
Under The Silver Lake est un film noir et tortueux, sorte de Palma-Esque, qui nous offre une plongée dans un Los Angeles labyrinthique, au cœur d'une sale enquête nébuleuse orchestrée par un privé amateur/glandeur.
Jeu de pistes savoureusement étrange et d'une tristesse et d'une mélancolie dévastatrices (comme... It Follows), le film, qui mélange les genres avec une rigueur rare, croque les errances paranoïaques et absurdes d'un homme pathétique et impuissant joué par un Andrew Garfield qui livre encore une fois une performance admirable, très proche de ses débuts dans Boy A.

La mise en scène demeure un pur délice, entre mouvements fluides, travelings déstabilisants ou plans longs aériens et plein de grâce, chaque image transpire le cinéma, magnifié par la photographie sublime de Michael Gioulakis (It Follows, Split, Glass, Us). Disasterpiece, déjà auteur de l'OST de son précédent film, revient dans une composition digne de l'âge d'or 50's-60's, le tout parvenant à apporter une atmosphère étrange, excitante, effrayante et énigmatique. Rupture de tons, richesse thématique, narration ambigüe, accumulation de pistes, scènes enivrantes et délires métaphysiques...on pourra pinailler sur la destination, moins marquante et intéressante que le voyage en lui-même, mais ce serait oublier la cohérence absolue du propos et de l'expérience unique que représente cette plongée sous le Lac d'Argent, et la preuve que David Robert Mitchell est un cinéaste à suivre de très près.
Bref pour conclure, Under the Silver Lake restera un film singulier, totalement barré à la beauté spectrale fracassante et organique, 2h20 de proposition de cinéma audacieuse...Une pépite à voir comme une œuvre complexe mais lisible et sensiblement hermétique, qui demande que l'on s'y perde aveuglément pour en capter toute sa rareté et sa singularité. Du trés bon cinéma souvent biberonné aujourd'hui aux mauvaises comédies françaises et autres blockbusters américains sans saveur comme les films de super-héros.
