POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

dimanche 29 janvier 2023

LA METHODE WILLIAMS


 

 

 

 

 

 

Article de Wilfrid RENAUD

 La claque de Will Smith à l'encontre de Chris Rock à la cérémonie des Oscars de l'an dernier, suite à une blague déplacée sur sa femme, a éclipsé une bonne partie des qualités de ce biopic sur l’ascension des sœurs Williams, Serena et Vénus.

 

 La première restera longtemps dans l’ombre de sa sœur avant d’être considérée comme la meilleure joueuse du monde. Jeunes prodiges du tennis, leur père Richard, sous des dehors exigeants, fera tout pour les sortir du ghetto, leur éviter les gangs et la drogue, en leur insufflant la compétition, le goût du travail et préservant leur enfance, sans céder aux sirènes de l’argent facile, via des entraineurs et des sponsors peu scrupuleux. A ce titre la séquence où la police débarque chez lui, suite à des « maltraitances » sur ses enfants, est ce qu’il y a de plus parlant face à l’éducation que Richard Williams et sa femme donnent à leur descendance. Et le laïus que délivre l’acteur à l’assistance sociale est l’un des plus lucide que j’ai pu entendre sans sombrer dans la complaisance.

Campé par un Will Smith qui n’a pas volé son Oscar, l’homme est parfois pétri de contradictions, essayant d’inculquer l’humilité à ses filles, mais s’interposant dans l’entrainement des coachs et se vantant assez lourdement du talent de Vénus lors des premiers matchs dans les tournois.


Le reste du casting est de qualité, les deux actrices incarnant respectivement Vénus et Serena (Saniyya Sidney et Demi Singleton) incarnent les futures championnes avec à la fois la fraicheur de l’adolescence et la maturité de futures grandes actrices. Aunjanue Ellis dans le rôle de la mère, Brandi Williams, tient tête à Will Smith dans des scènes de couple parfois tendues où leurs désaccords s’étalent dans toute leur complexité.

Enfin, dans les rôles des différents entraineurs croisés le long des carrières des  sœurs Williams, si le comédien Tony Goldwyn assure dans celui qui acceptera de les entrainer pour la première fois de manière professionnelle, c’est Jon Berthal qui emporte le morceau dans le rôle de l'entraineur Rick Macci. Essayant d’appliquer sa méthode qui va à l’encontre de celle du patriarche, il donnera, tout en gardant sa dignité et son professionnalisme, constamment l’impression d’être le dindon de la farce.

Les matchs quand à eux, sont filmés élégamment mais sans esbroufe, le sujet étant plus sur l’analyse de l’ascension des deux championnes, orchestrée par leur père,  que sur l’exploit même. La fin du film est d’ailleurs représentative, se terminant sur une défaite de Vénus Williams, gardant cette humilité propre à l’adolescente, mais gagnant le cœur de milliers de jeunes afro-américaines, devenant un modèle pour toute une génération.






lundi 9 janvier 2023

AVATAR : LA VOIE DE L'EAU

Article de Wilfrid RENAUD

13 ans après le premier opus, James Cameron nous livre ce deuxième volet très attendu.  Je l’avoue si l’effet de surprise n’est plus au rendez-vous, je ne peux m’empêcher de défendre ce film pour les valeurs humaines qu’il véhicule, et on peut sûrement y trouver une centaine de défauts mais coté spectacle ça reste largement au dessus des films de super-héros produits à la chaîne et autres blockbusters bas de plafond. Si vous ne l’avez pas encore vu le film, arrêtez-vous là, car certains éléments non dévoilés dans la bande-annonce méritent un petit développement.

 

D’abord le sujet est touffu, carrément fourre-tout, jouant autant la carte de l’écologie, que la dénonciation capitaliste et les valeurs morales de la famille tout en restant dans le cadre de la science-fiction qui permet sur certains points d’aller « plus loin ». Sur le fond ce qui m’a surpris, c’est que les « enfants » de Jake Sully et Ney’tiri (respectivement Sam Worthington et Zoé Saldana) prennent rapidement le relais de leurs parents,  avec pour certains des rôles déterminants dans le récit. Guillemets autour des enfants, car l’ainée des filles, Kiri, n’est autre que la fille biologique de l’avatar de Grace Augustine, le personnage joué par Sigourney Weaver.

Le futur proposé par James Cameron permet donc de jouer aux apprentis sorciers de manière encore plus surréaliste en mélangeant le clonage, les embryons et les naissances in vitro. Si on regarde de plus près, la petite Kiri est une aberration. 

Un être vivant issu d’une coquille vide.

Ce qui est parfaitement rendu dans son cheminement personnel, se cherchant constamment une place entre plusieurs mondes. Celui de sa famille adoptive, celui des humains, celui des Na’vis et enfin le monde animal avec lequel elle a une connexion étrange qui s’épanouira dans le dernier quart du film en lui conférant des capacités miraculeuses, la désignant comme une élue évidente pour les futures suites. Ayant peu suivi les secrets de tournage avant d’aller voir le film afin de rester totalement neutre à sa vision, je me demandais qui était cette gamine remarquable qui jouait comme une adulte…et je fus agréablement surpris de découvrir que Sigourney Weaver avait rempilé pour jouer en motion-capture, le rôle de l’adolescente. Outre le capital sympathie de l’actrice, c’est pour moi sans conteste le meilleur personnage du film.


 James Cameron n’a jamais été reconnu pour la subtilité de ses personnages, ni de son cinéma , son approche très rentre-dedans n’a pas la complexité d’un Nolan ou d’un Fincher, on le sait et on sait à quoi s’attendre quand on va voir un de ses films. Je trouve qu’il est dommage qu’on lui reproche encore ça après toutes ces années, car il offre en revanche avec générosité un spectacle dont peu de cinéastes peuvent aujourd'hui se vanter. Et cette fois, il le fait par le biais d’un autre personnage Lo’ak (Britain Dalton, acteur américain de 21 ans inconnu du grand public), qui hérite du rôle ingrat du second fils, celui qui recherche l’approbation de son père. Né avec cinq doigts au lieu des quatre de la race Na’vi, l’acceptation de sa différence auprès des enfants des autres tribus passera par tous les stades, allant du rejet à la moquerie et par conséquence la confrontation. Pour prouver sa valeur, il bravera les interdits et les dangers avec une escapade océanique qui donnera lieu à un lot de séquences époustouflantes dont l’effet contemplatif devient quasi-hypnotique. Le réalisateur offre vers le milieu du récit des images quasi-documentaires d’un monde virtuel qui atteint un état de grâce inattendu.

 

 

Car « la Voie de L’eau » amène avec son nouveau lieu géographique, loin des forêts du premier opus, de nouvelles tribus, coutumes et créatures, accompagnées d’un mysticisme un peu désuet mais s’ajustant bien à la féérie sous-marine. On y sent avec une constance désarmante l’amour que porte sincèrement James Cameron aux océans et la faune  aquatique de notre vieille planète Terre. La métaphore est tellement mince que seuls les grincheux et les cyniques se gausseront devant le coté fable du récit qui dénonce pourtant l’extraordinaire capacité qu’à l’homme « moderne » à reproduire sans cesse les mêmes erreurs pour le profit, au détriment du respect des civilisations et de la nature. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la colonisation était la thématique de cette dénonciation 13 ans auparavant, la chasse à la baleine est ici pointée du doigt à travers les Turkun, géants des mers en communion totale avec les habitants de la planète Pandora, dont un des bannis sera un atout précieux dans la bataille finale. Ces créatures possèdent un élément-clé dans leur organisme qui permet d’acquérir une forme d’immortalité, exploitée lors de ses fameux clonages embryonnaires où les souvenirs sont implantés.

 

 

 

 

 

 

Car les Terriens capitalistes, après avoir vidé de toutes substances leur planète d’origine sont de retour bien décidés à piller les richesses de Pandora. Pour le meilleur et pour le pire. Les caricatures sont autant présentes que les nuances sont absentes de ce coté. Et ce n’est pas l’arrivée de ce nouveau commando qui va traquer Jake Sully et sa famille durant deux bonnes heures qui me fera mentir. Tous ont la psychologie d’une huitre armée d’une mitrailleuse. 

Seul personnage à tirer lui son épingle du jeu, l’avatar du clone de…Quaritch,(toujours joué par Stephen Lang) colonel teigneux décédé dans le premier opus, tué par Ney’tiri de deux flèches dans le corps, comme il le découvrira à ses dépends, ayant tous les souvenirs de son géniteur, sauf ceux de son décès, les implants ayant été fait ultérieurement... De la science-fiction, certes, mais cette opportunité de revenir « d’entre les morts », donne à ce nouveau personnage, une humilité et une prudence qui le rendent moins manichéen que dans le premier opus. D’autant qu’il va découvrir qu’un jeune humain abandonné fréquente les enfants de Sully et qu’il n’est autre que…le fils de Quaritch. Donc, un peu le sien par conséquence.

 

 

 

Cette révélation va donner lieu à la plus étrange relation père-fils que l’on ait vu entre un humain et un être créé biologiquement, où la haine et l’amour se disputent dans le cœur du garçon, surnommé Spider ( ?? pourquoi d’ailleurs) Lui aussi est à cheval entre la caricature et la complexité. Espèce de Mogwli bondissant, happé par le mode de vie Nav’i, il reste constamment avec un respirateur à cause de l’air nocif de Pandora, cherchant une place qui ne lui est pas accordée, mais aussi un père auprès de Jake tout en refusant la main tendue du clone, restant tiraillé par des sentiments contradictoires envers l’avatar de son géniteur.

De même, le double bleuté de Quaritch, malgré le faux désintéressement pour le garçon dont il affirme n’être pas « le père véritable », ne cherche au fond qu’à retrouver à travers lui cette part d’humain qui lui fait désormais défaut.

La paternité, ici sous ses diverses formes et nuances, est l’un des aspects les plus intéressants du scénario, parcourant des territoires inédits, presque tabous, qui déboucheront pour les trois enfants cités (Kiri, Lo’AK et Spider)  sur la découverte de leur identité.

 

Les deux autres, eux, n’auront pas cette chance, sacrifiés à la caricature pour l’une, pleurnicharde  au possible, et sacrifié tout court pour l’autre, à la structure dramatique du récit où la haine et la vengeance reprendront le dessus dans un combat teigneux et crépusculaire, lors d’une éclipse et le dernier quart du film.

Lors de cette séquence, sans doute un poil trop longue, le réalisateur semble se faire un propre clin d’œil avec des références à Titanic et Abyss, et ce bateau chasseur de Turkuns, prenant l’eau et se mettant à couler avec une partie de ses protagonistes, bouclant la boucle d’une carrière placée sous le signe du spectaculaire et de l’innovation, avec une démesure assez unique en son genre.

 

Rendez-vous pris avec ses deux (trois ?) suites, tant l’immersion est plaisante malgré des défauts récurrents.

 Sans 3D pour moi. Outre cette baisse de la luminosité à cause des verres des lunettes, celle-ci m’ennuie profondément dans cette manière aléatoire de vouloir nous faire croire à l’émerveillement des scènes, avec un poisson ou une algue anecdotique qui passe sous nos yeux,  alors qu’elle devrait être un outil d’appui pour la narration de certaines séquences au même titre que la musique et le montage du film.

Si je veux voir de vrais films en 3D, je vais au Futuroscope pas au cinéma…






 

mercredi 4 janvier 2023

EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE






Article rétroactif de mai 2022 de Frédéric Serbource

Là, c'est rare, mais les mots me manqueraient presque... J'en arrive même à me dire que je pourrais arrêter mon année cinéma là-dessus tant on est à un stade où beaucoup de choses ne peuvent paraître qu'insipides après un film pareil.
Ayant adoré "Swiss Army Man" de ces mêmes Dan Kwan & Daniel Scheinert, c'était un long-métrage que j'attendais tout particulièrement, avec la peur évidemment que la hype suscitée autour de lui outre-Atlantique ne soit pas complètement à la hauteur de mes espérances... Eh bien, non seulement "Everything Everywhere All At Once" l'a été mais il en a atomisé le seuil pour aller au-delà dans des proportions que je n'aurais jamais pu soupçonner.
Le plus grand tour de force du film est finalement de débuter par quelque chose d'extrêmement simple en apparence, l'état de surmenage de son héroïne dont le quotidien chaotique nous est décrit en quelques minutes, pour nous entraîner dans la plus folle des expériences de Multivers jamais décrite au cinéma (autant dire que le Docteur Strange est KO au premier round, sorti sur civière et enroulé dans sa cape). D'un point de vue visuel, j'ai l'impression d'avoir vu tout ce qu'un arc-en-ciel cinématographique est capable de produire de mieux, de plus inventif et de plus barré pour retranscrire cet enchevêtrement infini de mondes géniaux dans lequel Michelle Yeoh se retrouve propulsée en tant que superhéroïne malgré elle et dont le fonctionnement ne cesse de révéler toutes ses subtilités pour notre plus grand plaisir. Je meurs déjà d'envie de le revoir par la profusion de plans et de scènes dingues que ma mémoire prend un malin plaisir à raviver dans le désordre, les nombreux éclats de rire devant l'absurdité de moments amenés à devenir cultes à mes yeux (je ne me remettrai jamais de la "danse des doigts" ou de Raccaccounie) ou encore les superbes instants d'émotion que le film construit sur la durée et qu'il base sur le relationnel en perpétuelle évolution de ses excellents personnages amenés à se (re)découvrir réellement.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

"Everything Everywhere All At Once" part en effet peut-être d'un postulat simple autour du rôle de son incroyable actrice principale mais, grâce aux tunnels de regrets et d'erreurs passés (et de n'importe quoi hilarant aussi) représentés par le Multivers qui l'emporte, il exalte de ce personnage toute la complexité de ses sentiments et non-dits refoulés, issus de tant d'années de frustration, pour enfin peut-être lui ouvrir les yeux et la guérir au sein de la plus déjantée des odyssées intérieures/interdimensionnelles qu'il m'ait été donné de voir..
Ma claque de 2022. Je ne vois honnêtement pas ce qui pourra battre ça. C'est unique, fou, brillant... 
A voir absolument.
 

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