La sortie DVD de LA PLANÈTE DES SINGES : suprématie donne l'occasion de revenir sur cette saga désormais culte.
Le concept de la motion capture n'est pas neuf. Peter Jackson en a montré l’extraordinaire capacité via sa première trilogie de Tolkien et le Gollum qui apparaissait dans le second volume "Les deux tours" en 2002.
Interprété par Andy Serkis, son apparence était fascinante, bluffante. Et son personnage est entré dans la pop-culture à la vitesse de la lumière.
Ici, dans cette relecture particulière du roman de Pierre Boule, c'est de nouveau le même comédien qui prête son jeu et son regard à Caesar, le singe qui parle.
Le résultat est saisissant et si la version avec Charlton Heston en 1968 reste un grand classique, cette nouvelle saga à l'ère du numérique occupe une place à part dans le renouveau d'un certain cinéma.
Petit tour d'horizon où la maestria des effets spéciaux ne prennent pas le dessus sur un fond bien réel et un thème toujours d'actualité : la peur de l'autre.
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LA PLANÈTE DES SINGES : les origines de Rupert Wyatt (2011)
"La planète des singes : les origines" n'entre, heureusement pas dans ces catégories.
Oubliez le film de Tim Burton de 2001, cette nouvelle version démarre de nos jours et est ancrée dans une réalité bien palpable. Le film pourrait se situer bien avant "La planète des singes" de Franklin J. Schaffner en 1968 et se rapproche même de sa séquelle "La conquête de la planète des singes" de Jack Lee Thompson en 1972.
L'histoire : A San Francisco dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. Céasar, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire.
L'acteur, Andy Serkis filmé en motion capture et son traitement informatique pour arriver au personnage de Céasar
En privilégiant la motion-capture (technique utilisée entre-autre pour Avatar et le "Gollum" du Seigneur des anneaux)
au lieu des traditionnels maquillages, Rupert Wyatt le réalisateur,
tranche avec ses prédécesseurs et permet à ses singes d'avoir des
expressions au niveau du visage que les maquillages avaient tendance à
figer (Joie-Colère-Peur). La performance d'Andy Serkis dans le rôle de
Céasar est aussi redoutable que l'évolution de son personnage dans le
film.
Il permet de le faire passer par toutes les étapes : l'innocence, la peur, le désespoir, la colère, la rébellion et enfin la révolte.
Tant et si bien qu'à la fin, il se maintient presque comme un humain mais plus du tout comme un singe, semblant montrer aux hommes qu'il est désormais leur égal, voire la future espèce dominante.
Cette motion capture se combine bien avec les autres images de synthèse des singes dans des déplacements vertigineux et virevoltants (la découverte de la forêt de séquoias, l'évasion de la prison) dans une mise en scène efficace pour un film dont le rythme va crescendo jusqu'à l'affrontement final sur le pont de San Francisco entre singes et humains.
Pour autant, l'émotion n'est pas oubliée et les acteurs en chair et en os s'en tirent bien. James Franco, partagé dans ses sentiments entre l'envie de trouver un remède à la maladie d'Alzheimer pour sauver son père ( John Lithgow, très touchant) et un amour quasi-filial envers Céasar, où il est dépassé par le résultat de son expérimentation qui devient incontrôlable.
Ce trio de personnages (interprétés par Serkis-Franco-Lithgow) fonctionne à merveille, contrairement aux autres, peu développés et du coup assez caricaturaux (le méchant geôlier joué par Tom Feldon, échappé de la saga Harry Potter).
Et une pensée pour la pauvre Freida Pinto, en vétérinaire et petite amie de James Franco, qui aussi jolie soit-elle, se retrouve au rang de décoration féminine et n'apporte pas grand-chose à l'histoire à part un peu de compassion extérieure envers Céasar et un regard inquiet sur ce qui risque d'arriver.
Il permet de le faire passer par toutes les étapes : l'innocence, la peur, le désespoir, la colère, la rébellion et enfin la révolte.
Tant et si bien qu'à la fin, il se maintient presque comme un humain mais plus du tout comme un singe, semblant montrer aux hommes qu'il est désormais leur égal, voire la future espèce dominante.
Cette motion capture se combine bien avec les autres images de synthèse des singes dans des déplacements vertigineux et virevoltants (la découverte de la forêt de séquoias, l'évasion de la prison) dans une mise en scène efficace pour un film dont le rythme va crescendo jusqu'à l'affrontement final sur le pont de San Francisco entre singes et humains.
Pour autant, l'émotion n'est pas oubliée et les acteurs en chair et en os s'en tirent bien. James Franco, partagé dans ses sentiments entre l'envie de trouver un remède à la maladie d'Alzheimer pour sauver son père ( John Lithgow, très touchant) et un amour quasi-filial envers Céasar, où il est dépassé par le résultat de son expérimentation qui devient incontrôlable.
Ce trio de personnages (interprétés par Serkis-Franco-Lithgow) fonctionne à merveille, contrairement aux autres, peu développés et du coup assez caricaturaux (le méchant geôlier joué par Tom Feldon, échappé de la saga Harry Potter).
Et une pensée pour la pauvre Freida Pinto, en vétérinaire et petite amie de James Franco, qui aussi jolie soit-elle, se retrouve au rang de décoration féminine et n'apporte pas grand-chose à l'histoire à part un peu de compassion extérieure envers Céasar et un regard inquiet sur ce qui risque d'arriver.
Du coup, contrairement aux autres versions de la saga, on se surprend à avoir de l'empathie envers ces singes, épris de liberté et sans dévoiler les bonnes surprises du scénario, le réalisateur a su poser les bases d'une future franchise qui titille l'intérêt et l'envie d'en savoir plus. Un bon film qui évite la surenchère d'effets spéciaux, qui questionne sur les dérives des recherches médicales à travers un divertissement estival de qualité et dernier point important : qui n'a pas besoin de la 3D pour sa propre publicité et du coup sa réussite.
LA PLANÈTE DES SINGES : l'affrontement de Matt REEVES (2014)
Il est rare de constater que les blockbusters estivaux possèdent une véritable âme. "La planète des singes : l'affrontement" est de cette trempe. Marchant dans les traces de ses illustres prédécesseurs dans les années 70, celui-ci allie divertissement et intelligence avec brio.
Le thème central tourne de manière directe avec "la peur de l'autre". Nous retrouvons César dix ans après les événements de "La planète des singes : les origines". Le virus, inoculé aux singes dans l'espoir de lutter contre la maladie d'Alzheimer, les a certes rendu plus intelligents mais a été quasi-fatal pour l'Humanité : 1 personne sur 500 a survécu.
Les miraculés se sont regroupés dans des villes décrépies, où la nature semble reprendre ses droits.
La rencontre entre les deux espèces va se révéler tendue. Les singes se méfient des hommes et les hommes ont peur des singes, de plus en plus nombreux. César a depuis deux fils et les autres se reproduisent aussi à l'état naturel mais les plus anciens n'oublient pas facilement ce qu'ils ont endurés.
Espérant remettre en marche un barrage hydraulique qui assurera du courant à la ville où tous sont réfugiés, un groupe d'humains empiètent sur le territoire des singes. César semble leur accorder une confiance limitée, il veut éviter un affrontement qui serait fatal à son peuple.
Mais Koba, singe ayant passé de nombreuses années dans des labos, comme le montrent ses cicatrices, ne veut pas d'eux. Il va déclencher des événements dont l'issue déterminera la suprématie d'une des deux espèces...
Matt Reeves, le réalisateur, joue plus avec cette tension sous-jacente qu'avec les scènes d'actions, au final peu nombreuses. Celles-ci sont d'ailleurs toujours justifiées et ne sombrent pas dans la surenchère. Les singes sont toujours aussi vrais que nature et si Andy Serkis, incarnant César emporte une nouvelle fois la palme, il faut compter aussi avec Toby Kebell, terrifiant en Koba et Nick Thurston qui interprète tout en nuances "Yeux bleus", le fils de César.
Leurs scènes les plus intimes, souvent lentes, passent beaucoup par les regards, et force et de constater que chacun possède son double dans le miroir humain, ce qui au final ne rend pas les uns si différents des autres et met en évidence nos craintes et nos faiblesses.
Coté casting chez les hommes, en revanche ce n'est pas trop la fête. Le charismatique James Franco a été éliminé de la série, sans doute emporté par le même virus qui avait tué un de ses collaborateurs dans le premier film. Il y a certes Gary Oldman mais qui a un rôle secondaire, Jason Clarke ( vu dans "Des hommes sans loi") qui tire plutôt bien son épingle du jeu, Keri Russell (Mission Impossible 3) ou bien Kirk Avecedo ( la série télé "OZ") mais ils paraissent plutôt fades face aux extraordinaires performances de leurs collègues en primates.
Et si la franchise tend de plus en plus à ressembler à celle d'il y a quarante ans, certains singes se déplacent à cheval et parlent, la démonstration fait la différence. Subtil, intelligent, prenant son temps pour poser des bases solides, le 3ème épisode, actuellement en préparation, promet d'être fatal...pour les hommes.
Tant mieux, on en redemande. Longue vie à César.
LA PLANETE DES SINGES : Suprématie de Matt REEVES (2017)
La nouvelle version de "La Planète des singes" sous-titrée "les origines" en 2011 avait surpris par la modernité de son propos et surtout l'excellence de sa motion-capture. Les primates paraissaient plus vrais que nature aidés par la composition de leur leader Andy Serkis dans le rôle de Caesar. Tout aussi réussie techniquement, sa suite "L'affrontement" en 2014 était plus simpliste dans son propos, plus guerrière et tribale et on était en droit de se demander si la nouvelle franchise n'allait pas ressembler à un soufflé qui retombe.
Le troisième opus "Suprématie" répond favorablement à nos inquiétudes. Si vous avez vu la bande annonce et que vous croyez avoir deviné tout le film, sachez que celui-ci s'avère être plus profond et complexe. La menace simiesque aux yeux des humains, alors que le peuple ne demande qu'à vivre en paix, a atteint un point de non retour. Ils ont décidé de carrément l'éradiquer. Lors d'une infiltration nocturne, un groupe de soldats mené par son chef modestement nommé "le Colonel" croit abattre Caesar dans son repaire. Ils ont en fait tué son fils.
Caesar, partagé entre un désir de vengeance et la responsabilité de mener son peuple en lieu sûr, hésite avant de partir à la recherche de son meurtrier. Sur la route, ils croiseront une petite humaine isolée, sourde-muette, sans se douter que le virus qui a tué des millions d'humains a désormais muté, les privant de l'usage de la parole...
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Pour le pitch de départ, si celui-ci évoque des classiques du western, c'est en effet le cas durant son premier quart. Impression renforcée par l'image de ses singes cavaliers portant des carabines et chevauchant des montagnes enneigées.
Autre impression, celui de l'hommage au film original, quand ils chevauchent sur une plage ensoleillée à marée basse. On s'attendrait presque à voir une statue de la liberté au détour d'une crête mais c'était sans doute encore trop tôt...
La technique est irréprochable, on en oublie les effets spéciaux, où les acteurs sont en motion capture, pour se focaliser sur les personnages. Caesar domine tout le monde une fois de plus grâce au jeu exceptionnel de son interprète Andy Serkis. Tout en nuances, il n'a plus rien à voir avec le singe modèle et optimiste du premier opus. Tristesse et colère habitent désormais son cœur. Et surtout son regard.
Et si à travers ses yeux, la première émotion arrive à nous émouvoir, la seconde fait carrément froid dans le dos.
Pour lui faire face, il fallait du coté des humains un acteur qui ait suffisamment de présence et de force sans en faire des tonnes. Woody Harrelson campe un colonel qui ressemble à celui qu'incarnait Brando dans Apocalypse Now, ivre de détermination et de despotisme, il n'en est que plus inquiétant.
Surtout quand on voit sa réputation inspirer suffisamment de crainte pour que des gorilles en viennent à trahir leur espèce. Se rangeant du coté des humains, traités comme des mules et portant des munitions entre autres basses besognes.
Pourtant son personnage apparaît peu à peu moins manichéen que prévu : un destin tragique et cruel qui fait comprendre ses motivations, aussi discutables soient-elles.
Sa relation avec Caesar va tourner au rapport maitre-esclave quand Le Colonel réussira à emprisonner les survivants de son groupe, dont les plus jeunes singes, afin de les obliger à construire un mur autour de leur base. Caesar comprend que la guerre entre plusieurs factions d'humains a aussi lieu et il devra compter sur l'aide de ses amis, Luca et Maurice ainsi que la petite humaine qui s'est jointe à eux, Nova, pour libérer tout le monde avant qu'il n'y ait plus de victimes, reléguant sa vengeance au second plan
Les potes, on arrête nos singeries, on a du pain sur la planche. |
Et si on ne peut s’empêcher lors de l'épilogue de penser que Caesar est devenu un Moïse plus poilu que barbu en emmenant son peuple après une longue marche vers des terres hospitalières, l'effet n'est jamais appuyé.
Tout comme l'émouvante image finale où Matt Reeves, le réalisateur conclut en beauté et tourne la page de ce singe pas comme les autres.
Le singe qui parle.
Écoutez-le encore, il a tellement à dire avec si peu de mots.