Article de Wilfrid RENAUD
Gore Verbinski s’inscrit décidément à part en que cinéaste Hollywoodien. Après avoir débuté avec le déjanté et cartoonesque film « la Souris » (1997) où on retiendra des gags qui font mouche et des interprétations hilarantes (Christopher Walken en dératiseur professionnel vaut son pesant de fromages), réuni deux icônes de l’époque dans une comédie policière en 2001 (Brad Pitt & julia Roberts) dans le Mexicain, réussi la version américaine de the Ring en 2002 et de sa suite en 2005, avoir mené ses Pirates des Caraïbes à l’autre bout de mondes étranges et surnaturels dans la trilogie s’étendant de 2003 à 2005, fait un détour dans le cinéma d’animation avec l’étrange Rango, et enfin ressuscité dans le très réussi et pourtant peu connu The Lone Ranger-vieille série télé américaine des 50-60’s, le voilà avec un petit bijou nommé "A cure for Life", tourné en partie dans le château Hohenzollern en Allemagne
Gore Verbinski s’inscrit décidément à part en que cinéaste Hollywoodien. Après avoir débuté avec le déjanté et cartoonesque film « la Souris » (1997) où on retiendra des gags qui font mouche et des interprétations hilarantes (Christopher Walken en dératiseur professionnel vaut son pesant de fromages), réuni deux icônes de l’époque dans une comédie policière en 2001 (Brad Pitt & julia Roberts) dans le Mexicain, réussi la version américaine de the Ring en 2002 et de sa suite en 2005, avoir mené ses Pirates des Caraïbes à l’autre bout de mondes étranges et surnaturels dans la trilogie s’étendant de 2003 à 2005, fait un détour dans le cinéma d’animation avec l’étrange Rango, et enfin ressuscité dans le très réussi et pourtant peu connu The Lone Ranger-vieille série télé américaine des 50-60’s, le voilà avec un petit bijou nommé "A cure for Life", tourné en partie dans le château Hohenzollern en Allemagne
Ce thriller horrifique brasse beaucoup de thèmes déjà
exploités au cinéma mais arrive à trouver sa propre identité par ses qualités
visuelles et son rythme hypnotique. Gore Verbinski va entraîner le spectateur
là où il veut et en d’autres mains le final aurait pu être ridicule mais
curieusement passe ici plutôt bien.
Le début dénonce les travers d’un système capitaliste où la
course au profit au sein d’une entreprise est abordée comme une maladie qu’il
faut soigner. Lockart, (Dane DeHaan
épatant dans ce rôle) jeune cadre ambitieux, est envoyé en Suisse pour retrouver
son patron qui ne donne plus signe de vie depuis une station thermale. Il va
rapidement s’apercevoir que quelque chose cloche. Le personnel, son directeur
Mr Volmer (Jason Isaacs vu dans la saga Harry Potter), les patients. Si le
cadre parait idyllique, la cure cache apparemment un terrible secret lié à l’eau.
Son patron, Mr Penbroke refusera de
quitter les lieux, tenant des propos obscurs entre deux phrases lucides, et Lockart tentera de repartir de la station. Sa voiture
sera projetée dans un fossé après avoir heurté un cerf et rapatrié à la station
avec une jambe cassée, il sera contraint de rester dans ce lieu étrange où le
cauchemar ne fait que commencer…
A cure for life c’est un peu le loup de Wall Street
qui rencontre Shutter Island mais ici le lieu est chargé d’une
vieille légende où un baron voulait épouser sa sœur deux cent ans auparavant.
Et le poids de celle-ci pèse sur la station thermale, faisant resurgir un
malaise palpable qui s’infiltre comme un poison.


Dan DeHaan, vu récemment dans le Valérian de Luc Besson, tient
ici un rôle à la mesure de son potentiel. Tout en nuances, le cadre arrogant qu’il
incarne, cache lui-même une blessure liée à son père, et le piège qui se referme
sur lui va l’obliger à revoir ses positions et tout son mode de vie. Son
interprétation est pour beaucoup dans la réussite et la crédibilité de cette
histoire hallucinante. Difficile d’en dire plus sans tout dévoiler mais disons
que la fiancée de Frankeinstein et l’ile du docteur Moreau ne sont pas très
loin des influences principales de ce scénario signé par Justin Haythe (qui a
déjà travaillé sur Lone Ranger) d’après une idée de Gore Verbinski lui-même.
Celui-ci met tout son savoir-faire et son sens d’esthète au
service de son histoire, la musique et le chant enfantin du thème principal rappelle
l’ambiance du Labyrinthe de Pan, même si les deux films n’ont rien en commun.
Ici, il y a des flashs fulgurants et des images chocs, anguilles électriques,
cadavres dans des sarcophages d’eau et ballerine en porcelaine surmontant des
boites à musique. Piscines d’un bleu trop pur pour être naturel, celles d’une
eau trop noire pour être rassurante et
bains de vapeurs si opaques qu’ils ressemblent à des culs de sac. Entre
hallucinations et réalité, Verbinski entretient le mystère pendant quasiment
tout son récit et nous emmène sur les territoires du fantastique sans en
avoir l’air.

Son imagerie est d'une poésie morbide fascinante et en fait un
des meilleurs films de genre que j'ai pu voir depuis longtemps. On en ressort
avec l’envie de profiter de la vie dans ses plaisirs les plus élémentaires et
celle de fuir une société folle qui court à sa perte.
Chez Verbinski, la dénonciation d’une entreprise en crise d’où
vient Lockart, n’est sûrement qu’un reflet d’Hollywood, voire du géant Disney, et ses enjeux
monétaires qu’il a bien connu. Chez le spectateur, chacun devrait y voir un
élément qu’il lui parlera directement selon son propre parcours.
Pour ma part, j’ai hâte de voir ce que sera la suite de sa carrière, tant il s'inscrit dans ce que j'aime et je recherche dans le cinéma actuel.





















