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POURQUOI CE BLOG ?
Ce blog est destiné à donner un avis sur des films récents. Cela permet de partager une passion commune que l'on n'a parfois pas le temps de faire à cause de nos emplois du temps (sur)chargés.
Bonne visite
Wilfrid RENAUD
La crise sanitaire ayant eu raison des cinémas et des programmations, des films un peu antérieurs à 2020 peuvent être évoqués dans l'actualité.
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jeudi 27 février 2020
INVISIBLE MAN
Article de Frédéric Serbource
Il a beau avoir le moyen ultime de se cacher aux yeux de tous, l'Homme Invisible n'en demeure pas moins une des créatures les plus visibles de la culture populaire tant les itérations de son histoire se sont multipliées à travers tous les supports possibles depuis sa première apparition dans le roman de H.G. Wells en 1897. À vrai dire, à part voir le don d'invisibilité utilisé comme un énième pouvoir de super-héros, on en était venu à croire que le personnage et ses variations n'avaient plus un très grand potentiel à exprimer. Certes, "Hollow Man" de Paul Verhoeven en 2000, la dernière version la plus connue, avait réussi à le tourner en figure déviante mais en majeure partie grâce au génial mauvais esprit de son réalisateur. Depuis, hormis le vague espoir de voir un autre grand nom s'approprier totalement l'Homme Invisible, il était difficile d'imaginer une nouvelle version apportant quoi que ce soit de pertinent à cette figure mythique du cinéma. Et, autant dire que ce n'était pas sa possible résurrection au sein du "Dark Universe" imaginé par Universal (l'équivalent du MCU pour les créatures-piliers du cinéma horrifique) qui allait nous faire croire le contraire...
Seulement, entre-temps, ce Dark Universe a (logiquement et heureusement) périclité dans le trou noir de son univers, laissant le projet d'un nouveau "Invisible Man" aux mains d'un cinéaste plus que prometteur: Leigh Wannell. On le connaissait surtout comme le compère/scénariste de James Wan dans ses meilleures œuvres mais, depuis, Whannell est désormais passé à la réalisation de ses propres longs-métrages et, après un premier essai avec "Insidious 3", a même joliment marqué les esprits grâce à "Upgrade", une belle réussite d'anticipation à la mise en scène audacieuse. Accompagné de l'inévitable Jason Blum à la production (capable du meilleur et trop souvent du pire) et de la remarquable Elisabeth Moss devant la caméra, ce "Invisible Man" 2020 avait de quoi intriguer... même si sa bande-annonce donnait vraiment l'impression d'en dévoiler bêtement trop...
Déjà, on vous rassure, le trailer en racontait beaucoup mais, paradoxalement, il ne trahit pas du tout le film et ses plus belles qualités.
La première d'entre elle est bien évidemment la façon en elle-même d'utiliser L'Homme Invisible dans un contexte qui lui est inédit. Certes, il est ici encore une figure maléfique comme dans le film de Verhoeven, et ce de manière plus immédiate, mais il sert avant tout à traduire métaphoriquement l'emprise d'un mari violent sur son épouse/victime.
Lorsque l'on découvre Cécilia (Elisabeth Moss), elle est en train de dégager la main de son mari de son propre corps pour le fuir et, première surprise, la mise en scène de "Invisible Man" ne se fixe non pas physiquement sur la vision de cet homme pouvant potentiellement la poursuivre mais sur le bruit que sa victime menace à tout moment de provoquer dans sa course. Extrêmement malin, ce pied de nez introductif aux attentes forcément un brin figées concernant un énième retour de l'Homme Invisible annonce à lui seul la roublardise avec laquelle Whannell va mener sa barque et l'intelligence de la réappropriation de la "créature" pour traduire la douleur d'une héroïne restée trop longtemps sous la coupe de son bourreau.
À travers cette seule séquence, c'est en effet tout le poids de cette vie de couple chaotique, de cette domination constante exercée sur la femme, qui se ressent dans la montée d'angoisse partagée entre elle et le spectateur durant sa fuite. Cecilia tente de briser la bulle de terreur psychologique dans laquelle elle vivait en s'échappant mais elle ne la quittera jamais totalement. Même lorsque l'horizon paraîtra s'éclaircir, toutes ces années de violence passées seront vouées à rester à jamais gravées en elle. Au mieux, elle ne pourrait que réapprendre à vivre avec l'omniprésence du souvenir de ce traumatisme.
C'est justement là qu'intervient toute la nouvelle symbolique de cette variation autour de l'Homme Invisible, celui-ci devient l'incarnation physique parfaite pour exprimer le fantôme cette douleur qui l'habite. Ici, le spectre de cette emprise devient bien sûr littéral, Cecilia est persuadée que son défunt mari est de retour sous une forme invisible et ne peut même plus prétendre à la simple survie face à une présence prenant son pied à la torturer mentalement.
L'ambiance diablement pesante de "Invisible Man" nous plonge ainsi dans le même état de paranoïa que sa victime, Whannell nous amène à scruter chaque plan, chaque potentiel mouvement de son agresseur que l'on sait pourtant imperceptible. Dans un premier temps, même s'il est logique vu les enjeux, le jeu du chat et de la souris qui s'organise entre Cecilia et son Homme Invisible va quelques fois s'avérer frustrant, on aimerait que le film aille toujours plus loin dans les manifestations de l'agresseur vu la manière dont son atmosphère nous enveloppe pour ne plus nous lâcher. Mais Whannell construit savamment son jeu sur la durée et, au moment où l'on s'y attend le moins, nous gratifie toujours d'une montée en puissance folle et abrupte (à noter l'utilisation de quelques jumpscares extrêmement réussis mais ils ne sont ici qu'un outil pour parfaire l'ambiance et non la définir). À chaque fois que l'on pense voir le film faiblir, c'est pour mieux se prendre un nouveau coup d'éclat de violence de la part de son Homme Invisible. Et, ne vous faites pas de souci, le bonhomme ne va cesser de pousser le curseur de la folie de ses agissements dans des proportions de plus en plus grandes...
Peut-être même un peu trop car, arrivé à un certain stade (juste avant la toute dernière partie pour être exact), son comportement n'aura plus grand chose de rationnel vis-à-vis des objectifs qu'il poursuivait jusqu'alors mais, là encore, l'ensemble sera mené avec une telle frénésie et une jubilation manifeste à aller toujours plus loin dans l'action proposée que l'on ne pourra que fermer les yeux sur cette fin de parcours rocambolesque et simplement apprécier le spectacle qui en découle.
Au-delà de sa radicalité que l'on imagine être sujette à débat, le point le plus clivant du film sera son ultime acte. De prime abord, il arrive finalement à un moment où l'on pense que le film aurait mérité de se conclure et laisser le champ libre à un épilogue. De fait, "Invisible Man" commence ainsi à nous apparaître trop long et la manière artificielle dont paraît se raccrocher ces derniers événements au reste (le manque de ressenti du temps s'écoulant entre notamment) renforce ce sentiment. Cependant, comme un dernier sourire à nos a priori que l'on pensait certitudes, Leigh Whannell nous donnera tort de manière assez magistrale et ne nous laissera plus aucun doute possible sur le fait que cette conclusion était la seule issue possible à toute histoire, c'est dire l'impressionnante habilité dont il aura toujours su faire preuve durant la totalité du long-métrage pour déjouer nos attentes.
Comme prévu, et dans une espèce de version actuelle de son personnage de "The Handmaid's Tale" (durant la première saison), Elisabeth Moss tirera elle aussi "Invisible Man" vers le haut en devenant une de ces rares actrices capables de vous arracher des frissons alors qu'elle parle simplement à un mur. Un autre des multiples points forts de ce décidément très surprenant et réussi troisième film de Leigh Whannell. Et, pour ceux qui ne le connaissaient pas encore, le nom de ce réalisateur-scénariste ne sera définitivement plus invisible après ça.
mardi 4 février 2020
JOJO RABBIT
Article de Johannes ROGER
Avant tout oubliez la bande annonce qui vend le film comme une comédie sur fond de nazisme. Cette partie proprement dite ne concerne que les 20 premières minutes du film. Pour le reste « Jojo Rabbit » révèle un récit plus fin et nuancé que ce qu’il laisse entendre au départ. Le point de vue est celui d’un enfant de 10 ans, embrigadé idéologiquement, il est dans le mauvais camp mais ne le sait pas, pas encore en tout cas. Petit à petit, il sera rattrapé par la cruelle réalité. C’est en cela que « Jojo Rabbit » est plus honnête à mon sens que « La vie est belle » (celui de Benigni) auquel il est parfois comparé. Le point de vue y était celui d’un adulte qui mentait à son enfant, tout comme le réalisateur mentait au spectateur, le prenant lui aussi pour un enfant. Cela donnait un film confortable et rassurant sur un sujet qui ne l’est pas, et ne le sera jamais. « Jojo Rabbit » lui rétabli la dure vérité lors d’une scène de basculement au milieu de l’histoire. Cette scène est amenée subtilement et cueille le spectateur sans qu’il s’y attende, pour le faire entrer dans une seconde partie plus rude, qui fera grandir prématurément notre petit nazillon. Il n’hésite pas à bousculer les jeunes (et les moins jeunes) spectateurs venu voir un spectacle familial, et c’est tant mieux.
On passe donc de la comédie à un récit initiatique émouvant. Le tout est encadré par deux chansons, une des Beatles en ouverture, utilisée ironiquement sur des images de foules hystériques devant le Führer (de la Beatlemania à la Hitlermania...), puis une de Bowie en guise de final qui voit nos jeunes héros danser sur les ruines de la vieille Allemagne, laissant ainsi l’avenir aux « Jungend » enfin débarrassés d’Hitler.
Fable tragi-comique « Jojo Rabbit » sous ses dehors colorés, ne fait pas l’impasse sur les ravages d’une idéologie absurde et destructrice, à Hollywood actuellement, ou tout doit être lissé pour ne pas choquer, cela relève du petit miracle.
Avant tout oubliez la bande annonce qui vend le film comme une comédie sur fond de nazisme. Cette partie proprement dite ne concerne que les 20 premières minutes du film. Pour le reste « Jojo Rabbit » révèle un récit plus fin et nuancé que ce qu’il laisse entendre au départ. Le point de vue est celui d’un enfant de 10 ans, embrigadé idéologiquement, il est dans le mauvais camp mais ne le sait pas, pas encore en tout cas. Petit à petit, il sera rattrapé par la cruelle réalité. C’est en cela que « Jojo Rabbit » est plus honnête à mon sens que « La vie est belle » (celui de Benigni) auquel il est parfois comparé. Le point de vue y était celui d’un adulte qui mentait à son enfant, tout comme le réalisateur mentait au spectateur, le prenant lui aussi pour un enfant. Cela donnait un film confortable et rassurant sur un sujet qui ne l’est pas, et ne le sera jamais. « Jojo Rabbit » lui rétabli la dure vérité lors d’une scène de basculement au milieu de l’histoire. Cette scène est amenée subtilement et cueille le spectateur sans qu’il s’y attende, pour le faire entrer dans une seconde partie plus rude, qui fera grandir prématurément notre petit nazillon. Il n’hésite pas à bousculer les jeunes (et les moins jeunes) spectateurs venu voir un spectacle familial, et c’est tant mieux.
On passe donc de la comédie à un récit initiatique émouvant. Le tout est encadré par deux chansons, une des Beatles en ouverture, utilisée ironiquement sur des images de foules hystériques devant le Führer (de la Beatlemania à la Hitlermania...), puis une de Bowie en guise de final qui voit nos jeunes héros danser sur les ruines de la vieille Allemagne, laissant ainsi l’avenir aux « Jungend » enfin débarrassés d’Hitler.
Fable tragi-comique « Jojo Rabbit » sous ses dehors colorés, ne fait pas l’impasse sur les ravages d’une idéologie absurde et destructrice, à Hollywood actuellement, ou tout doit être lissé pour ne pas choquer, cela relève du petit miracle.
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