civilisation.

Le sentiment de gâchis demeure lors de l’épilogue où les principaux protagonistes se retrouvent à table pour un dernier repas, faisant face courageusement à leur destin. La scène d’une justesse implacable dans la gestion des sentiments de tout à chacun, laisse un goût amer avec la phrase finale prononcée par Randal (DiCaprio) : « On avait vraiment tout ».

 Et si cela reste de la SF, on ne peut s’empêcher de penser, malgré les bonnes volontés, que la nature reprendra naturellement ses droits sur l’humanité, d’une manière ou d’une autre, l’intelligence des uns face à la bêtise des autres ne pesant pas lourd dans la balance.

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