Cet été, Christopher Nolan concluait sa trilogie Batman avec « The Dark Knight Rise ».
Auteur atypique de films comme «Memento », « Le
prestige » ou « Inception », il a, mine de rien, marqué un pan du
cinéma en faisant renaître de ses cendres le héros masqué dont les derniers
opus orchestrés par un Joël Schumacher mal inspiré avaient carrément tué la
franchise dans les années 90.
En 2005, le reboot de Batman, intitulé « Batman Begins » remettait les compteurs à zéro et reste un modèle du genre et sans doute le meilleur épisode des trois.
Une approche plus réaliste, une fouille sur les personnages,
une relation entre Bruce Wayne et Alfred son majordome plus étoffée, le réalisateur
prend son temps et se permet même le luxe de ne pas faire apparaître le héros
masqué durant les 45 premières minutes.
Approche plus réaliste de l’univers. Au placard les décors
carton-pâte de Gotham city, celle-ci est filmée dans ses plus sombres bas-fonds
et ses vue aériennes ressemblent à mélange de New-York et Vancouver.
La célèbre « Batmobile » est, elle aussi, relookée de manière spectaculaire, le coté "voiture de collection flashy et fun" est abandonné et la nouvelle ressemble à un tank, prototype militaire dans l’histoire qui devait être utilisé pour tendre des ponts entre deux rives.
La scène de la poursuite dans les rues de Gotham et sur les
toits de la ville reste dans les mémoires par son coté brut et massif.
Avec tous ces détails, Christopher Nolan donne l’air de rien
une leçon aux autres cinéastes. « Si vous voulez que l’on y croit, voilà
comment il faut faire ». Son Batman n’a jamais paru aussi proche de la
réalité malgré tous ses gadgets et son folklore.
Malgré tout, certains épisodes souffrent d’un coté trop
bavard, notamment « The Dark Knight » sorti en 2008, deuxième opus
aux allures d’opéra baroque. Trop de dialogues souvent inutiles et brumeux
alourdissent l’ensemble mais le film compte un atout majeur avec Heath Ledger
dans le rôle du Joker.
Son interprétation irradie littéralement le film et
laisse une marque indélébile, enterrant au passage la prestation cabotine de
Jack Nicholson dans le Batman de Tim burton en 1989. Oscarisé pour son rôle à titre posthum puisque le comédien devait trouver la mort sur son film suivant "L'imaginarium du Dr Parnassius" de Terry Gilliam.
Ses apparitions, les cheveux sales, où son maquillage coule comme celui d'un artiste en
fin de spectacle et où il répète cette phrase menaçante : « Pourquoi
cet air si sérieux ? » prémisse au chaos annoncé, en font le meilleur
méchant de la trilogie.
Les méchants de Batman. Si celui incarné par Liam Neeson
dans « Batman Begins » était relativement clair (il voulait éradiquer Gotham, ville de tous les fantasmes en proie à la corruption), les
motivations des autres sont nettement plus confuses. Le Joker a un coté
anarchiste qui ne demande rien, brûle l’argent et veut montrer que tous les
habitants de Gotham sont un fruit pourri en puissance, bref on ne voit pas trop
où il veut en venir. Celui de « The Dark Knight rise », Bane interprété
par Tom Hardy, met carrément la ville à genoux, la prend en otage pour mieux la
détruire ensuite, reste aussi brumeux.
La bande originale du film est elle très marquée par son compositeur Hanz Zimmer, réussissant à faire oublier celle au combien mémorable de Danny Elfman dans la version de Tim Burton. Le thème principal est plus profond, plus lancinant et illustre parfaitement le coté "gardien de la nuit" du personnage.
L’interprétation est sans conteste le point fort de la trilogie. Ainsi, Christian Bale incarnera le héros masqué sur les trois films et nuancera son jeu dans la peau du milliardaire Bruce Wayne au travers une couverture de play-boy philanthrope et futile. Les vétérans Michael Caïne et Morgan Freeman seront respectivement Alfred la majordome et Lucius Fox, le fournisseur de gadget, les deux seuls à être au courant de l’identité du héros masqué. Ces deux personnages tisseront des liens étroits avec Bruce Wayne et étofferont son caractère.
Quand à Gary Oldman, très à l’aise dans le rôle du commissaire Gordon, il sera même un élément moteur dans le deuxième épisode.
On passera rapidement sur le changement d'actrice assez litigieux. Le personnage de Rachel au départ incarné par Katie Holmes a laissé les traits à Maggie Gyllenhaal. La première étant à l'époque l'épouse d'un célèbre scientologue nommé Tom Cruise, sa présence n'a pas plu à divers dirigeants du studio.
Autre point fort Chez Christopher Nolan, la capacité à introduire des personnages
légendaires à la saga en se débarrassant de tout ce qui est superflu pour ne
garder que l’essentiel. Ainsi le terrible « Double-face » sera
amené de manière extrêmement minutieuse à travers le personnage du procureur Harvey Dent,
( Aaron Eckhart tient en passant sans doute le meilleur rôle de sa carrière).
Catwoman
sera cette voleuse acrobate sans passer par la case « Je tombe de la
fenêtre et je me fais bouffer par les chats avant de renaître » et le
futur acolyte Robin ne fera ses premiers pas que lors des dernières images du
troisième opus après avoir incarné un flic courageux soutenant le chevalier
noir durant toute l’histoire. Nolan balayant sans vergogne son passé d'acrobate dans un cirque et laissant au musée son costume vert et jaune mal assorti à l'univers qu'il a bâti.
Approche gonflée mais payante.
Approche gonflée mais payante.
Pour tout cela et malgré ses défauts mineurs, (voir le buzz
autour de la mort du personnage de Marion Cotillard sur le net) la trilogie de
Nolan force le respect et donne des lettres de noblesse au justicier masqué au
travers des histoires tragiques et intenses rarement égalées.
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