POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 19 octobre 2019

JOKER

Article de Wilfrid RENAUD
 La bande-annonce le laissait présager, ce Joker là serait différent de tout ce qu'on avait pu voir jusqu'à présent dans les films tirés de l'univers des Comics. Et son Lion d'or à la prestigieuse Mostra de Venise, épaulé par des critiques presse et spectateurs en grande partie dithyrambiques m'ont chauffé à blanc avant la vison du film.
Au final, je l'ai trouvé bon, même très bon par moments malgré quelques défauts dans son dénouement final. 
Le traitement est d'autant plus surprenant que le réalisateur avait auparavant été coupable du Very Bad Trip à l'humour décapant et qu'il change ici son fusil d'épaule tant et si bien que son film ressemble à parfois s'y méprendre à l'univers Scorsesien, notamment dans sa photographie et ses fulgurants pics de violences.
Un petit air de Taxi Driver
Arthur Fleck est un homme brisé et rejeté par ses pairs, on le suit durant les différentes étapes de sa folie qui vont le transformer en terrible Joker. Il serait réducteur de dire qu'un psychopathe réside dans chaque homme touché par les vicissitudes de l'existence. Arthur Fleck est déjà frappadingue dès le départ, après un séjour en asile, il suit un traitement, consulte régulièrement une psy sociale dans un bureau miteux qui annonce que les subventions dont il bénéficie sont aussi fragiles que sa santé mentale. 
Un rire incontrôlable s'empare de lui dans les moments de tension extrêmes et après la perte de son emploi de clown professionnel dans une société qui intervient chez les commerçants et les hôpitaux, il va basculer peu à peu vers sa vraie nature en s'apercevant à quel point il est isolé. Le point de non-retour sera atteint quand il apprendra que sa mère sur laquelle il veillait avec amour, lui à toujours menti sur ses origines. Enfant abandonné avant d'être adopté par une mère qui a aussi des troubles comportementaux, un individu sans racines ne peut se construire et par conséquence est enclin à détruire tout ce qui l'entoure.
Le triple meurtre de goldens boys dans le métro de Gotham alors qu'il portait son costume de clown va vite faire de lui l'emblème des plus démunis. C'est ici la deuxième et plus importante pour moi lecture de "Joker", film miroir d'une société malade où l'écart entre les classes sociales est si énorme que les plus pauvres se soulèvent avec l'arrivée de ce personnage qui prend de manière pernicieuse des allures de héros. La foule le copie et le banalise avec des masques de clowns grossiers avant de lâcher toute sa colère et sa frustration dans des actes de violence aux allures de guerre civile.
Plus ancré dans la réalité que Jack Nicholson et Heath Ledger, les deux interprètes précédents du personnage du Joker (Je ne compte pas Jared Leto qui a manifestement confondu avec le rôle de Marylin Manson), Joaquim Phoenix fait littéralement corps avec celui qui sera le redoutable adversaire de l'homme chauve souris. Physiquement sa transformation force le respect, kilos en moins, corps désarticulé, un coté gauche et boiteux chez Arthur Fleck avant que l'élégance et la souplesse de l'affreux jojo ne prenne le relais. Et un visage terrifiant.
 Un regard où tourbillonne une folie qui ne demande qu'à s'épanouir, un rire qui s'échappe comme de la vapeur d'une locomotive sous pression, l'homme devient en un battement de cil et un sourire dérangeant une véritable bombe à retardement.
C'est là que ça m'a un peu gêné: quand lors du talk-show télévisé, animé par le présentateur brillamment joué par Robert de Niro, entre son attitude et ses propos, on lui laisse autant de temps d'antenne sans que sa folie ne fasse tâche dans une émission humoristique. Mais le dénouement en sera radical et l'audimat en sera le premier ravi, déclenchant le chaos dans la ville de Gotham où l'anarchie deviendra l'étendard de toute une classe, trop longtemps victime du chômage, de la promiscuité et de l'abandon d'élus baignant dans le caviar. On y voit évidemment chez nous un rapprochement assez flagrant avec les événements qui ont eu lieu en France et un certain mouvement tout en jaune...Mais n'oublions pas que la lutte des classes n'a malheureusement pas de frontières.
Néanmoins ici, si les urnes ont perdu la confiance de la population, une fois l’insurrection probablement maîtrisée, ce leader malgré lui retournera en asile psychiatrique. Non sans que tout le chaos précédent n'ait eu des répercussions sur un certain jeune Bruce Wayne avec l'assassinat de ses parents...
Les pions sont placés et nul doute que si le fou parvient à faire une sortie, le chevalier noir pourra entrer en action sur l'échiquier de Gotham.

Malgré son coté noir et nihiliste, le film se permet des petites pointes d'humour et on se surprend, contrairement aux autres films où le Joker apparaissait, à avoir parfois de l'empathie pour ce fracassé de la vie marqué au fer rouge. Ce qui est un dérangeant tour de force surtout quand on le voit dans une ultime scène continuer sur sa lancée criminelle dans l'asile qui est censé le contenir. Mais la folie d'un homme est comme un fou-rire incontrôlable, une fois sortie on ne sait pas quand elle s'arrêtera.

 
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Lundi 14 octobre 2019

Article de Gaëtan Wildwood.

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société. 

Joker où la magistrale interprétation de Joaquin Phoenix atteint ici des sommets, sombre, triste, noir comme Gotham, mélancolique, tortueuse comme est l'âme du Joker... Comme un opéra, la tension monte crescendo et on se demande, quand tout va exploser... Ce film est un chef-d'oeuvre où on est entrainé dans la folie progressive de ce pauvre homme qui rêve d'etre un artiste de stand up et qui va sombrer dans sa folie destructrice. 

Jouant souvent sur les codes de Scorsese, avec par exemple " Taxi Driver", " La Valse des Pantins" ou encore " Les nerfs à Vif", trois films avec un de Niro jouant ici un personnage très proche de son personnage de Rupert Pupkin de " La Valse des Pantins", Todd Phillips pourtant habitué aux comédies comme la saga " Very Bad Trip" étonne et offre un récit sombre et tragique, violent, parfois drôle, souvent délirant et toujours suffocant. Il s'éloigne surtout des habituelles adaptations de comics en créant une histoire originale autour du Joker, ennemi juré du Batman, non tirée d'une bande dessinée même si parfois on y retrouve des similitudes avec Alan Moore et son " Killing Joke".Néanmoins, Joker sort donc des sentiers battus aussi grâce à cela. Si on ajoute à tout ceci, une direction artistique superbe et une très belle musique, on obtient, dans cette année cinéma assez terne, l'un des meilleurs films de 2019. À l'opposé des super-héros clinquants, voilà une antithèse des Marvel et autres productions du genre ( d'ailleurs rigolo que Scorsese casse un peu la firme et que Philips s'est inspiré du réalisateur des Affranchis pour faire son film...), Joker livre le portrait d'un homme cassé par la société pour un grand film. Puissant, noir, violent, passionnant, le film est à voir et reste une excellente et jubilatoire surprise.

mardi 1 octobre 2019

CA : chapitre 2

Article de Wilfrid RENAUD
 Au départ, un roman fleuve de Stephen King édité en 1986 sous trois volumes. Le film parle en surface d'un monstre, prenant l'apparence d'un clown qui resurgit tous les 27 ans dans la ville de Derry et se gave d'enfants, parfois d'adultes. La seconde lecture évoque des terreurs liées à l'enfance et les égouts de la ville symbolisent le passage permettant de les affronter en menant à l'âge adulte. A l'arrivée, après une première version sous forme de téléfilm en grande partie ratée, deux films d'André Muschietti qui donnent une seconde jeunesse à cette histoire faisant désormais office d'icône de la littérature fantastique, voire de la littérature tout court. 
Si le cinéaste a choisi une approche plus linéaire par rapport au matériau de base en nous contant d'abord la partie ado dans le premier chapitre sorti il y a deux ans, ici la partie adulte retrouve un peu l'esprit du roman puisque différents flash-backs nous font retrouver les jeunes comédiens et éclairent certaines scènes et relations d'un  regard plus complet.
Malgré un casting quatre étoiles, Jessica Chastain est lumineuse, j'ai quand même trouvé que celui des adultes peinait à retrouver l'alchimie redoutable de celui des gosses. Deux acteurs restent un peu fades à mes yeux (Jay Ryan et Isaiah Mustafa respectivement dans les rôles de Ben Hascom et Mike Hanlom - les deux comédiens aux extrémités du trombinoscope ci-dessus) malgré de bonnes scènes individuelles
Il flotte un parfum de nostalgie lié à l'enfance et à une certaine époque dans ce volet qui est mené tambour battant.
Ça fait  peur ?
Parfois.
Mais le film mise plus sur un coté spectaculaire où les apparitions du clown, toujours interprété par l'excellent Bill Skarsgard, sont orchestrées comme des numéros de music-hall version "petite boutique des horreurs"
Bill Skarsgard méconnaissable sous le maquillage.
 Dés la première séquence, où le réalisateur primé à Cannes, Xavier Dolan, s'est prêté au jeu de la première victime pour le retour de Grippe-Sou, ce chapitre 2 frappe juste et bien et son envolée de ballons rouges, comme des gouttes de sang, revient régulièrement en guise de symbole, ou de future apparition du clown.

 La scène de l'appartement de la vieille dame est à ce titre très réussie. L'apparition du monstre est bien amenée et la séquence regorge de petites trouvailles qui mettent le spectateur mal à l'aise.
Car les protagonistes vont devoir renouer avec leur passé oublié et retrouver chacun un objet auquel ils tenaient, en vue d'un rituel chamanique pour éliminer la créature. J'avoue que cette partie est un peu tirée par les cheveux mais était aussi présente dans le livre, hélas.
En revanche, était-ce bien nécessaire de mettre cet humour véhiculé par les personnages de Bill Halder et James Ransone de façon si omniprésente, tant et si bien qu'il désamorce quasiment toutes les séquences dramatiques ?
Car malgré sa tension, les phrases cinglantes fusent à la vitesse d'un numéro de stand-up comme pour s'excuser de l'horreur de ce tueur de gosses. Scary Movies reste encore quelques étages dessous mais tout de même. Non pas que ce ne soit pas drôle ici, ( Le clown lançant au Ben planqué dans son placard de l'école un mémorable "embrasse-moi, p'tit gros") mais du coup cela gâche un peu les retrouvailles avec l'affreux jojo. Celui-ci joue habilement avec les nerfs des personnages et du coup les nôtres et on aura beau dire et faire, il est rentré les doigts dans le nez dans le panthéon des grands monstres fantastiques.


Face à lui, il fallait bien au moins deux comédiens confirmés pour lui donner le change. Jessica Chastain a trouvé un rôle plus complet qu'à son accoutumée (je trouve souvent son talent sous-employé dans la plupart de ses films), force, grâce, luminosité, elle est sans conteste l'autre star du film. James McAvoy lui assure comme d'habitude malgré le peu de ressemblance avec sa version enfant. Petite déception du coté du personnage de Henry Bowers, l'autre taré mais humain de l'histoire, il semble avoir été sacrifié au montage et de mémoire avait un rôle plus important dans le roman.
D'ailleurs, des passages pourtant très tendres dans la jeunesse des héros sont totalement absents et même une sexualité un peu crue qui est difficilement montrable ici dans ce contexte.
Au final pourtant, le résultat reste très honorable, balayant d'un revers de la main les conneries "Conjuring" et consort, et si le coté spectaculaire se fait au détriment de la peur insidieuse, c'est avec une générosité et un amour du roman indéniable. La culpabilité et la rédemption sont au centre des états d'âmes de ces adultes fragiles qui surmonteront l'insurmontable, et comme le dit lui-même Grippe-Sou d'une voix presque éteinte à la fin : " Vous êtes fiers de vous ? Vous voilà devenus grands maintenant".
 Oui. Les enfants enfouis dans leurs corps d'adultes en ressortent grandis malgré la perte de deux d'entre eux. Mais si vous ne connaissez pas l'histoire complète...chutt...ce serait dommage de gâcher l'ultime émotion de l'épilogue, au final très humain dans ce cauchemar...inhumain.
Ça se fait la double Palme d'or de Cannes...miam.



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