POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

dimanche 19 novembre 2017

A CURE FOR LIFE



Article de Wilfrid RENAUD
Gore Verbinski s’inscrit décidément à part en que cinéaste Hollywoodien. Après avoir débuté avec le déjanté et cartoonesque film « la Souris » (1997) où on retiendra des gags qui font mouche et des interprétations hilarantes (Christopher Walken en dératiseur professionnel vaut son pesant de fromages), réuni deux icônes de l’époque dans une comédie policière en 2001 (Brad Pitt & julia Roberts) dans le Mexicain, réussi la version américaine de the Ring en 2002 et de sa suite en 2005, avoir mené ses Pirates des Caraïbes à l’autre bout de mondes étranges et surnaturels dans la trilogie s’étendant de 2003 à 2005, fait un détour dans le cinéma d’animation avec l’étrange Rango, et enfin ressuscité dans le très réussi et pourtant peu connu The Lone Ranger-vieille série télé américaine des 50-60’s, le voilà avec un petit bijou nommé "A cure for Life", tourné en partie dans le château Hohenzollern en Allemagne
Gore Verbinski

Ce thriller horrifique brasse beaucoup de thèmes déjà exploités au cinéma mais arrive à trouver sa propre identité par ses qualités visuelles et son rythme hypnotique. Gore Verbinski va entraîner le spectateur là où il veut et en d’autres mains le final aurait pu être ridicule mais curieusement passe ici plutôt bien.
 Le début dénonce les travers d’un système capitaliste où la course au profit au sein d’une entreprise est abordée comme une maladie qu’il faut soigner.  Lockart, (Dane DeHaan épatant dans ce rôle) jeune cadre ambitieux, est envoyé en Suisse pour retrouver son patron qui ne donne plus signe de vie depuis une station thermale. Il va rapidement s’apercevoir que quelque chose cloche. Le personnel, son directeur Mr Volmer (Jason Isaacs vu dans la saga Harry Potter), les patients. Si le cadre parait idyllique, la cure cache apparemment un terrible secret lié à l’eau.  Son patron, Mr Penbroke refusera de quitter les lieux, tenant des propos obscurs entre deux phrases lucides, et Lockart tentera de repartir de la station. Sa voiture sera projetée dans un fossé après avoir heurté un cerf et rapatrié à la station avec une jambe cassée, il sera contraint de rester dans ce lieu étrange où le cauchemar ne fait que commencer…
A cure for life c’est un peu le loup de Wall Street  qui rencontre  Shutter Island mais ici le lieu est chargé d’une vieille légende où un baron voulait épouser sa sœur deux cent ans auparavant. Et le poids de celle-ci pèse sur la station thermale, faisant resurgir un malaise palpable qui s’infiltre comme un poison.
Dan DeHaan, vu récemment dans le Valérian de Luc Besson, tient ici un rôle à la mesure de son potentiel. Tout en nuances, le cadre arrogant qu’il incarne, cache lui-même une blessure liée à son père, et le piège qui se referme sur lui va l’obliger à revoir ses positions et tout son mode de vie. Son interprétation est pour beaucoup dans la réussite et la crédibilité de cette histoire hallucinante. Difficile d’en dire plus sans tout dévoiler mais disons que la fiancée de Frankeinstein et l’ile du docteur Moreau ne sont pas très loin des influences principales de ce scénario signé par Justin Haythe (qui a déjà travaillé sur Lone Ranger) d’après une idée de Gore Verbinski lui-même.
Celui-ci met tout son savoir-faire et son sens d’esthète au service de son histoire, la musique et le chant enfantin du thème principal rappelle l’ambiance du Labyrinthe de Pan, même si les deux films n’ont rien en commun. Ici, il y a des flashs fulgurants et des images chocs, anguilles électriques, cadavres dans des sarcophages d’eau et ballerine en porcelaine surmontant des boites à musique. Piscines d’un bleu trop pur pour être naturel, celles d’une eau trop noire pour être rassurante et bains de vapeurs si opaques qu’ils ressemblent à des culs de sac. Entre hallucinations et réalité, Verbinski entretient le mystère pendant quasiment tout son récit et nous emmène sur les territoires du fantastique sans en avoir l’air.
Son imagerie est d'une poésie morbide fascinante et en fait un des meilleurs films de genre que j'ai pu voir depuis longtemps. On en ressort avec l’envie de profiter de la vie dans ses plaisirs les plus élémentaires et celle de fuir une société folle qui court à sa perte.
Chez Verbinski, la dénonciation d’une entreprise en crise d’où vient Lockart, n’est sûrement qu’un reflet d’Hollywood, voire du géant Disney, et ses enjeux monétaires qu’il a bien connu. Chez le spectateur, chacun devrait y voir un élément qu’il lui parlera directement selon son propre parcours.

Pour ma part, j’ai hâte de voir ce que sera la suite de sa carrière, tant il s'inscrit dans ce que j'aime et je recherche dans le cinéma actuel.


lundi 6 novembre 2017

BLADE RUNNER 2049

Article de Wilfrid RENAUD
 

Suite directe du premier Blade Runner, film culte de Ridley Scott sorti en 1982, la mode des univers étendus/ suites /remakes et reboots en ce moment aurait pu faire craindre le pire, voire virer à la catastrophe. 
Denis Villeneuve sur un des plateaux du film.
Néanmoins, Ridley Scott en est le producteur principal, ce qui reste malgré ses détracteurs, un gage de qualité pour moi. Et puis surtout c’est Denis Villeneuve qui a réalisé cet opus 2049, réalisateur canadien, que j’admire depuis les très belles réussites qu’étaient Sicario et Premier contact. Cerise sur le gâteau, c’est Hampton Fancher, scénariste du premier film qui est à l’origine du script c, épaulé par Michael Green et Ridley Scott, qui ont travaillé auparavant sur Alien Convenant, ce qui garanti une homogénéité à l’ensemble. (Ridley Scott voulant créer des passerelles entre ses deux œuvres cultes pour ne faire qu’un même univers. Ça commence à pointer le bout de son "oeil" mais c’est une autre histoire…)

 
1982, c’était le premier Blade Runner, choc visuel imparable à l’époque (les effets spéciaux ont un peu vieilli depuis quand même), ambiance lancinante et hypnotique, doublée d’une réflexion sur le genre humain et la cohabitation d’une technologie qui la dépasse (les fameuses Intelligence Artificielle ancrées dans des robots à l’apparence humaine –les Réplicants). Pour ceux dont le cinéma de science fiction commence à l’ère de James Cameron, non ce n’est pas pompé sur le belliqueux Terminator, celui-ci rappelons-le, est sorti 2 ans plus tard. Et l’histoire de Blade Runner est une adaptation libre du roman de Philipp K. Dick mort en 1982, « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » publié en 1968.
Ajoutons que le point commun entre Terminator et Blade Runner s’arrête à l’androïde doté d’une apparence humaine. Si le film de Cameron reste iconique, celui de Scott est plus classieux et plus profond, mélange science-fiction et polar noir. Il ne parle pas de visiteurs du futur mais se situe directement dans le futur, en 2019 pour être exact, ce n’est jamais que dans deux ans maintenant mais à l’époque des décennies séparaient la fiction de la réalité. Un futur surpeuplé donc, pollué, où les colonies spatiales sont devenues réalité et où les Réplicants sont utilisés comme des esclaves modernes, pour les travaux pénibles ou comme objets de plaisirs. Ils sont crées grâce à de l’ADN humain par la Tyrell Corporation, mais ne sont ni des clones, ni des robots. Après une révolte sanglante et inexpliquée où ils ont détournés un vaisseau pour Mars, six Réplicants du modèle Nexus 6 sont interdits sur Terre.
  Des unités spéciales, les Blade Runner, traquent les modèles en situation irrégulière mais les plus modernes sont difficiles à distinguer des humains. Les Blade Runner utilisent un protocole sous forme de questionnaire pour les reconnaitre. Leur durée de vie est en général de 4 ans pour éviter qu’ils s’humanisent.
Voilà pour le point de départ, la suite du film voit donc Deckard -un Blade Runner- à Los Angeles (incarné par Harrison Ford) traquer un groupe de Réplicants insoumis mais partir dans les montagnes avec un modèle féminin plus récent Rachel dont il était tombé amoureux, tout en sachant qu’elle a une durée de vie précaire. Entre un Star-Wars et un Indiana Jones, Harrison Ford tenait là, le troisième rôle phare de sa carrière, tant le film est devenu une référence en matière de science-fiction.



2019- La suite de Blade Runner nous projette trente ans après ces événements.
BLADE RUNNER 2049- Les humanoïdes, issus du génie biologique, existent toujours mais ont été intégrés dans la société pour assurer la survie de l’humanité.
K (Ryan Gosling) l’un des plus récents modèles conçu pour obéir travaille comme Blade Runner au district de police de Los Angeles. Sa mission consiste à pourchasser et à éliminer d’anciens modèles délinquants. Dans une ferme, il élimine un ancien modèle et découvre par hasard une boite enterrée au pied d’un arbre. L’analyse médico-légale révèle que ce sont les restes d’un Réplicant femelle mort à la suite des complications d’une césarienne pratiquée dans l’urgence. 
 K, troublé, va enquêter de sa propre initiative et découvrir que les restes sont ceux de Rachel (Sean Young), un Réplicant femelle ayant vécu 30 ans plus tôt, et qui a eu une liaison amoureuse avec Deckard (Harrison Ford). Et si cet enfant avait survécu ? Ce miracle pourrait mener à une guerre ouverte entre humains et androïdes…
 
Voilà pour le résumé de départ et, à mes yeux le film de Villeneuve, tient toutes mes espérances à la fois sur la forme et sur le fond tout en donnant envie de se replonger dans le premier pour en apprécier tout le plaisir et la subtilité.
Sur la forme, le film s’inscrit dans le même univers visuel que celui de Scott, en tenant en compte que trente ans se sont écoulés et que la technologie a évoluée en même temps que le contexte économique, la Tyrell corporation n’existe plus et a été rachetée par Niander Wallace, magnat industriel présenté comme un messie mégalomaniaque. Ainsi, on retrouve une version miniature de la machine oculaire pendant les tests avec le questionnaire, des voitures volantes au design plus élaborés et des villes poubelles, quand elles ne sont pas en grande partie ensevelies sous le sable, pour ne citer que ces exemples. Le futur ne donne pas très envie, d’autant que la morale et le bon sens semblent avoir complètement disparus, comme les vestiges d’une civilisation ancienne…
K, le Blade Runner, interprété par Ryan Gosling est un androïde solitaire qui a pour seule compagnie, un hologramme, ancré dans son appartement, en guise de femme. Mesure de sécurité pour éviter que sa conscience ne trahisse ses obligations envers les humains, il transgresse néanmoins ses directives en lui donnant dans le film une certaine autonomie pour qu’elle l’accompagne dans sa mission. Sans tout dévoiler, sur le fond, le spectateur perd dans certaines scènes ses repères actuels. Des androïdes vivant aux cotés d’hologrammes, qui imitent des humains qui s’avèrent être parfois des androïdes…la mise en abîme est profonde, dérangeante, et crée paradoxalement une empathie particulière pour le personnage de K dont le jeu minimaliste de Gosling, passe surtout par le regard (bleu) et les silences.
L’enjeu de l’histoire donne de la matière à penser : un hybride venant d’un humain et d’un androïde femelle (qui rappelons le,  à de l’ADN humain, donc qui aurait pu développer des organes génitaux). Qu’adviendrait-il de notre futur si cela devait se produire ? Les biotechnologies dotés d’une conscience remplaceront t-ils l’homme au point de l’éradiquer ? Chercheront-ils à l’asservir dans un juste retour des choses ? Ou bien cohabiteraient-ils en respectant leurs créateurs ? D’autant qu’une nouvelle espèce, issue d’un humain et d’un androïde poseraient à la fois de nouveaux repères et de nouveaux modes de fonctionnement de toute notre civilisation actuelle. Et vu la peur primale d’une grande partie de l’humanité pour tout ce qui est différent, je doute que cela se fasse de manière pacifiste. Et c’est le pli que semble prendre le film vers les trois quarts de l'histoire, un groupuscule de Réplicants pointe le bout de ses circuits, décidés à protéger l’enfant coûte que coûte.
Le personnage d’Harrison Ford -Deckard- est aussi une énigme en lui-même. Qu’est-il advenu durant ces trente ans ? Réfugié dans une cité abandonnée, l’enfant est-il avec lui ? L’a-t-il élevé ? Le film  apportera les réponses de manière assez inattendue, laissant la porte ouverte à une trilogie qui s'avèrera plutôt bien fichue pour le moment. Et ceux qui croyaient voir le twist final arriver de loin en seront pour leurs frais. Le coté romantique du premier opus n’existe plus ici, le personnage pivot de l’histoire n’étant pas humain, il en découle une certaine amertume dans une crise existentielle robotique qui pourront laisser certains spectateurs sur le coté de la route. Mais la route est audacieuse, ambitieuse et donne surtout, sacrément envie, d’un horizon plus optimiste.
Pas sûr que l’avenir de Blade Runner ne soit pas meilleur que celui qui nous attend d’ici trente ans. On en reparlera alors… Peut-être…

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