POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

mercredi 13 décembre 2017

LA PLANETE DES SINGES à l'ère du numérique

Article thématique de Wilfrid RENAUD

La sortie DVD de LA PLANÈTE DES SINGES : suprématie donne l'occasion de revenir sur cette saga désormais culte.
Le concept de la motion capture n'est pas neuf. Peter Jackson en a montré l’extraordinaire capacité via sa première trilogie de Tolkien et le Gollum qui apparaissait dans le second volume "Les deux tours" en 2002.
Interprété  par Andy Serkis, son apparence était fascinante, bluffante. Et son personnage est entré dans la pop-culture à la vitesse de la lumière.
Ici, dans cette relecture particulière du roman de Pierre Boule, c'est de nouveau le même comédien qui prête son jeu et son regard à Caesar, le singe qui parle.
Le résultat est saisissant et si la version avec Charlton Heston en 1968 reste un grand classique, cette nouvelle saga à l'ère du numérique occupe une place à part dans le renouveau d'un certain cinéma.
Petit tour d'horizon où la maestria des effets spéciaux ne prennent pas le dessus sur un fond bien réel et un thème toujours d'actualité : la peur de l'autre.
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LA PLANÈTE DES SINGES : les origines de  Rupert Wyatt (2011)

Les blockbusters estivaux sont prétexte à des sorties parfois incontournables pour les cinéphiles en manque de grand spectacle. Le problème est qu'on a souvent droit à du grand n'importe quoi et/ou des suites sans saveur.
"La planète des singes : les origines" n'entre, heureusement pas dans ces catégories.
Oubliez le film de Tim Burton de 2001, cette nouvelle version démarre de nos jours et est ancrée dans une réalité bien palpable. Le film pourrait se situer bien avant "La planète des singes" de Franklin J. Schaffner en 1968 et se rapproche même de sa séquelle "La conquête de la planète des singes" de Jack Lee Thompson en 1972.
L'histoire : A San Francisco dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. Céasar, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire.



L'acteur, Andy Serkis filmé en motion capture et son traitement informatique pour arriver au personnage de Céasar



En privilégiant la motion-capture (technique utilisée entre-autre pour Avatar et le "Gollum" du Seigneur des anneaux) au lieu des traditionnels maquillages, Rupert Wyatt le réalisateur, tranche avec ses prédécesseurs et permet à ses singes d'avoir des expressions au niveau du visage que les maquillages avaient tendance à figer (Joie-Colère-Peur). La performance d'Andy Serkis dans le rôle de Céasar est aussi redoutable que l'évolution de son personnage dans le film.
Il permet de le faire passer par toutes les étapes : l'innocence, la peur, le désespoir, la colère, la rébellion et enfin la révolte.
Tant et si bien qu'à la fin, il se maintient presque comme un humain mais plus du tout comme un singe, semblant montrer aux hommes qu'il est désormais leur égal, voire la future espèce dominante.
Cette motion capture se combine bien avec les autres images de synthèse des singes dans des déplacements vertigineux et virevoltants (la découverte de la forêt de séquoias, l'évasion de la prison) dans une mise en scène efficace pour un film dont le rythme va crescendo jusqu'à l'affrontement final sur le pont de San Francisco entre singes et humains.


Pour autant, l'émotion n'est pas oubliée et les acteurs en chair et en os s'en tirent bien. James Franco, partagé dans ses sentiments entre l'envie de trouver un remède à la maladie d'Alzheimer pour sauver son père ( John Lithgow, très touchant) et un amour quasi-filial envers Céasar, où il est dépassé par le résultat de son expérimentation qui devient incontrôlable.
Ce trio de personnages (interprétés par Serkis-Franco-Lithgow) fonctionne à merveille, contrairement aux autres, peu développés et du coup assez caricaturaux (le méchant geôlier joué par Tom Feldon, échappé de la saga Harry Potter).
Et une pensée pour la pauvre Freida Pinto, en vétérinaire et petite amie de James Franco, qui aussi jolie soit-elle, se retrouve au rang de décoration féminine et n'apporte pas grand-chose à l'histoire à part un peu de compassion extérieure envers Céasar et un regard inquiet sur ce qui risque d'arriver.


Du coup, contrairement aux autres versions de la saga, on se surprend à avoir de l'empathie envers ces singes, épris de liberté et sans dévoiler les bonnes surprises du scénario, le réalisateur a su poser les bases d'une future franchise qui titille l'intérêt et l'envie d'en savoir plus. Un bon film qui évite la surenchère d'effets spéciaux, qui questionne sur les dérives des recherches médicales à travers un divertissement estival de qualité et dernier point important : qui n'a pas besoin de la 3D pour sa propre publicité et du coup sa réussite.



LA PLANÈTE DES SINGES : l'affrontement de Matt REEVES (2014)


 

Il est rare de constater que les blockbusters estivaux possèdent une véritable âme. "La planète des singes : l'affrontement" est de cette trempe. Marchant dans les traces de ses illustres prédécesseurs dans les années 70, celui-ci allie divertissement et intelligence avec brio.
Le thème central tourne de manière directe avec "la peur de l'autre". Nous retrouvons César dix ans après les événements de "La planète des singes : les origines". Le virus, inoculé aux singes dans l'espoir de lutter contre la maladie d'Alzheimer, les a certes rendu plus intelligents mais a été quasi-fatal pour l'Humanité  : 1 personne sur 500 a survécu.

Les miraculés se sont regroupés dans des villes décrépies, où la nature semble reprendre ses droits.
La rencontre entre les deux espèces va se révéler tendue. Les singes se méfient des hommes et les hommes ont peur des singes, de plus en plus nombreux. César a depuis deux fils et les autres se reproduisent aussi à l'état naturel mais les plus anciens n'oublient pas facilement ce qu'ils ont endurés.
Espérant remettre en marche un barrage hydraulique qui assurera du courant à la ville où tous sont réfugiés, un groupe d'humains empiètent sur le territoire des singes. César semble leur accorder une confiance limitée, il veut éviter un affrontement qui serait fatal à son peuple.
Mais Koba, singe ayant passé de nombreuses années dans des labos, comme le montrent ses cicatrices, ne veut pas d'eux. Il va déclencher des événements dont l'issue déterminera la suprématie d'une des deux espèces...





Matt Reeves, le réalisateur, joue plus avec cette tension sous-jacente qu'avec les scènes d'actions, au final peu nombreuses. Celles-ci sont d'ailleurs toujours justifiées et ne sombrent pas dans la surenchère. Les singes sont toujours aussi vrais que nature et si Andy Serkis, incarnant César emporte une nouvelle fois la palme, il faut compter aussi avec Toby Kebell, terrifiant en Koba et Nick Thurston qui interprète tout en nuances "Yeux bleus", le fils de César.

Leurs scènes les plus intimes, souvent lentes, passent beaucoup par les regards, et force et de constater que chacun possède son double dans le miroir humain, ce qui au final  ne rend pas les uns si différents des autres et met en évidence nos craintes et nos faiblesses.
Coté casting chez les hommes, en revanche ce n'est pas trop la fête. Le charismatique James Franco  a été éliminé de la série, sans doute emporté par le même virus qui avait tué un de ses collaborateurs dans le premier film. Il y a certes Gary Oldman mais qui a un rôle secondaire, Jason Clarke ( vu dans "Des hommes sans loi") qui tire plutôt bien son épingle du jeu, Keri Russell (Mission Impossible 3) ou bien Kirk Avecedo ( la série télé "OZ") mais ils paraissent plutôt fades face aux extraordinaires performances de leurs collègues en primates.

Et si la franchise tend de plus en plus à ressembler à celle d'il y a quarante ans, certains singes se déplacent à cheval et parlent, la démonstration fait la différence. Subtil, intelligent, prenant son temps pour poser des bases solides, le 3ème épisode, actuellement en préparation, promet d'être fatal...pour les hommes.

Tant mieux, on en redemande. Longue vie à César.



















LA PLANETE DES SINGES : Suprématie de Matt REEVES (2017)

Article de Wilfrid RENAUD
La nouvelle version de "La Planète des singes" sous-titrée "les origines" en 2011 avait surpris par la modernité de son propos et surtout l'excellence de sa motion-capture. Les primates paraissaient plus vrais que nature aidés par la composition de leur leader Andy Serkis dans le rôle de Caesar. Tout aussi réussie techniquement, sa suite "L'affrontement" en 2014 était plus simpliste dans son propos, plus guerrière et tribale et on était en droit de se demander si la nouvelle franchise n'allait pas ressembler à un soufflé qui retombe.
Le troisième opus "Suprématie" répond  favorablement à nos inquiétudes. Si vous avez vu la bande annonce et que vous croyez avoir deviné tout le film, sachez que celui-ci s'avère être plus profond et complexe. La menace simiesque aux yeux des humains, alors que le peuple ne demande qu'à vivre en paix, a atteint un point de non retour. Ils ont décidé de carrément l'éradiquer. Lors d'une infiltration nocturne, un groupe de soldats mené par son chef modestement nommé "le Colonel" croit abattre Caesar dans son repaire. Ils ont en fait tué son fils.
Caesar, partagé entre un désir de vengeance et la responsabilité de mener son peuple en lieu sûr, hésite avant de partir à la recherche de son meurtrier. Sur la route, ils croiseront une petite humaine isolée, sourde-muette, sans se douter que le virus qui a tué des millions d'humains a désormais muté, les privant de l'usage de la parole...
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Bonne idée que celle du virus qui a muté, inversant ainsi les lois naturelles entre les singes qui commencent à parler et les humains qui vont être privés de cette fonction, les renvoyant à un stade animal.

Pour le pitch de départ, si celui-ci évoque des classiques du western, c'est en effet le cas durant son premier quart. Impression renforcée par l'image de ses singes cavaliers portant des carabines et chevauchant des montagnes enneigées.
Autre impression, celui de l'hommage au film original, quand ils chevauchent sur une plage ensoleillée à marée basse. On s'attendrait presque à voir une statue de la liberté au détour d'une crête mais c'était sans doute encore trop tôt...
Andy Serkis est César
La technique est irréprochable, on en oublie les effets spéciaux, où les acteurs sont en motion capture, pour se focaliser sur les personnages. Caesar domine tout le monde une fois de plus grâce au jeu exceptionnel de son interprète Andy Serkis. Tout en nuances, il n'a plus rien à voir avec le singe modèle et optimiste du premier opus. Tristesse et colère habitent désormais son cœur. Et surtout son regard.
Et si à travers ses yeux, la première émotion arrive à nous émouvoir, la seconde fait carrément froid dans le dos.
Pour lui faire face, il fallait du coté des humains un acteur qui ait suffisamment de présence et de force sans en faire des tonnes. Woody Harrelson campe un colonel qui ressemble à celui qu'incarnait Brando dans Apocalypse Now, ivre de détermination et de despotisme, il n'en est que plus inquiétant.

Surtout quand on voit sa réputation inspirer suffisamment de crainte pour que des gorilles en viennent à trahir leur espèce. Se rangeant du coté des humains, traités comme des mules et portant des munitions entre autres basses besognes.
Pourtant son personnage apparaît peu à peu moins manichéen que prévu : un destin tragique et cruel qui fait comprendre ses motivations, aussi discutables soient-elles.
Sa relation avec Caesar va tourner au rapport maitre-esclave quand Le Colonel réussira à emprisonner les survivants de son groupe, dont les plus jeunes singes, afin de les obliger à construire un mur autour de leur base. Caesar comprend que la guerre entre plusieurs factions d'humains a aussi lieu et il devra compter sur l'aide de ses amis, Luca et Maurice ainsi que la petite humaine qui s'est jointe à eux, Nova, pour libérer tout le monde avant qu'il n'y ait plus de victimes, reléguant sa vengeance au second plan

Les potes, on arrête nos singeries, on a du pain sur la planche.
Le dernier quart se joue de manière tendue, non sans quelques touches d'humour grâce au singe Bad Ape, échappé d'un zoo et vivant reclus avant que Caesar et ses compagnons ne le rencontrent. Évasion des singes, affrontement entre les hommes  doublé d'une avalanche qui n'épargne aucun groupe ni aucune espèce. Un final très spectaculaire, plus maitrisé que celui du second opus, qui redistribue les cartes  de manière irréversible justifiant le sous titre "suprématie".
Et si on ne peut s’empêcher lors de l'épilogue de penser que Caesar est devenu un Moïse plus poilu que barbu en emmenant son peuple après une longue marche vers des terres hospitalières, l'effet n'est jamais appuyé.
Tout comme l'émouvante image finale où Matt Reeves, le réalisateur conclut en beauté et tourne la page de ce singe pas comme les autres.
Le singe qui parle.
Écoutez-le encore, il a tellement à dire avec si peu de mots.








vendredi 1 décembre 2017

THE LOST CITY OF Z

Article de Gaëtan Wildwood

Synopsis :

L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d'Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…







 D'après le roman "La Cité perdue de Z" de David Grann, "The Lost City of Z " est un grand film d'aventure à la fois épique et sidérant entre Apocalypse Now et Aguirre. Le décor est foudroyant. Les jungles foisonnantes d’Amazonie, leurs dédales labyrinthiques, leur faune dangereuse et leurs populations indigènes font une palette immense que le cinéaste James Gray filme par légères touches impressionnistes. Le dépaysement est total.

Entre action, épopée historique et biopic, " The Lost City of Z " devient le récit d’une obsession qui se réduit à la psychologie de son personnage central. Car la quête de Fawcett va se nourrir de la frustration engendrée par inassouvissement du désir convoité. Charlie Hunnam, est parfait dans la peau de Percy Fawcett. La prestation de Ian McDarmid bien qu'un peu courte, est remarquable. Robert Pattinson obtient l'un de ses meilleurs rôles dans un film. Et Tom Holland, le nouveau Spiderman joue le fils de Fawcett. La distribution est impressionnante comme Sienna Miller. Bref James Gray m'a fait vivre une expérience incroyable, au cœur des grandes expéditions sauvages survenues au début du siècle dernier. Un voyage époustouflant de réalisme.





dimanche 19 novembre 2017

A CURE FOR LIFE



Article de Wilfrid RENAUD
Gore Verbinski s’inscrit décidément à part en que cinéaste Hollywoodien. Après avoir débuté avec le déjanté et cartoonesque film « la Souris » (1997) où on retiendra des gags qui font mouche et des interprétations hilarantes (Christopher Walken en dératiseur professionnel vaut son pesant de fromages), réuni deux icônes de l’époque dans une comédie policière en 2001 (Brad Pitt & julia Roberts) dans le Mexicain, réussi la version américaine de the Ring en 2002 et de sa suite en 2005, avoir mené ses Pirates des Caraïbes à l’autre bout de mondes étranges et surnaturels dans la trilogie s’étendant de 2003 à 2005, fait un détour dans le cinéma d’animation avec l’étrange Rango, et enfin ressuscité dans le très réussi et pourtant peu connu The Lone Ranger-vieille série télé américaine des 50-60’s, le voilà avec un petit bijou nommé "A cure for Life", tourné en partie dans le château Hohenzollern en Allemagne
Gore Verbinski

Ce thriller horrifique brasse beaucoup de thèmes déjà exploités au cinéma mais arrive à trouver sa propre identité par ses qualités visuelles et son rythme hypnotique. Gore Verbinski va entraîner le spectateur là où il veut et en d’autres mains le final aurait pu être ridicule mais curieusement passe ici plutôt bien.
 Le début dénonce les travers d’un système capitaliste où la course au profit au sein d’une entreprise est abordée comme une maladie qu’il faut soigner.  Lockart, (Dane DeHaan épatant dans ce rôle) jeune cadre ambitieux, est envoyé en Suisse pour retrouver son patron qui ne donne plus signe de vie depuis une station thermale. Il va rapidement s’apercevoir que quelque chose cloche. Le personnel, son directeur Mr Volmer (Jason Isaacs vu dans la saga Harry Potter), les patients. Si le cadre parait idyllique, la cure cache apparemment un terrible secret lié à l’eau.  Son patron, Mr Penbroke refusera de quitter les lieux, tenant des propos obscurs entre deux phrases lucides, et Lockart tentera de repartir de la station. Sa voiture sera projetée dans un fossé après avoir heurté un cerf et rapatrié à la station avec une jambe cassée, il sera contraint de rester dans ce lieu étrange où le cauchemar ne fait que commencer…
A cure for life c’est un peu le loup de Wall Street  qui rencontre  Shutter Island mais ici le lieu est chargé d’une vieille légende où un baron voulait épouser sa sœur deux cent ans auparavant. Et le poids de celle-ci pèse sur la station thermale, faisant resurgir un malaise palpable qui s’infiltre comme un poison.
Dan DeHaan, vu récemment dans le Valérian de Luc Besson, tient ici un rôle à la mesure de son potentiel. Tout en nuances, le cadre arrogant qu’il incarne, cache lui-même une blessure liée à son père, et le piège qui se referme sur lui va l’obliger à revoir ses positions et tout son mode de vie. Son interprétation est pour beaucoup dans la réussite et la crédibilité de cette histoire hallucinante. Difficile d’en dire plus sans tout dévoiler mais disons que la fiancée de Frankeinstein et l’ile du docteur Moreau ne sont pas très loin des influences principales de ce scénario signé par Justin Haythe (qui a déjà travaillé sur Lone Ranger) d’après une idée de Gore Verbinski lui-même.
Celui-ci met tout son savoir-faire et son sens d’esthète au service de son histoire, la musique et le chant enfantin du thème principal rappelle l’ambiance du Labyrinthe de Pan, même si les deux films n’ont rien en commun. Ici, il y a des flashs fulgurants et des images chocs, anguilles électriques, cadavres dans des sarcophages d’eau et ballerine en porcelaine surmontant des boites à musique. Piscines d’un bleu trop pur pour être naturel, celles d’une eau trop noire pour être rassurante et bains de vapeurs si opaques qu’ils ressemblent à des culs de sac. Entre hallucinations et réalité, Verbinski entretient le mystère pendant quasiment tout son récit et nous emmène sur les territoires du fantastique sans en avoir l’air.
Son imagerie est d'une poésie morbide fascinante et en fait un des meilleurs films de genre que j'ai pu voir depuis longtemps. On en ressort avec l’envie de profiter de la vie dans ses plaisirs les plus élémentaires et celle de fuir une société folle qui court à sa perte.
Chez Verbinski, la dénonciation d’une entreprise en crise d’où vient Lockart, n’est sûrement qu’un reflet d’Hollywood, voire du géant Disney, et ses enjeux monétaires qu’il a bien connu. Chez le spectateur, chacun devrait y voir un élément qu’il lui parlera directement selon son propre parcours.

Pour ma part, j’ai hâte de voir ce que sera la suite de sa carrière, tant il s'inscrit dans ce que j'aime et je recherche dans le cinéma actuel.


lundi 6 novembre 2017

BLADE RUNNER 2049

Article de Wilfrid RENAUD
 

Suite directe du premier Blade Runner, film culte de Ridley Scott sorti en 1982, la mode des univers étendus/ suites /remakes et reboots en ce moment aurait pu faire craindre le pire, voire virer à la catastrophe. 
Denis Villeneuve sur un des plateaux du film.
Néanmoins, Ridley Scott en est le producteur principal, ce qui reste malgré ses détracteurs, un gage de qualité pour moi. Et puis surtout c’est Denis Villeneuve qui a réalisé cet opus 2049, réalisateur canadien, que j’admire depuis les très belles réussites qu’étaient Sicario et Premier contact. Cerise sur le gâteau, c’est Hampton Fancher, scénariste du premier film qui est à l’origine du script c, épaulé par Michael Green et Ridley Scott, qui ont travaillé auparavant sur Alien Convenant, ce qui garanti une homogénéité à l’ensemble. (Ridley Scott voulant créer des passerelles entre ses deux œuvres cultes pour ne faire qu’un même univers. Ça commence à pointer le bout de son "oeil" mais c’est une autre histoire…)

 
1982, c’était le premier Blade Runner, choc visuel imparable à l’époque (les effets spéciaux ont un peu vieilli depuis quand même), ambiance lancinante et hypnotique, doublée d’une réflexion sur le genre humain et la cohabitation d’une technologie qui la dépasse (les fameuses Intelligence Artificielle ancrées dans des robots à l’apparence humaine –les Réplicants). Pour ceux dont le cinéma de science fiction commence à l’ère de James Cameron, non ce n’est pas pompé sur le belliqueux Terminator, celui-ci rappelons-le, est sorti 2 ans plus tard. Et l’histoire de Blade Runner est une adaptation libre du roman de Philipp K. Dick mort en 1982, « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » publié en 1968.
Ajoutons que le point commun entre Terminator et Blade Runner s’arrête à l’androïde doté d’une apparence humaine. Si le film de Cameron reste iconique, celui de Scott est plus classieux et plus profond, mélange science-fiction et polar noir. Il ne parle pas de visiteurs du futur mais se situe directement dans le futur, en 2019 pour être exact, ce n’est jamais que dans deux ans maintenant mais à l’époque des décennies séparaient la fiction de la réalité. Un futur surpeuplé donc, pollué, où les colonies spatiales sont devenues réalité et où les Réplicants sont utilisés comme des esclaves modernes, pour les travaux pénibles ou comme objets de plaisirs. Ils sont crées grâce à de l’ADN humain par la Tyrell Corporation, mais ne sont ni des clones, ni des robots. Après une révolte sanglante et inexpliquée où ils ont détournés un vaisseau pour Mars, six Réplicants du modèle Nexus 6 sont interdits sur Terre.
  Des unités spéciales, les Blade Runner, traquent les modèles en situation irrégulière mais les plus modernes sont difficiles à distinguer des humains. Les Blade Runner utilisent un protocole sous forme de questionnaire pour les reconnaitre. Leur durée de vie est en général de 4 ans pour éviter qu’ils s’humanisent.
Voilà pour le point de départ, la suite du film voit donc Deckard -un Blade Runner- à Los Angeles (incarné par Harrison Ford) traquer un groupe de Réplicants insoumis mais partir dans les montagnes avec un modèle féminin plus récent Rachel dont il était tombé amoureux, tout en sachant qu’elle a une durée de vie précaire. Entre un Star-Wars et un Indiana Jones, Harrison Ford tenait là, le troisième rôle phare de sa carrière, tant le film est devenu une référence en matière de science-fiction.



2019- La suite de Blade Runner nous projette trente ans après ces événements.
BLADE RUNNER 2049- Les humanoïdes, issus du génie biologique, existent toujours mais ont été intégrés dans la société pour assurer la survie de l’humanité.
K (Ryan Gosling) l’un des plus récents modèles conçu pour obéir travaille comme Blade Runner au district de police de Los Angeles. Sa mission consiste à pourchasser et à éliminer d’anciens modèles délinquants. Dans une ferme, il élimine un ancien modèle et découvre par hasard une boite enterrée au pied d’un arbre. L’analyse médico-légale révèle que ce sont les restes d’un Réplicant femelle mort à la suite des complications d’une césarienne pratiquée dans l’urgence. 
 K, troublé, va enquêter de sa propre initiative et découvrir que les restes sont ceux de Rachel (Sean Young), un Réplicant femelle ayant vécu 30 ans plus tôt, et qui a eu une liaison amoureuse avec Deckard (Harrison Ford). Et si cet enfant avait survécu ? Ce miracle pourrait mener à une guerre ouverte entre humains et androïdes…
 
Voilà pour le résumé de départ et, à mes yeux le film de Villeneuve, tient toutes mes espérances à la fois sur la forme et sur le fond tout en donnant envie de se replonger dans le premier pour en apprécier tout le plaisir et la subtilité.
Sur la forme, le film s’inscrit dans le même univers visuel que celui de Scott, en tenant en compte que trente ans se sont écoulés et que la technologie a évoluée en même temps que le contexte économique, la Tyrell corporation n’existe plus et a été rachetée par Niander Wallace, magnat industriel présenté comme un messie mégalomaniaque. Ainsi, on retrouve une version miniature de la machine oculaire pendant les tests avec le questionnaire, des voitures volantes au design plus élaborés et des villes poubelles, quand elles ne sont pas en grande partie ensevelies sous le sable, pour ne citer que ces exemples. Le futur ne donne pas très envie, d’autant que la morale et le bon sens semblent avoir complètement disparus, comme les vestiges d’une civilisation ancienne…
K, le Blade Runner, interprété par Ryan Gosling est un androïde solitaire qui a pour seule compagnie, un hologramme, ancré dans son appartement, en guise de femme. Mesure de sécurité pour éviter que sa conscience ne trahisse ses obligations envers les humains, il transgresse néanmoins ses directives en lui donnant dans le film une certaine autonomie pour qu’elle l’accompagne dans sa mission. Sans tout dévoiler, sur le fond, le spectateur perd dans certaines scènes ses repères actuels. Des androïdes vivant aux cotés d’hologrammes, qui imitent des humains qui s’avèrent être parfois des androïdes…la mise en abîme est profonde, dérangeante, et crée paradoxalement une empathie particulière pour le personnage de K dont le jeu minimaliste de Gosling, passe surtout par le regard (bleu) et les silences.
L’enjeu de l’histoire donne de la matière à penser : un hybride venant d’un humain et d’un androïde femelle (qui rappelons le,  à de l’ADN humain, donc qui aurait pu développer des organes génitaux). Qu’adviendrait-il de notre futur si cela devait se produire ? Les biotechnologies dotés d’une conscience remplaceront t-ils l’homme au point de l’éradiquer ? Chercheront-ils à l’asservir dans un juste retour des choses ? Ou bien cohabiteraient-ils en respectant leurs créateurs ? D’autant qu’une nouvelle espèce, issue d’un humain et d’un androïde poseraient à la fois de nouveaux repères et de nouveaux modes de fonctionnement de toute notre civilisation actuelle. Et vu la peur primale d’une grande partie de l’humanité pour tout ce qui est différent, je doute que cela se fasse de manière pacifiste. Et c’est le pli que semble prendre le film vers les trois quarts de l'histoire, un groupuscule de Réplicants pointe le bout de ses circuits, décidés à protéger l’enfant coûte que coûte.
Le personnage d’Harrison Ford -Deckard- est aussi une énigme en lui-même. Qu’est-il advenu durant ces trente ans ? Réfugié dans une cité abandonnée, l’enfant est-il avec lui ? L’a-t-il élevé ? Le film  apportera les réponses de manière assez inattendue, laissant la porte ouverte à une trilogie qui s'avèrera plutôt bien fichue pour le moment. Et ceux qui croyaient voir le twist final arriver de loin en seront pour leurs frais. Le coté romantique du premier opus n’existe plus ici, le personnage pivot de l’histoire n’étant pas humain, il en découle une certaine amertume dans une crise existentielle robotique qui pourront laisser certains spectateurs sur le coté de la route. Mais la route est audacieuse, ambitieuse et donne surtout, sacrément envie, d’un horizon plus optimiste.
Pas sûr que l’avenir de Blade Runner ne soit pas meilleur que celui qui nous attend d’ici trente ans. On en reparlera alors… Peut-être…

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