W.R
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Article de Gaëtan WILDWOOD
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Synopsis :
À 26 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte BlueBook, plus important moteur de recherche Internet au monde. À ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.
Qui dit film réalisé par un scénariste professionnel, dit histoire aboutie, sans peu ou trop de failles. Si je peux reprocher à Ex Machina quelques moments de flottement et une intrigue parfois trop simpliste, il n'en demeure pas moins un bon film de science-fiction, palpitant et angoissant comme tout bon film du genre se doit de l'être, le superflu en moins.
Du film, la fin m'a tellement scotché, que le public au cinéma, comme presque anesthésié, je m'en souviens, est resté silencieux et ne pouvait se résoudre à quitter son siège une fois le générique de fin terminé. L'effet produit sur les spectateurs prouve donc d'une chose : Alex Garland a réussi son effet. Je veux dire celui d'avoir créé un film divertissant et porteur de sens qui suscitera la réflexion sur l'intelligence artificielle et les risques qu'elle peut comporter.
J'aime aussi le parti pris du huis clos et de l'économie de personnages, deux contraintes scénaristiques auxquelles le réalisateur se soumet ici avec une aisance déconcertante sans manquer de nous tenir en haleine tout du long.
Sinon, coté bémol, seules les relations entre les personnages auraient mérité plus de travail et d'approfondissement. Je comprends mal comment Caleb peut oublier qu'Ava est un robot et s'enticher d'elle quand nous-mêmes avons du mal à ressentir de l'empathie à l'égard de son interlocutrice. Dommage, quand on sait que l'intention du réalisateur était de parler du danger de l'humanisation des robots. Il en va de même pour la relation Nathan-Caleb qui en dépit des efforts du réalisateur pour la rendre plus profonde, semble bancale. J'aurais aimé plus de conflit, donc, plus de tensions et on s'imaginent difficilement comment Caleb pourtant si frêle arrive à prendre l'ascendant sur son mentor en fin de film ( je spoile pas). Ces quelques inexactitudes dans la caractérisation des personnages créent des lourdeurs au niveau des dialogues, dialogues que le réalisateur utilise pour masquer les faiblesses et les manquements de ses personnages.
En tout cas, pour conclure, la réalisation épurée et sophistiquée est parvenue cependant à me réconcilier avec ces quelques faux pas. En créant une ambiance froide et glaciale qui s'accorde parfaitement à son histoire, le tout aidée par des acteurs qui montent ( comme la présence terrifiante d'Oscar Isaac, la belle Alicia Vikander et Domhnall Gleeson,) Garland avec Ex Machina m'a embarqué dans un univers chirurgical froid et robotique fascinant. Mission donc presque accomplie pour le réalisateur en attendant la suite.