POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 27 octobre 2018

LA FEMME AU TABLEAU


Article de Wilfrid RENAUD.
Le film datant de 2015 est disponible en DVD. Découvert sur mon réseau de médiathèque, le sujet et l'interprétation font qu'il a sa place sur ce blog malgré son visionnage tardif.
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Maria Altmann est née juive et autrichienne avant de fuir son pays lors des persécutions nazi durant la seconde guerre. Septuagénaire, propriétaire d'une petite boutique de chapeaux à Los Angeles, elle contacte le fils d'une amie de sa famille, Randy Schoenberg, jeune avocat inexpérimenté pour l'aider dans une affaire qui ressemble à un soulèvement de montagnes : récupérer le célèbre tableau de Gustave Klimt, représentant sa défunte tante Adèle, détenu au musée du Palais du Belvédère à Vienne.

Tiré d'une histoire vraie et réalisé par Simon Curtis, à qui l'on doit "Une semaine avec Marilyn", on a reproché au film une mise en scène académique.
Ce ne sera pas mon cas.
C'est ce que l'on peut constater certes, mais ce serait reprocher lors d'un repas que la serviette est mal pliée ou que la cuillère n'est pas placée du bon coté de la fourchette...
Tellement de films aux sujets importants sont si peu maitrisés (Dernier en date vu : Les Oubliées de Juarez) qu'il serait malvenu de faire la fine bouche face à la pertinence du propos et l'interprétation, plutôt brillante. Libre aux autres de préférer une construction bancale...

Commençons par là. Si les qualités d'actrice d'Helen Mirren ne sont plus à prouver depuis des années, il est surprenant de voir ici Ryan Reynolds dans un contre-emploi. Son personnage est retranscrit ici à la fois de manière candide et fragile, montrant un avocat peu sûr de lui, portant l'héritage d'un célèbre père juge d'instruction et d'un grand-père musicien non moins reconnu : Arnold Schoenberg.
L'alchimie entre les deux fonctionne parfaitement, et en font un duo improbable, avec certains dialogues savoureux et empreints d'ironie, qui va se heurter à l'administration autrichienne, peu désireuse de rendre ce qu'elle considère comme "La Joconde Autrichienne".
Le film évoque une double Autriche, celle qui essaye de s'amender des erreurs du passés, via le personnage de Daniel Brülh, journaliste qui les aidera dans leur périple judiciaire, et celle qui refuse de présenter ouvertement des excuses aux victimes du nazisme via le biais des responsables du Belvédère.
 Car si les deux acteurs sont américains, les personnages qu'ils interprètent portent en eux des racines autrichiennes. Randy Schoenberg à travers ses grands-parents : il se découvrira face au mémorial autrichien, une tenacité et un désir de revanche dont il ne soupçonnait pas l'existence. Et surtout Maria Altmann, qui à travers son exil avec son mari 50 ans auparavant , gardera le sentiment d'avoir abandonné ses parents à la folie humaine.
Les scènes de flash-back sont assez réussies, alliant des séquences d'élégances viennoises à un petit suspens qui accélère le rythme du film lors de la fuite des jeunes expatriés.

On apprendra d'ailleurs qu'une magnifique parure, issue de l'héritage familial se retrouvera plus tard au coup d'une certaine Emmy Goering, femme du célèbre Hermann, bras droit d'Hitler et qu'un autre tableau ornera carrément le salon du Furher.






Le dénouement final, à travers la plaidoirie de Schoenberg et le rendu du procès, emporte l'adhésion de ce joli film qui retrace à la fois une page d'histoire et une revanche sur le passé.

mardi 23 octobre 2018

FIRST MAN


Article de Frédéric Serbource
Au commencement, il y a cette berceuse parlant de la Lune d'un père chanté à sa fille gravement malade, un moment d'innocence pris sur le vif et point crucial du parcours d'une figure amenée à rentrer dans la mémoire collective de l'Humanité en accomplissant l'incroyable : être le premier à fouler le sol lunaire.
Après l'enterrement de la fillette, Neil Armstrong s'enfermera dans une pièce pour éclater en sanglots, seul le spectateur sera le témoin privilégié de ce moment caché à la vue de tous comme pour mieux comprendre l'importance de cette fêlure sur les événements à venir et, évidemment, que derrière un héros rentré dans les livres d'Histoire mais dont on connaît finalement peu de choses, il y a avant tout l'histoire d'un homme brisé par une douleur insurmontable.
Le futur astronaute ne reviendra d'ailleurs jamais directement sur ce décès à part lors d'un entretien avec les pontes de la NASA ou d'un rare moment de laisser-aller sur lui-même avec un collègue (il se ressaisira aussitôt en s'échappant) mais il sera bel et bien là, perpétuellement accroché à son ombre pour devenir tout autant un moteur le propulsant aveuglément vers sa destinée qu'un mal rongeant sa capacité à pouvoir ressentir à nouveau.

 
L'approche clinique, tenant presque du documentaire, de "First Man" sera bien entendu la parfaite traduction de l'état d'esprit d'un Neil Armstrong se parant de la froideur de son environnement professionnel dans l'espoir de quitter un jour une Terre où, pour lui, ne réside plus que sa douleur. La lumière des avancées vers l'exploit en devenir éclairera parfois le film et le regard d'Armstrong en direction des étoiles mais l'enchaînement des tests autour des missions Gemini ne fera finalement que nourrir encore un peu plus la silhouette de la Mort toujours bien trop présente dans son sillage et son obsession grandissante à encore aller plus loin (et plus haut en l'occurrence) au détriment du temps passé avec sa famille considérée à ses yeux comme une probable réminiscence permanente du souvenir de sa fille.

Que cela soit aux conférences de presse où il apparaîtra renfermé face aux questions légères de journalistes (les images d'archives sont là pour témoigner de cette vérité), à une réception à la Maison Blanche où le dialogue avec un sénateur ne réagissant que par des données économiques sera impossible et, encore plus que tout, dans sa propre maison où il ne sera désormais plus qu'un fantôme de passage en attente de son départ au grand dam de son épouse et de ses deux fils, l'homme semblera ne jamais se sentir à sa place en dehors des exercices à la NASA et de rares moments partagés avec ses collègues/semblables.


 
 
Quelques jours avant le voyage lunaire et devant sa démission familiale de plus en plus évidente, sa femme le mettra dans l'obligation de parler à ses fils, de leur dire simplement "au revoir" et peut-être "adieu" face aux risques encourus. Cette séquence déterminante du film pour comprendre la perte de repères d'Armstrong verra ce qui aurait dû être un moment poignant entre un père et ses fils lors d'un dîner en famille se transformer en simili-conférence de presse où Armstrong prendra la posture robotique qu'il y aborde habituellement pour répondre froidement aux questions de ses fils, incapable d'extérioriser la moindre empathie à leur égard. À ce moment, le fossé est désormais trop grand entre lui et les siens et seul l'épopée qu'il s'apprête à vivre paraît être un moyen de le combler.
Outrepassant toute la symbolique héroïque (pas de passage sur le drapeau américain planté par exemple), le dernier acte retraçant ce vol vers l'inconnu qui deviendra un grand pas pour l'humanité sera avant tout un grand pas pour l'homme, Neil Armstrong, vers l'acceptation de son deuil et la dernière scène de "First Man", muette, sublime et chargée d'une émotion quasiment palpable, celui vers des horizons meilleurs pour lui et ses
proches.


Choix ô combien pertinent par excellence, Ryan Gosling aura interprété avec maestria ce Neil Armstrong de l'ombre arborant un visage impassible derrière lequel l'intensité de sa douleur peine parfois à se dissimuler et où chaque manifestation de ses sentiments paraît tenir du miracle. Face à lui, Claire Foy en épouse cherchant à briser sa carapace infranchissable et la pléiade de secondes rôles (mention spéciale à Corey Stoll en Buzz Aldrin exécrable) n'auront pas démérité et, surtout, se seront tous fondus à la perfection dans l'approche de Damien Chazelle cherchant à privilégier majoritairement l'anti-spectaculaire dans le but de se placer à l'échelle humaine de ceux qui ont accompli, vécu et partagé un tournant de notre Histoire.
D'ailleurs, "First Man" pourrait presque être le titre d'un film de super-héros, c'est l'exploit héroïque et la petite phrase de Neil Armstrong qui nous restent en mémoire après tout, mais, ironiquement, le long-métrage de Damien Chazelle a préféré, lui, nous raconter l'identité secrète derrière ce "super-héros", celle de cet homme qui a fui vers les étoiles pour guérir de la blessure qu'il avait connu sur la Terre. 

Et cette histoire était toute aussi belle que la grande...

 

mardi 2 octobre 2018

PETIT PAYSAN

Article de Wilfrid RENAUD
 A mes yeux le cinéma français se porte mal. Entre des franchises nauséabondes (Taxi), des comédies populaires exagérément surestimées ( au hasard celles de Danny Boon, rien de personnel je l'aime bien mais je le préférais pendant ses one-man shows)  des "Bessonneries" selon saint Luc qui, s'il a un bon sens du rythme et de l'image, aurait dû depuis longtemps faire signer ses scénarios par quelqu'un de plus mature, des polars qui finissent à la longue par se ressembler et des drames à caractère social pesants, la French Touch ne me fait pas ou peu rêver.
En discutant avec des amis cinéphiles, il est rassurant de voir que c'est le cas de la plupart d'entre eux, évitant de penser du coup que je suis un -presque- quinquagénaire prétentieux.
De temps à autre, l'intérêt national se réveille à travers les films de Jacques Audiard, Jean-François Richet et Jean-Pierre Jeunet. (J'attends pour les deux premiers de voir respectivement "Les frères Sisters" et "L'empereur de Paris", nouvelle version de Vidocq).


Et puis plus rarement, il y a des films qui débarquent sans crier gare. Ou presque. La bande -annonce m'avait interpellé l'an dernier et j'ai découvert ce "Petit Paysan" sur les chaînes satellites.
Le cadre se passe durant les premières années de cas déclarés de la maladie de Creutzfeld-Jacob plus populairement appelée "la crise de la vache folle" au début des années 90. Pierre Chavanges (Swann Arlaud), jeune agriculteur ne vit que pour son exploitation comme le montre de manière surréaliste la première scène où il rêve de sa maison envahie par ses douces herbivores.
Quand une de ses vaches meurent après un accouchement difficile, il panique. Maladie ? Peut-être. Mais ne voulant pas voir tout son troupeau exterminé, il va brûler en pleine nuit la carcasse de la bête...
A partir de là, Pierre va s'enfoncer dans les problèmes. Il doit justifier auprès des autorités sanitaires l'absence d'une tête dans le troupeau. Un mensonge en amenant un autre, l'imbroglio "sanitairo-juridique" le mène sur le terrain dangereux de l'inégalité où seule sa sœur, vétérinaire de profession, deviendra sa protectrice malgré elle. (Sara Giraudeau, fille de Bernard que je découvre avec plaisir ici), risquant sa carrière par amour fraternel.


Hubert Charuel, le réalisateur, fils d'éleveurs, dépeint bien ce monde difficile aux bases fragiles.
Les exploitants peuvent tout perdre en une journée.
Avec des promesses d’indemnités qui ne viennent jamais, marquant au fer rouge leur santé mentale où démunis et seuls face à cette crise, ils sombrent dans la paranoïa, par peur de ne rien pouvoir faire d'autre, si leur troupeau devait être contaminé.

Le ton est juste, la cause de ce film social aussi.
Social mais pas pensant.
Sur son fond, il ressemble presque un film à suspens, où l'on se demande comment Pierre, sous le jeu intense de Swann Arlaud, va se sortir de ce piège dans lequel il s'est enfermé lui-même.
Sur la forme, il ne ressemble pas à un documentaire mais à un vrai film de cinéma, sans esbroufe mais avec une photographie joliment appropriée, voire rafraichissante face à d'autres "oeuvres d'auteurs" diablement prétentieuses.
Ce "petit paysan" a tout d'un grand film sous ses airs de "premiers pas d'un réalisateur à suivre".
Pour ma part, je le suis, avec ou sans ces vaches....


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