POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

mardi 27 décembre 2016

CARRIE FISHER : Princesse des étoiles.




Article de Wilfrid RENAUD

Dans la longue liste mortuaire de 2016, le décès qui m'a le plus durement touché est sans conteste celui de Carrie Fisher, victime d'une crise cardiaque massive malgré un état resté stable pendant deux jours. J'ai l'impression d'avoir perdu une cousine éloignée avec qui j'avais joué dans l'espace et sur des planètes inconnues étant enfant.
Fille de l'actrice Debbie Reynolds et du chanteur:comédien Eddie Fisher, la première fois que je l'ai  vu sur grand écran, c'était en 1980 pour "L'Empire contre-attaque", comme de milliers de fans je suis tombé amoureux de ce petit bout de femme courageux et aux répliques acerbes dont les scènes avec Harrison Ford contiennent les dialogues les plus drôles de la saga.




Après avoir incarnée la Princesse Leia Organa, frère de Luke et fille du non moins célèbre Dark Vador, dans la première trilogie entre 1977 et 1983, la carrière de Carrie Fisher allait apparaître en pointillée.
Fréquentant John Belushi, le célèbre Blues Brothers, avec lequel elle allait faire une apparition remarquée et pleine d'humour dans le film du même nom, elle allait aussi connaître ses années de drogue et d'alcool.



On devait aussi la revoir dans un autre film générationnel "Quand Harry rencontre Sally" de Rob Reiner en 1989, où  elle était l'amie de Meg Ryan qui essaie de la caser avec Billy Cristal mais qui partira avec son pote.
Le rôle qui a fait d'elle une star n'allait jamais la quitter et l'expérience au bout de tant d'années devait s'avérer amère comme en témoigne l'extrait de cette lettre faite il y a trois ans à son alter-égo : "Quoique vous soyez condamnée à rejouer les mêmes sept heures d'aventures sur un laps de temps de maintenant presque quatre décennies chahuteuses, au moins vous avez bonne mine quand vous combattez le mal. J'ai l'air habitée. Mes yeux amusés et envieux animent un visage bouffi et abîmé par l'âge.[...] Je pâlis tandis que vous flamboyez. Je me voûte tandis que vous tirez juste et défendez le droit. Oh ! je sais, il y a pire. Ce pire se rassemble dans mon dos et hante mes jours futurs pleins de divertissements."
Rien n'y fait, elle reste aux yeux des spectateurs la princesse au bikini affriolant du "Retour du Jedi" et sans être d'une beauté renversante, pour son sourire plein de charme, des milliers de fans auraient bien menés une guerre dans les étoiles pour elle.
Depuis, elle s'était spécialisée dans la réécriture de scénarios et avait quitté le devant de la scène hollywoodienne. Jusqu'à l'an dernier, où nous l'avions retrouvée les traits vieillis mais le regard toujours perçant dans "le réveil de la Force".


Elle venait d'achever le tournage de l'épisode 8 cette année, elle est partie rejoindre Kenny Baker alias R2D2 dans les étoiles. Ainsi les princesses meurent chez Disney désormais.
Le temps nous a  pris la meilleure mais qu'importe, le cinéma l'a rendue éternelle.

lundi 7 novembre 2016

WE ARE WHAT WE ARE

Article de Wilfrid RENAUD
Les Parker sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Franck, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes, vont devoir s'occuper de leur jeune frère Rory. Elles se retrouvent avec de nouvelles responsabilités et n'ont d'autre choix que de s'y soumettre, sous l'autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix.
Une tempête torrentielle s'abat sur la région, les fleuves débordent. Le Docteur Barrow, dont la fille a mystérieusement disparu, il y a des années, commence à découvrir des indices qui le rapproche du terrible secret des Parker…


Le film date de 2014 et est disponible en DVD et sur les chaînes câblées mais méritait à mon sens un éclairage plus important. Remake du film mexicain "ne nous jugez pas" de Jorge Michel Grau, la réalisation de Jim Mickle se distingue par son atmosphère oppressante et son apparente normalité d'une famille très pieuse. Le "secret" est dévoilé assez tôt, depuis que leur ancestrale famille s'est installée sur ces terres au temps des premières colonies, elle a survécut en pratiquant le cannibalisme, persuadée que c'est Dieu qui leur dicte cette pratique.

Les personnages sont campés dès le départ, le père (excellent Bill Sage), isolé dans un mutisme qui ne se libère qu'en présence de ses enfants est plus craint que respecté et on soupçonne avec un certain malaise le feu sous la glace. Le jeune Rory (Jack Gore, si c'est pas prédestiné ça) n'est pas encore conscient de ce qu'ils font, persuadé que les victimes enchaînées dans la cave sont de méchants monstres. Il incarne l'innocence pas encore pervertie. Et  les deux adolescentes au visage d'ange sont en proie à des conflits intérieurs, partagées entre l'envie d'être normales et la peur que leur inspire leur patriarche. Leur jeu transpire la souffrance de ce qu'elles sont et de ce qu'elles redoutent avec une justesse de ton effrayante.





C'est avec la mort de leur mère que l'étau se resserre inexorablement sur la vérité par le biais du docteur local, interprété par l'excellent Michaël Parks, qui soupçonne quelque chose au moment de son autopsie. Film d'ambiance au rythme lent, le cannibalisme est traité sans voyeurisme excessif, conférant une dignité et sobriété à l'ensemble de l’œuvre jusqu'à la scène finale, véritable repas de fauves où les jeunes filles vont se libérer de l'emprise du père avec un certain...mordant.
Délicieusement immoral, terriblement effrayant de réalisme où l'horreur se cache derrière d'innocentes têtes aux cheveux blonds qui vont voyager à travers le monde, libérées de toutes entraves. Tremblez, pauvres mortels.


jeudi 16 juin 2016

THE WITCH

 Deux chroniqueurs trop rares sur ce blog nous livrent leur avis sur un film que je n'ai pas encore vu mais qui est en tête de ma petite liste des priorités.
Prix du Jury au dernier festival de Gérardmer. Film Canadien de Robert EGGERS
W.R
 


Article de Johannes ROGER
Bon avant tout le film n’est pas le chef d’œuvre radical annoncé par une revue qui commence par Mad et finie par Movies. Dégonflons un peu la hype hystérique. C’est en l’occurrence un bon petit film d’horreur et c’est déjà pas mal par les temps qui courent.
La réussite est avant tout plastique, la mise en scène, très belle et précise, rappelle dans la composition des plans certains grands maîtres de la peinture flamande. Pour le côté horrifique on est dans le hors champ obscur et inquiétant comme dans la japan horror, même si le film recèle quelques moments purement graphiques.
Pour le reste, on suit une famille de bigots, chassé de leur village par d’autres religieux. Le père, qui ne jure que par la bible, installe sa famille au bord d’une forêt où rien ne pousse. Les enfants se mettent à disparaître un à un, les soupçons se reportent alors sur l’aînée des enfants, jeune fille qui est en train de devenir femme. Par ce biais le scénario rappelle que la chasse aux sorcières était une fois de plus une manière pour les religieux de contraindre la féminité.
Pour autant les personnages ne sont pas manichéen, le père tout fanatique qu’il est, semble dépassé par les événements, c’est plus un hypocrite et un loser qu’un mauvais bougre. Bien sur les enfants font les frais du fanatisme de leur parent, en cela le film est bien actuel dans ses thématiques.









  






Avis complémentaire de Jacques COUPIENNE
 Vu le samedi à 9h00 lors du week-end à Gérardmer. Probablement pas l'heure idéale pour découvrir un film assez lent voire contemplatif par moments mais très séduisant avec le recul. Un univers à la Nathaniel Hawthorne qui nous dépeint de convaincante manière des fous de Dieu, puritains de la Nouvelle Angleterre, qui se retrouvent isolés dans leur noyau familial ... avec tous les démons - réels ou imaginaires - qui rôdent : dans les bois ou leurs esprits ? Un très beau final et une magnifique photographie pour une œuvre qui aurait probablement mérité mieux au niveau du palmarès ...

vendredi 20 mai 2016

PREDESTINATION







Article de Wilfrid RENAUD

Ce petit bijou de science-fiction date de décembre 2014 et n'a pas connu, à tord, de date de sortie en salles en France pour débarquer directement en DVD. Une honte au vu du résultat. Un éclairage semblait nécessaire sur ce blog pour rattraper un peu l'erreur.
Pour sa dernière mission un agent Temporel doit capturer le seul criminel qui lui a toujours échappé, un poseur de bombes particulièrement efficace puisqu'il a toujours une longueur d'avance sans qu'il sache pourquoi. Surnommé par la presse "Le plastiqueur pétillant", il doit tout mettre en œuvre avant son ultime coup d'éclat en mars 1975, où dix immeubles de New-York seront touchés en faisant plus de 11 000 morts. Transgressant les règles de sa hiérarchie, il va recruter Jane en novembre 1970, une femme au passé trouble qui a changé de sexe quelques années auparavant.

Le film des frères Spierig, met tout de suite dans une ambiance proche du film noir avec cette voix-off que l'on retrouvera tout au long de l'histoire. Celle-ci s'adresse à un interlocuteur inconnu le prévenant des risques des voyages temporels et de celui d'agent. Dés la séquence pré-générique l'intrigue est plantée, bombes, voyage dans le temps, ténacité de l'agent défiguré durant sa dernière mission et sur un point de départ assez basique où Ethan Hawke fait merveille, le film va  pourtant rapidement prendre une autre tournure dès que le personnage de Jane va apparaître. L'actrice Sarah Snook y joue un garçon manqué (et pour cause) qui va conter son histoire à notre agent, déguisé en barman pour les circonstances, depuis son abandon en 1945 aux portes d'un orphelinat.
Ce deuxième récit aurait pu paraître hors-sujet mais s'avère aussi captivant et nécessaire puisqu'il n'est pas sans lien avec ce qui va suivre. Difficile d'en dire plus sans tout dévoiler comme un malpropre. Le paradoxe temporel est au cœur du scénario tiré d'une nouvelle de Robert A. Heinlein "All you zombie". Une expression revient souvent dans le film "le serpent qui se mord la queue indéfiniment". En effet, certains moments clés de l'histoire pourraient aussi bien être en même temps le point de départ, le point de transition et le point d'arrivée. 

 

Le résultat est vertigineux. L'histoire nous balade de septembre 1945 à janvier 1975 et nous tient en haleine jusqu'au twist final. Cela faisait longtemps que mes neurones de spectateurs n'avaient pas été stimulé par un scénario aussi hypnotique. Il convient de saluer l'interprétation des deux comédiens principaux : Ethan Hawke qui n'a plus rien à prouver et Sarah Snook, actrice australienne peu vue mais qui assurément fera parler d'elle.( Elle a depuis joué entre autres dans "Steve Job" de Danny Boyle au coté de Michaël Fassbender). Le sérieux et la profondeur de leur jeu sont pour beaucoup dans le degré de crédibilité de ce paradoxe temporel qui fera passer ceux de "Retour vers le futur" ou celui de "Terminator" pour des casses-têtes chinois fragiles fabriqués en sable californien.



Captivant dans sa narration et accompagné d'une musique au tempo obsédant. Dérangeant dans son final au montage révélateur où la quête de l'identité flirte avec la schizophrénie (l'agent temporel sans nom perdant ses repères au fil de ses sauts dans le temps).
De la science-fiction maîtrisée qui démontre qu'avec peu de moyens, on peut faire de l'excellent en à peine une heure trente.
Un tour de force en son genre surtout quand la surenchère à Hollywood est devenue reine des grosses productions qui se disputent la médiocrité des scénarios actuels à la durée dépassant de façon obscène les 140 minutes.
D'ailleurs la richesse des dialogues est également un joli pied de nez à la pauvreté de ceux qui attirent les foules dans les salles obscures.
Le genre de film que l'on peut revoir plusieurs fois pour en saisir toute la complexité et où se dégage le plaisir d'avoir été dupé dés le départ par ce qu'on croyait être convenu.




vendredi 8 avril 2016

EX-MACHINA

Le film est sorti depuis juin 2015 mais le prix du jury au Festival de Gérardmer méritait bien un éclairage supplémentaire
W.R
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Article de Gaëtan WILDWOOD

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Synopsis :
À 26 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte BlueBook, plus important moteur de recherche Internet au monde. À ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.


Qui dit film réalisé par un scénariste professionnel, dit histoire aboutie, sans peu ou trop de failles. Si je peux reprocher à Ex Machina quelques moments de flottement et une intrigue parfois trop simpliste, il n'en demeure pas moins un bon film de science-fiction, palpitant et angoissant comme tout bon film du genre se doit de l'être, le superflu en moins.

Du film, la fin m'a tellement scotché, que le public au cinéma, comme presque anesthésié, je m'en souviens, est resté silencieux et ne pouvait se résoudre à quitter son siège une fois le générique de fin terminé. L'effet produit sur les spectateurs prouve donc d'une chose : Alex Garland a réussi son effet. Je veux dire celui d'avoir créé un film divertissant et porteur de sens qui suscitera la réflexion sur l'intelligence artificielle et les risques qu'elle peut comporter.

J'aime aussi le parti pris du huis clos et de l'économie de personnages, deux contraintes scénaristiques auxquelles le réalisateur se soumet ici avec une aisance déconcertante sans manquer de nous tenir en haleine tout du long.

Sinon, coté bémol, seules les relations entre les personnages auraient mérité plus de travail et d'approfondissement. Je comprends mal comment Caleb peut oublier qu'Ava est un robot et s'enticher d'elle quand nous-mêmes avons du mal à ressentir de l'empathie à l'égard de son interlocutrice. Dommage, quand on sait que l'intention du réalisateur était de parler du danger de l'humanisation des robots. Il en va de même pour la relation Nathan-Caleb qui en dépit des efforts du réalisateur pour la rendre plus profonde, semble bancale. J'aurais aimé plus de conflit, donc, plus de tensions et on s'imaginent difficilement comment Caleb pourtant si frêle arrive à prendre l'ascendant sur son mentor en fin de film ( je spoile pas). Ces quelques inexactitudes dans la caractérisation des personnages créent des lourdeurs au niveau des dialogues, dialogues que le réalisateur utilise pour masquer les faiblesses et les manquements de ses personnages.

En tout cas, pour conclure, la réalisation épurée et sophistiquée est parvenue cependant à me réconcilier avec ces quelques faux pas. En créant une ambiance froide et glaciale qui s'accorde parfaitement à son histoire, le tout aidée par des acteurs qui montent ( comme la présence terrifiante d'Oscar Isaac, la belle Alicia Vikander et Domhnall Gleeson,) Garland avec Ex Machina m'a embarqué dans un univers chirurgical froid et robotique fascinant. Mission donc presque accomplie pour le réalisateur en attendant la suite.
 













mardi 15 mars 2016

LES INNOCENTES


 Article de Wilfrid RENAUD
Pologne, décembre 1945.Mathilde Beaulieu travaille au sein de la Croix rouge française dans un hôpital de fortune en Pologne. Un jour, une nonne d'un couvent voisin lui demande de l'aide. La jeune femme finit par la suivre et découvre que l'une des sœurs est sur le point d'accoucher. Après la naissance de l'enfant, elle découvre que d'autres servantes de Dieu sont également enceintes. Elles ont été violées par des soldats russes. La mère supérieure refuse d'alerter les autorités pour que la réputation du couvent reste intacte. Elle refuse également que Mathilde leur porte secours. Maria, qui a eu une autre vie avant de prendre le voile, se pose des questions sur sa foi après ce qu'il leur est arrivé...

Le film d'Anne Fontaine est d'une subtilité rare. A travers cette histoire vraie, on découvre les âmes meurtries de ces religieuses, portant un enfant qu'elles n'ont pas désiré, mettant en conflit leur amour de Dieu et leur amour maternel. Ces tourments, la réalisatrice les filme surtout en gros plan sur les visages à la fois perdus et murés dans le silence mais aussi dans la peur, la honte et la résignation.
Chacune d'entre elles réagira différemment à la naissance des enfants, gardant en mémoire le viol des soldats russes qu'elles ont subies. L'une se suicidera, l'autre s'enfuira du couvent.
 
Le sort des nouveaux-nés, naissant clandestinement dans un monde en changement, sera aussi un point fort qu'Anne Fontaine mettra en lumière via le biais de la Mère supérieure, qui violée elle aussi, sera condamnée par la syphilis, et emportera avec elle ses regrets, ayant abandonné à la Miséricorde les premiers bébés au pied d'une croix sur un chemin perdu au plein cœur de l'hiver.
Vous l'aurez compris, on ne rigole pas beaucoup face au tragique destin de ces innocentes, mais l'émotion, si elle est bien présente, est toujours juste et jamais provoquée. D'une sobriété exemplaire.

Pourtant l'espoir vient de l'actrice principale Lou de Laâge, lumineuse de bout en bout dans son rôle d'assistante médecin de la Croix-Rouge. A la fois déterminée et sensible, elle emporte tout le reste du casting dans son sillage dont les deux Agata -Buzek et Kulesza- (Sœur Maria et la Mère supérieure ) avec une interprétation sans faille qui hante longtemps notre mémoire après la projection.
La liaison de Mathilde avec Samuel (Vincent Macaigne) , un des médecins de la Croix-Rouge est du coup une bouffée d'oxygène, malgré que l'on se doute bien qu'elle sera éphémère, tant l'histoire principale se déroule presque exclusivement dans un huis-clos étouffant qui traduit bien la vie monacale et le repli sur soi.

 
Les photographie est soignée, et après la froideur hivernale des magnifiques paysages forestiers, elle trouve avec l'arrivée des beaux jours, un goût de renaissance accompagnant le courage de ces sœurs, mères malgré elles.
Autant je n'avais pas été emporté par "Des Hommes et des Dieux" de Xavier Beauvois que je trouvais trop superficiel dans sa narration, autant "les Innocentes" est un film qui mérite et le détour et l'attention.
Avant de le saluer respectueusement.

dimanche 21 février 2016

INTO THE WOODS


Article de Wilfrid RENAUD
Le film est sorti en janvier 2015 mais à la base INTO THE WOODS est une comédie musicale de Stephen Sondheim et James Lapine. La première a lieu à San Diego, au Old Globe Theatre, le 4 décembre 1986. Elle débute à Broadway le 5 novembre 1987. Into the Woods a remporté plusieurs Tony Awards, dont celui de la meilleure partition originale, du meilleur livret et de la meilleure actrice dans une comédie musicale (Joanna Gleason), dans une année dominée par Le Fantôme de l'Opéra.
Décors de la comédie musicale sur les planches













Ce conte fantastique a la particularité de regrouper plusieurs histoires des frères Grimm : le petit chaperon rouge, Jack et le haricots magique, Cendrillon et  Raiponce pour former un tout qui emmène ailleurs et au delà des contes déjà existants. Malgré un ton léger au départ, l'histoire est plus noire qu'il n'y paraît puisque la mort sera au rendez-vous pour certains personnages et le final parlera de solidarité et de la volonté de se relever malgré la tristesse d'avoir perdu des êtres chers.




L'histoire débute par le boulanger du village et sa femme qu'une sorcière vient rendre visite pour leur annoncer une triste nouvelle. Suite à une malédiction jetée sur son père alors qu'il n'était qu'un enfant, il est impossible pour le boulanger d'avoir un enfant. La seule façon pour lui et sa femme d'en avoir un, serait de ramener à la sorcière toute une liste de choses qu'elle leur demande ; une vache blanche comme le lait (la vache de Jack), un soulier d'or (le soulier de Cendrillon), une cape rouge comme le sang (celle du petit chaperon rouge) et des cheveux blonds (ceux de Raiponce). Si la sorcière demande toutes ces choses, c'est qu'elle a en tête de concocter une potion lui permettant de retrouver beauté et jeunesse. Une mission peu évidente, d'autant que la sorcière enferme Raiponce, qui n'est autre que la sœur du boulanger, dans sa tour depuis son enfance.
Chaque personnage a un rêve. Cendrillon veut aller au bal, Raiponce veut quitter sa tour, le Petit Chaperon rouge veut voir sa grand-mère, Jack veut garder sa vache et découvrir le monde et le boulanger veut un enfant. Le souhait du boulanger met en péril les souhaits des autres personnages de l'histoire.


 








Le casting de tête est dominé par Meryl Streep dans le  rôle de la sorcière, grande actrice, elle a su démontrer qu'elle savait aussi chanter lors de la comédie musicale "Mamma Mia". Ici, l'exercice est plus ardu et son interprétation, si elle est parfois limite au niveau du chant, est palliée par son jeu toujours juste.
La surprise vient surtout du couple adepte des fours et de la farine, James Corden quasi inconnu du grand public et surtout Emily Blunt dans le rôle de sa femme. L'actrice anglaise s'y révèle parfaitement à l'aise et démontre que la future Mary Poppins, dans une suite prévue l'an prochain, a encore de quoi nous étonner.
L'univers musical semble avoir été écrit pour les studios Disney avec ses chansons "old school" dont certains airs trottent rapidement dans la tête " I wish", "Hello little girl", "Agony" s'il n'y avait pas cette noirceur sous-jacente dans le dernier quart du film.
Rob Marshall, réalisateur de Chicago et Nine deux autres comédies musicales, a su rendre l'ambiance dans les bois anxiogène, tout en apportant parfois une touche d'humour et de surréalisme. 



Pour  "Hello little girl", il retrouve le temps d'une séquence Johnny Depp qui incarne un loup inquiétant et s'amende avec ce passage quasi-culte, de la déconfiture du 4è volet des pirates des caraïbes où il avait dirigé l'acteur.

La bonne idée, déjà présente dans la comédie musicale des 80's, est d'avoir fait des deux enfants, le petit chaperon rouge et Jack, d'immondes têtes à claques, dont l'insolence de la première rivalise avec avec l'idiotie du second. Et à ce jeu Lila Crawford et Daniel Huttlestone se disputent la première place sur le podium.











 
Dans le rôle des deux égéries Cendrillon et Raiponce, ça ne brille guère en revanche. Anna Kendrick en souillon qui rêve d'aller au bal chante plutôt bien mais manque de charisme, MackEnzie Mauzy, a  de son coté un joli minois mais est trop transparente face à la présence de Meryl Streep la sorcière qui entretient avec elle une relation de mère castratrice.


 
Bonne pioche en revanche du coté des princes charmants, les interprétations très second degré de Chris Pine et Billy Magnusen trouvent leur point d'orgue avec la chanson "Agony" où les deux amoureux rivalisent de ringardise pour parler de leurs fiancées respectives qui provoquent l'agonie de leurs âmes. 

En utilisant des contes déjà existants et en nous épargnant grâce à des ellipses certains passages que le public connait déjà (le bal de Cendrillon, Jack dérobant les trésors aux géants dans le ciel), Into the woods s'inscrit dans les comédies musicales les plus originales et les plus réussies de ces dernières années. Injustement boudé par le public, peut-être mal compris également, il est temps pour celles et ceux qui aiment ce genre de redécouvrir cette petite perle, plus réussie que la version hollywoodienne des Misérables.
 Et comme des extraits valent mieux que des longs discours quelques vidéos ci-dessous :

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