POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

dimanche 23 janvier 2022

NIGHTMARE ALLEY











Article de Frédéric SERBOURCE

Les premières minutes que l'on passe à parcourir cette "Nightmare Alley" ont beau nous montrer explicitement la fuite d'un homme devant un passé qu'il a cherché à réduire en cendres, le personnage de Bradley Cooper reste longtemps muet à l'écran, préférant se fondre dans les décors du monde forain, où il trouve momentanément un refuge et un travail aux côtés de ses figures freaks solidaires. Ce n'est qu'à la suite d'un incident, l'obligeant à s'introduire dans les enfers d'une attraction ô combien symbolique, que le personnage prononce ses premiers mots face au visage le moins reluisant de cette fête foraine. Car c'est le tournant capital du film, celui qui se présente sous le nom de Stan Carlisle vient en effet, et sans le savoir, de basculer dans un cycle d'autodestruction où la répétition des erreurs du passé ne laissera aucun échappatoire possible.
Comme son personnage qui cherche à se perdre dans ce milieu extravagant du cirque et de ses "monstres" de foire afin de rebondir, Guillermo Del Toro installe les pions de son récit dans cet univers fantasque en corrélation avec le cinéma qu'on lui connaît mais où, cette fois, l'illusion du fantastique se cantonne aux yeux de la foule naïvement bernée pour laisser le devant de la scène au charlatanisme et à ses subterfuges qui gouvernent l'envers de son décor. Ainsi, s'il permet dans le même temps à son triste héros d'obtenir une capacité avec laquelle il pense enfin avoir l'existence et la place qu'il mérite en ce monde, ce freak show est également un cadre de départ idéal pour le réalisateur bien décidé à quitter sa zone de confort en direction du film noir.
De fait, "Nightmare Alley" peut sembler suivre une trajectoire classique du genre dit "noir" pendant un long moment en s'attardant sur l'apprentissage des ficelles du mentalisme par Stan puis sur son ascension fulgurante dans le domaine (en plus de quelques virages sentimentaux convenus) mais, dans l'ombre, le film n'oublie en réalité jamais de souligner chacun des choix irrattrapables pris par un personnage qui se condamne aux mêmes châtiments d'un passé qu'il pensait laisser derrière lui.
 
Entre l'ingénue, puis voix de la raison, incarnée par Rooney Mara et la femme fatale, véritable serpent à visage humain, magistralement campée par Cate Blanchett, la soif d'ambitions à jamais insatisfaite de Stan (Bradley Cooper, parfait) aura tôt fait de l'entraîner dans les écailles froides de la deuxième pour le conduire à l'ultime étape de sa progression infernale qui l'engloutira définitivement. La dernière partie de ce "Nightmare Alley" sera une réussite en tout point, faisant vivre à Stan un retour de flammes à la hauteur des conséquences de sa propre noirceur et désormais représenté par des éclats de violence imparables à l'écran. N'ayant eu de cesse de faire rimer le parcours psychologique de son personnage avec l'excellence de sa mise en scène et sa direction artistique irréprochable, "Nightmare Alley" s'achèvera sur la déchéance la plus inévitablement cruelle auquel ce cycle ainsi dirigé vers la part la plus sombre de l'âme humaine pouvait conduire, le miroir des péchés passés et à venir que l'on avait décelé dans les débuts du film sera devenu une triste réalité, nous laissant sur la plus terrible des répliques et un rire de désespoir total.
Un grand film noir. Un grand moment de cinéma. Un grand Guillermo Del Toro en somme.
Et mon premier gros temps fort de l'année au cinéma personnellement.
 Article complémentaire de Wilfrid RENAUD

Guillermo Del Toro n’est jamais meilleur que dans la noirceur la plus totale et la moins tape-à-l’œil dans son cinéma .  « Le Labyrinthe de Pan » , « L’échine du Diable » et son oscarisé « La forme de l’eau » sont là pour en témoigner mais si pour ce dernier, le conte tragique se pare de poésie et d’un happy-end inhabituel.

Ici, à travers le personnage de Stan Carlise, brillamment interprété par  Bradley Cooper, est un antihéros détestable, manipulateur, menteur, escroc et trop ambitieux qui va vivre une descente aux Enfers depuis les coulisses d’un cirque aux hautes sphères de la société. Le film brasse plusieurs genres, dont le film noir à travers sa mise en scène ou son personnage de femme fatale, campée par Cate Blanchett, délicieusement vénéneuse. Au-delà d’un casting solide et d’une mise en scène inspirée, la photographie est superbe, ce sont surtout ses multiples références littéraires qui font mouche, notamment celle du mangeur de poules, attraction freaks, qui rappelle une nouvelle de Robert Bloch dans ses Contes de Terreur Nouvelles publiées entre 1940 et les années 70), même si ici, le fantastique apparaît comme un miroir truqué sur les espérances des uns, pour remplir les poches des autres.Les monstres ont un visage humain, de jolies paroles et tirent les ficelles pour parvenir à leurs fins, laminant les plus faibles et se gavant de leur déchéance.



Guillermo Del Toro nous emmène dans un monde sans foi ni honneur, cruel et sournois, où l’ambition et la réussite se payent à coups de pacte avec le Diable. Cette allée de cauchemar ne vous laissera pas indemne et fera paraître votre vie plus rose.

 

mardi 4 janvier 2022

MADRES PARALELAS



Article d'Eric BEAUVILLAIN

Indéniablement, le nouveau cru Almodovar est bon. J’ai même l’impression que le bonhomme se bonifie avec le temps… Perso, je ne suis pas fan des films « tranches de vie » où on bavasse de tout et de rien, avec un début qui pourrait se situer ailleurs et une fin qui mériterait qu’on s’arrête avant. J’aime qu’un film me raconte une histoire. Indéniablement, ce nouvel Almodovar remplit parfaitement la tâche ! Il en raconte même deux ! L’Histoire de l’Espagne franquiste et ses conséquences, la vie de deux mères qui se sont rencontrées à l’hôpital lors des accouchements… Deux drames qui se dévoilent lentement, petit à petit, fournissant à chaque scène un intérêt pour son histoire… D’ailleurs, j’aime bien qu’un film ait une fin satisfaisante, qu’il s’arrête là où il doit s’arrêter sans en ajouter plus qu’il n’en faut ou qui laisse le spectateur choisir lui-même sa fin parce que le réalisateur ne sait pas trancher. 

Indéniablement, Almodovar sait y faire : chacune des deux histoires a une fin, satisfaisante, qui se termine là où il faut, logiquement et sans avoir à discuter. En plus, j’aime bien qu’un film ne s’étire pas gratuitement, avec des scènes inutiles ou qui se répète. Indéniablement, Almodovar n’abuse pas du processus : les jours, semaines, mois passent en un claquement de doigts pour ne montrer que l’essentiel, le nécessaire. Certaines scènes sont plus longues mais juste ce qu’il faut pour raconter ce qu’il y a à dire… J’aime aussi les films où l’on peut croire à ce qu’on nous raconte sans que ça soit convenu, trop, pas assez, tiré par les cheveux ou peu crédible. Indéniablement, Almodovar remplit la mission. Tout en faisant avancer ses deux histoires majeures, il ajoute le métier de photographe de Janis, le magazine d’Elena, la mère d’Ana qui devient comédienne… L’ensemble est plein de moments de sincérité, du thé dans le patio à la vue de la chambre d’hôtel, de la nounou à qui on donne les affaires aux femmes du village qui accueillent Janis avec des gâteaux… Ça fleure bon la vérité, ça nous emmène dans la vraie vie tout du long sans coup de baguette magique sortant des facilités de son chapeau ! Bon, forcément, j’aime bien quand un film est bien joué, c’est insupportable de voir un comédien qui en fait trop ou une comédienne qui n’en donne pas assez (ou inversement). Indéniablement, Almodovar a l’art de diriger ses acteurs.

 Je ne crois pas avoir vu une Pénélope Cruz aussi magnifique ! Elle passe par toutes les émotions possibles avec une justesse incroyable. Elle magnifie le rôle avec sa sincérité. Milena Smit offre elle aussi un vaste panel de sentiments, en parfait contrepoint à Pénélope Cruz. Une fille plus vraie que nature dans sa souffrance, à l’hôpital, dans ses réactions, dans sa révolte adolescente… Aitana Sánchez-Gijón donne ce qu’il faut pour qu’on y croit ; Israel Elejalde est certes moins varié mais il fait carrément le job et rend totalement crédible son personnage… Bref, une interprétation irréprochable. Et puis je ne suis pas forcément fan des effets de caméras gratuits, des angles bizarres juste pour la beauté de la chose. Indéniablement, Almodovar s’en fout. Il pose ou bouge sa caméra avec douceur, se faisant totalement oublier pour rendre l’ensemble fluide et nous faire entre dans son film et nous laisser en profiter, en se faisant discret. Enfin, j’aime bien quand les films provoquent quelque chose chez moi. Que je ne le regarde pas comme j’observerais un train passer, avec indifférence… Indéniablement, si je le note, on comprendra qu’Almodovar a réussi le pari… Je n’ai pas la larme facile parce que souvent, un abus de musique, un plan trop appuyé, des phrases emphatiques gâchent l’effet… Pas là. Il faut reconnaître qu’Almodovar a le chic pour nous emmener tranquillement dans son histoire et faire gonfler l’émotion jusqu’au bout, prenant de plus en plus aux tripes… Il parvient même à faire se questionner le spectateur – en tout cas moi – sur l’histoire des deux mères, à me demander ce que j’aurais fait à leur place… Finalement, j’aime les films qui m’emportent sans que je voie le temps passer, à la fin desquels je sors repus et satisfait. Indéniablement, Madres Paralelas fait partie de ceux-là.

 

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