POURQUOI CE BLOG ?

Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.

La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.

Bonne visite
Wilfrid RENAUD

samedi 19 décembre 2020

SOUND OF METAL

 




Article de Frédéric SERBOURCE

 

Coup de ❤ pour ce premier long-métrage de Darius Marder, le scénariste de "The Place Beyond the Pines" !
D'abord, pour paraphraser Magritte et vu comme tous les panneaux semblent indiquer le contraire : ceci n'est pas un film sur le metal ! Il n'est ici qu'une composante essentielle de la vie de Ruben, un batteur passionné qui sillonne les États-Unis pour une tournée de petits concerts en compagnie de son âme-soeur et chanteuse Lou. Leur existence nomade est synonyme de refuge, l'harmonie amoureuse que Ruben et Lou y ont construit autour de leur art est devenue leur muraille face aux problèmes du monde extérieur et à leurs passés ombrageux (lui est un ex-toxicomane).
Un matin, sans crier gare, Ruben est victime d'une grave crise d'acouphènes. Ignorant le problème, il tente de faire bonne figure lors d'une nouvelle performance mais, rien n'y fait, sa perte d'audition prend des proportions de plus en plus alarmantes. Ruben devient sourd, fragilisant en un éclair tout ce sur quoi sa vie reposait jusqu'alors...
Je crois que j'ai rarement vu un film aussi immersif pour appréhender la question de la surdité, le travail sonore fourni pour nous faire ressentir l'espèce de vague de silence irrépressible qui emporte son héros est absolument brillant de bout en bout. Avec en sus le jeu exceptionnel de Riz Ahmed, "Sound of Metal" prend aux tripes, mais d'une telle force, on partage la souffrance de la perte de ce sens primordial conduisant de fait à un isolement auquel Ruben ne peut rien faire, sinon s'accrocher à quelques mirages encore lointains d'une possible opération onéreuse. Évidemment, le film ne s'arrête pas à cette épreuve en tant que telle, il la met en parallèle à un plus large spectre d'acceptation que son héros va devoir apprendre à dompter à des niveaux existentiels décisifs malgré ses résistances si humaines.
Quoiqu'il entreprenne pour amplifier son discours dans le silence environnant de Ruben, "Sound of Metal" touche sans cesse. Que ce soit au travers d'un dîner où le brouhaha des gestes de la langue des signes des convives rappellent une normalité dont Ruben est exclu faute de maîtriser ce mode de communication ou d'un échange avec en enfant où les mots sont soudain obsolètes pour se comprendre, le film fait quasiment mouche à chaque scène, amplifiant, construisant et rendant finalement inéluctable la prise de conscience du personnage. La dernière partie qui la mettra en scène en sera d'autant plus forte, nous laissant sur une formidable séquence finale, simple et incroyablement juste.
Cerise sur le gâteau : la présence -certes un peu en retrait- de la toujours génialissime Olivia Cooke, actrice dont la filmographie éclectique est invariablement la promesse de magnifiques surprises à découvrir. "Sound of Metal" en est clairement une nouvelle.
Le film sort le 20 janvier en France. Comme je l'attendais particulièrement et qu'il est dispo en streaming, je n'ai pas pu résister. Mais j'irai le redécouvrir sur grand écran avec plaisir, c'est certain.
 
 

jeudi 3 décembre 2020

GOOD TIME

 

Article de Wilfrid RENAUD


            Le film n’est pas récent (2017), emprunté à ma médiathèque avant le deuxième confinement, je me suis dit qu’il était temps de voir ce que valait vraiment Robert Pattinson au-delà de son apparition épisodique d’un Harry Potter et de la saga aux dents longues, mais aux petits pieds, qu’était Twilight. J’avoue je ne suis pas allé au-delà du premier volet, n'ayant pas eu le courage, ni l’envie, de me taper cette série « Harlequin chez les vampires et les loups-garous »…

            J’avais eu vent de ces prestations chez Cronenberg, entre autres, et j’avais décelé lors du premier Twilight qu’il en avait plus sous la semelle qu’il n’en laissait paraître, mais je n’avais jamais pris le temps de vérifier à travers sa filmographie. C’est chose faite. Que les fans de l’homme-chauve souris se rassurent, le gars Robert a les épaules assez larges pour incarner le nouveau Bruce Wayne.  Pour s’en convaincre, sa prestation dans « Good Time » de délinquant du Queens vaut le détour.

 

            Heureusement, le film ne repose pas que sur ses épaules mais sur une histoire qui rebondit sans cesse, où le protagoniste principal, Connie Nikas (Pattinson), suite à un braquage raté, essaye de payer la caution de son frère, Nick, arrêté lors de leur fuite. Sujet qui paraît classique mais le dit frère est handicapé mental. Du coup l’énergie et la détermination que met Connie lors d’une nuit, très agitée, montre l’attachement fusionnel qu’il entretient avec lui, l’éloignant des stéréotypes classiques.

 

            Braquage, fuite, évasion d’un hôpital où son frère a échoué, mensonges et fabulations auprès des gens qu’il croise, Connie va s’enfoncer encore plus sur une voie du crime déjà bien entamée, quand il va se rendre compte que le gars sous les bandages, n’est pas Nick mais est un autre délinquant qui traine lui aussi son lot de casseroles, où acide et pognon,  vont les entrainer toujours plus loin. Leur espoir de sortir de l’impasse se rétrécit aussi sûrement que la nuit avance et le final, s’en rien dévoiler de la chute, démontre que, bin non, le crime ne paie pas, bande de sales gosses.

            Réalisé par les frères Safdie, dont l’un d’eux, Benny interprète le rôle de Nick, le frère handicapé, le film possède une empreinte indéniable sur le fond et le forme. Nihilistes et, d’une certaine façon, désespérés, leurs personnages de petits délinquants sordides rêvent d’une vie meilleure et s’accrochent à une liberté qui leur échappe peu à peu, à travers des actes violents mais jamais gratuits, avec un culot monstre qui parvient à duper, parfois, les représentants de l’ordre.  L’ambiance au niveau des éclairages, notamment avec une des dernières séquences dans le train fantôme, et surtout la musique donnent un ton très 80’S, doté d’une maturité exemplaire, loin de la nostalgie de cette même période dans les reprises des franchises foireuses.

            Marginaux et américains oubliés qui sombrent dans la délinquance, le sujet est à la fois brûlant et mené à un rythme trépidant qui laissent le spectateur sonné devant le coté glauque d’une société, au destin peu enviable.

 




vendredi 27 novembre 2020

LOVE & MONSTERS

 



Article de Frédéric Serbource


Sept ans après qu'une catastrophe ait fait dégringoler l'humanité du sommet de la chaîne alimentaire et l'ait réduite au rang de collation pour une faune mutante revancharde, Joel fait partie des heureux chanceux à pouvoir encore survivre dans une base souterraine. Enfin heureux... Joel ne l'est pas tellement sentimentalement parlant devant l'étalage amoureux de ses compagnons, tous en couple, alors que lui rêve de retrouver sa bien-aimée (nommée Aimee) enfermée dans un autre bunker à des kilomètres de là. Un jour, sur un coup de tête, Joel décide de partir la rejoindre contre l'avis de ses camarades qui doutent fortement de ses capacités à survivre seul...
 
 
Un jeune héros renfermé sur lui-même, maladroit et qui écrit des règles (sous forme de dessins ici) pour échapper aux dangers d'un monde post-apocalyptique... Non, non, il ne s'agit pas du personnage de Jesse Eisenberg dans "Zombieland" mais bien de celui campé aujourd'hui par Dylan O'Brien dans "Love and Monsters", il faut dire que la confusion est facile tant le film de Michael Matthews emprunte de nombreux ingrédients à la recette de la saga zombie-comique de Ruben Fleischer. Au-delà de son héros, on y retrouve en effet le même ton de survival post-apo décalé, misant autant sur l'absurde de certaines situations périlleuses que sur le côté empoté de Joel face à des modèles de survivants toujours prêts à le chambrer, la construction d'une famille de substitution autour de Joel en cours de route et même quelques seconds rôles qui la composent rappelent aussi furieusement l'esprit de "Zombieland" (Michael Rooker fait vraiment penser à une version light de Woody Harrelson sans parler de sa petite comparse). Bref, "Love and Monsters" marche énormément dans les pas de son célèbre modèle et, dans le fond, il faut bien avouer qu'il remplit cette tâche avec efficacité grâce à certains points forts.
La formule du film n'est pas assez originale pour assurer sa seule identité, pas grave, "Love and Monsters" peut au moins faire illusion grâce à la richesse de son bestiaire très réussi et s'étendant à tout l'ordre animalier là où "Zombieland" est justement limité par le sien. 
 
 
L'humour n'a clairement pas la même force de frappe que dans le film de Ruben Fleischer (malgré quelques jolis sourires, il faut le reconnaître), pas grave non plus, "Love and Monsters" l'utilisera surtout dans le but d'accentuer notre attache émotionnelle aux relations entre ses personnages (celle entre Joel et Boy est juste irrésistible) et le parcours initiatique de son héros en multipliant les rencontres plus ou moins heureuses pour lui faire enfin sortir la tête de son trou d'introverti trop longtemps replié sur ses souvenirs.
Alors, certes, tout ça ne camoufle pas complètement le fait que "Love & Monsters" est un long-métrage qui emprunte beaucoup plus qu'il ne crée mais, en l'état, il le fait avec suffisamment de discernement pour offrir un lot conséquent de morceaux de bravoure alliant spectacle et émotion autour de monstres parfois plus humains que leurs opposants. Ainsi, le terme "ennui" disparaît vite de notre vocabulaire le temps de la durée de ce sympathique divertissement et, même au-delà, on se surprend à avoir envie de retrouver plus tard cet univers et ses personnages dans une potentielle suite.
Pas si mal en fin de compte pour une recette dont on croyait connaître toutes les saveurs.
 

dimanche 6 septembre 2020

LE MANS 66


Article de Wilfrid RENAUD

Ayant si peu l'esprit sportif et encore moins celui de compétition, je dois dire que les histoires de course automobile me passionnent presque autant que celles sur le vélo ou le football.

Pourtant certaines arrivent m'intéresser quand elles parlent de rapports humains, d'amitié au lieu de rivalité, et si "Rush" de Ron Howard avait déjà brillamment ouvert la porte il y a quelques années, "Le Mans 66" déroule carrément le tapis rouge et fera sûrement office de référence dans quelques années.

James Mangold est un réalisateur à part à Hollywood. Il embrasse le système mais pas trop, arrivant à faire des films grand public en y apposant sa patte d'auteur. " Copland" avec Stallone, "Night & Day" avec Tom Cruise, "Walk the line" avec Joaquim Phoenix et "Logan" avec Hugh Jackman témoignent d'une vraie maturité d'écriture et sont plutôt bien servis par la réalisation de Mangold.

"Le Mans 66" ne déroge pas à la règle. La compétition entre Ford et Ferrari sera avant tout une amitié entre deux pilotes, travaillant dans la même écurie en l’occurrence, contrairement à Rush,  Carroll Shelby et Ken Miles, le premier engageant le second pour construire une voiture de courses financée par Henry Ford deuxième du nom.

 Le film prend son temps pour présenter ses personnages et son état des lieux. L'entreprise Ford, en faillite doit trouver de nouvelles idées et un des conseillers commerciaux arrive à convaincre le grand patron que la mythique course du Mans, où Enzo Ferrari est roi depuis des années, est la meilleure solution pour faire rêver une nouvelle génération d'américains. Les dessous des rouages administratifs d'une grande société comme Ford est traitée avec une ironie mordante et un cynisme qui font mouche. Ainsi une amitié qui va se cimenter dans le milieu sportif automobile et permettre à Ford de construire sa première voiture de circuit sera la conséquence....d'un coup marketing.

Carroll Shelby, qui a remporté la course du Mans en 1959, s'est reconverti dans la préparation et la vente de voitures musclées, et Ken Miles, tête brulée brillante qui court sur des circuits américains tout en concevant des moteurs personnalisés, sont interprétés respectivement par Matt Damon et Christian Bale. Les deux stars, loin d'être dans la compétition, sont parfaitement complémentaires, incarnant deux fortes têtes qui savent de quoi ils parlent face à une administration impitoyable et aux dents trop longues, cristallisée par l'arrogant vice-président  Léo Beebe (excellent Josh Lucas). Carroll Shelby, le cul entre deux chaises aura fort à faire entre gérer le tempérament de feu de Miles et les exigences de ses employeurs.

 






La séquence où il embarque Henry Ford (Tracy Letts aurait mérité un oscar pour son rôle)  dans son prototype pour un tour d'essai vaut son pesant de grosses cylindrées, accélérations, virages serrés et freinages extrêmes, le monolithique Ford crie et pleure comme une fillette devant tant de sensations et est convaincu par conséquence qu'il leur faut un pilote tel que Miles pour remporter les 24 heures du Mans.  

Celui-ci est insupportable de déraison et de savoir-faire fiévreux, et il faut tout le talent de Christian Bale, pour surjouer avec des moues de la bouche sans que ça ne pollue à aucun moment son personnage (le vrai Ken Miles avait l'habitude de parler la bouche tordue). Il réussira l'exploit de rattraper deux tours de retard sur son rival chez Ferrari malgré un départ calamiteux où sa portière refusait de se fermer.

 

 

Les courses en elles-mêmes sont autant de morceaux de bravoure que d'audace et de détermination. James Mangold arrive à faire des séquences lisibles et passionnantes, non dénuées d'humour, où le coach Shelby sera en parfaite adéquation avec le pilote Miles. Porté à ce niveau, le film a un petit coté mystique qui lui donne un état de grâce inattendu, surtout quand sous les directives de ses patrons, Miles, menant alors la course, s'obligera à ralentir pour franchir l'arrivée avec ses deux autres comparses, alignant trois voitures Ford dans une photo symbolique où l'esprit d'équipe l'emporte sur l'individualiste. 

Ce geste lui coutera la victoire au détriment de son comparse Mc Laren pour des raisons techniques, ce dernier étant parti de plus loin lors du départ sur la piste. L'amitié entre Shelby et Miles n'en sera que plus renforcée mais de courte durée. Ken Miles périra deux mois plus tard lors des essais d'une nouvelle voiture de course dans le désert au Riverside International Raceway. 

 Contrairement à Carroll Shelby qui ne semble pas avoir de vie privée dans le film, Ken Miles fait office de père aimant et de mari dévoué malgré un caractère de flammes, le rendant encore plus attachant lors des dernières minutes. Sa relation avec sa femme et celle avec son fils montrent qu'un homme est capable de vivre sa passion tout en conservant l'amour et le soutien de ses proches.

 

 

 

 

 

Les deux personnages auront révolutionné la manière de construire chez Ford. Grâce à  leurs innovations, la firme remportera consécutivement le grand prix du Mans en 1966, 1967, 1968 et 1969, en étant le seul constructeur américain a être victorieux sur ce prestigieux circuit.

Découvert sur les chaines Canal tardivement, le film date de 2019, "Le Mans 66" mérite le détour, il en a suffisamment sous le capot pour ravir même ceux qui ne sont pas mordus de courses sur bitume et asphalte. Porté par deux acteurs au top de leur forme et un réalisateur chevronné, il est ce qu' Hollywood peut livrer de mieux en terme de divertissement intelligent.

Et ça, c'est déjà une grande victoire, non ?

dimanche 30 août 2020

REVISION DE LA MATRICE

 Article thématique de Wilfrid RENAUD

 
Véritable phénomène au début des années 2000, qui propulsa Keanu Reeves au rang d’icône geek, qu'en est-il de la trilogie 20 ans après ? La mise en chantier d'un quatrième opus donne l'occasion de s'y pencher de nouveau, les spectateurs de l'époque se souviendront avec plaisir de la "séquence qui laisse bouche bée" liée à chaque épisode.


1999 / MATRIX
d'Andy et Larry Wachowski
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J'ai toujours pensé que le premier épisode se suffisait à lui-même et que les suites, aussi grandes que soient leur maestria, étaient superflues.
Lors de ce premier Matrix, la métaphore était bonne : une société sous contrôle, des humains exploités et des gardiens de la Matrice qui ressemblaient à des agents du gouvernement.
Le film a quand même pas mal perdu de sa superbe, les innovants effets spéciaux de l'époque, repris maintes fois jusque dans des parodies, se sont depuis encore améliorés et l'euphorie autour de Matrix est depuis longtemps retombée. Mais paradoxalement, il garde un statut de film culte dans le cœur des cinéphiles en étant un joli film de science-fiction bien torché.
 
 La séquence qui laisse bouche bée : Néo, évitant les balles d'un des agents en se contorsionnant au ralenti et aux limites du possible.




Empruntant à l'univers cyberpunk et aux films asiatiques, mélange de fusillade et de Kung-Fu, le film joue pas mal sur l’esbroufe et le tape à l’œil mais livre une des visions du futur les plus terrifiantes et cauchemardesques que l'on ait pu voir au cinéma : quand Néo (Keanu Reeves) se réveille dans son sarcophage et découvre le champ humain récolté par les machines pour s'alimenter en électricité. Le choc est total, le malaise palpable et la raison défaille.
 
La Matrice est née en 1999, entre savoir-faire, phrases cultes et interprétations au diapason de cette histoire hallucinante, les Wachowski sont entrés dans la cour des grands et ont ouvert une voie royale à une franchise qui fait toujours office de référence.
 
 
 
 
2003/ MATRIX RELOADED d'Andy et Larry Wachowski
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Difficile de faire une suite trois ans après sans donner l'impression de se répéter tout en gardant la même formule. Pourtant les frères Wachowski vont réussir leur pari.
D'une part en élargissant leur histoire, après la Matrice et les tunnels mystérieux, nous allons découvrir Sion, dernier bastion d'une humanité, nichée dans les profondeurs de la Terre avec une cité pas tout à fait high-tech mais pas mal automatisée, ce qui nous vaudra un petit cours de philosophie pour les Nuls, comme quoi, l'homme et les machines ont besoin l'un de l'autre pour survivre...
 
D'autre part, malgré une séquence d'ouverture où l'efficacité des deux frangins fait encore des étincelles, nous allons avoir droit à une descente au rayon ésotérique où il sera question de choix, de libre-arbitre et de leurre face à l'inéluctabilité du destin, lors d'une rencontre entre Néo et l'Architecte, concepteur de la Matrice... Anomalie du programme, l'Elu revient régulièrement au fil des décennies et Sion est anéanti à chaque fois pour un éternel recommencement. 
Sisyphe n'a qu'à bien se tenir.
Partie un peu gonflante, vite oubliée, devant la maestria des séquences d'action qui gagnent en intensité.
Celles-ci, en effet, ne semblent avoir qu'un seul but : surpasser la précédente et elles trouveront leur point d'orgue dans la toujours bluffante séquence du freeway et son crash frontal hallucinant entre deux camions.
 
La séquence qui laisse bouche bée : Morpheus et le Maitre des clés sur le toit de la remorque d'un camion qui en percute un autre à pleine vitesse. Dans un ralenti à 360 °, le choc est entamé, la tôle se tord, les flammes apparaissent : les deux personnages sont voués à une mort certaine. Néo arrive comme une fusée, jouant à Superman pour l'occasion, et récupère au dernier moment les deux comparses pour les tirer hors de danger. Efficacité totale même après toutes ces années.
Les comédiens sont toujours au diapason de cette fresque futuriste, adoptant plus que jamais le look punk tendance SM et on retrouve avec plaisir notre très chic Lambert Wilson national dans deux séquences mémorables.
Le film se terminera à la manière d'une série TV à suspens, laissant le spectateur plein de questions qui vont malheureusement trouver une réponse balourde dans le troisième opus.
Le soufflé ne sera pas retombé mais à l'avoir trop laissé longtemps au four les deux frangins auront hélas cramé leur final.
Malgré tout, l'ensemble reste de bonne facture et contient son lot de séquences cultes comme le combat toute en virtuosité de Néo contre l'agent Smith et une cinquantaine de ses répliques qui ne semble pas avoir d'issue, les assaillants arrivant toujours plus nombreux au fil des minutes.
 
 
 
2003 MATRIX REVOLUTIONS d'Andy et Larry Wachowski
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Tourné en même temps que Matrix Reloaded pour des raisons budgétaires, ce troisième opus est celui que j'aime le moins, tout comme une majorité critique et public, moins à cause de sa fin tragique qui donne un coté amer à la victoire que par son ton balourd qui plombe pas mal l'ensemble.
Avec une séquence d'ouverture qui traine en longueur, les Wachowski donnent l'impression d'avoir appuyé sur le frein avec les deux pieds alors qu'ils avaient lancé leur locomotive à plein régime.
Néo, perdu sur un quai de gare sans issue, métaphore d'un lieu entre le réel et la Matrice, ne devra son salut qu'à ses amis, malgré un pouvoir grandissant et des capacités qu'il développe en dehors du monde virtuel.
 


Si l'Elu est encore au cœur de la thématique, le tout reste encore hasardeux et embrumé par les choix du héros. Plus guerrier, le film lors d'une longue séquence délaisse les combats au corps à corps pour une bataille aux portes de Sion où machines et humains vont s'affronter dans un combat dantesque. Si la maestria est de nouveau là, entre actes d'héroïsme désespéré et surpassement de soi, cristallisé par un jeune second couteau qui croit fermement en Néo, elle a en revanche un coté balourd qui plombe pas mal le film.

 
 

La séquence qui laisse bouche bée : Toute la séquence de l'attaque du quai, malgré un coté guerrier proche du jeu vidéo bête et méchant, impossible de ne pas saluer la maestria. Les sentinelles s'infiltrent comme des milliers de fourmis et se regroupent comme une seul entité pour forcer le barrage.
 
Le destin des deux protagonistes principaux sera de son coté plus tragique, puisque Néo deviendra aveugle lors d'un combat, ouvrant largement les bras au symbole du prophète, et Trinity, sa compagne depuis le début, périra lors d'un crash, empalée par des tiges d'acier, en tentant de les amener à la ville des machines. Entre prophète et martyres, les Wachowski, piochent ici généreusement dans la religion, faisant adopter à leur héros des positions christiques.
Le final quand à lui retombe dans des travers et une lourdeur pesante, où l'esbroufe se veut style et on sent un tirage à la ligne évident.
 
 
 
Matrix révolutions sera le dernier grand succès public des Wachowski. Leur film suivant Speed Racer (2006) sera un four, tout comme leur pourtant sublime Cloud Atlas (2012), coréalisé avec Tom Twyker, et Jupiter Ascending (2016) aura un succès mitigé.
Entre-temps, les Wachowski auront changé de sexe (Cherchez pas à comprendre, chacun fait ce qu'il veut), en devenant Lana en 2012 et Lilly en 2016, et se seront tournés vers la télévision avec la série Sense 8 (2015) qui a de très bons échos.
Un quatrième opus est en préparation, on peut se demander si c'est une bonne idée, vu que les reprises de franchises n'ont pas été des réussites et beaucoup de flops mais j'ai suffisamment confiance dans leur savoir-faire pour imaginer un nouvel éclat dans un monde cinématographique plutôt terne depuis le début de l'année.
Quoiqu'il en soit, la trilogie Matrix malgré ses hauts et ses bas et une fin plutôt en deçà des espérances, continue à rester une référence du genre, vingt ans après.

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